Le mercredi 20 juin au matin, une cinquantaine de personnes de l’Assemblée des mal-logés acharnés et précaires ainsi que des habitants du 260 rue des Pyrénées ont occupé la mairie du 4e arrondissement pour obtenir le retrait de la procédure concernant l’immeuble de la rue des Pyrénées et la pérennisation de son occupation, le relogement de tous les mal-logés et la création de lieux collectifs pour s’organiser et lutter contre la misère.
Au moment de pénétrer dans la mairie, une des deux vigiles postée à l’entrée serait tombée et, dans sa chute, se serait blessée au bras. Cette blessure, si tant est qu’elle est réelle (car nous n’avons, sur ce sujet, que les affirmations invérifiables de la police), serait bien entendu accidentelle et ne pourrait être que la conséquence involontaire de l’action collective des mal-logés entrant dans la mairie. Mais les policiers, arrivés à l’appel de la mairie, se mettent à chercher les «auteurs» de ce qu’ils prétendent être une agression délibérée. Entre-temps, une maire adjointe PCF accepte de recevoir six mal-logés. Ceux-ci auraient voulu être reçus tous ensemble mais l’élue n’en démord pas: elle ne veut discuter qu’avec une délégation restreinte, et à la condition que la mairie soit au préalable évacuée par ses occupants. En échange, elle s’engage à ce que la police n’intervienne pas.
Comme la situation est tendue et que les flics, arrivés en nombre, semblent décidés à procéder à des arrestations pour cette histoire de vigile prétendument blessée, les mal-logés acceptent cette proposition. La mairie est évacuée, la foule des occupants se disperse. La délégation retourne à l’intérieur du bâtiment et y est reçue pendant près d’une heure et demi. Chacun croit l’affaire terminée. Pourtant il n’en est rien. A l’issue de l’entretien, un des membres de la délégation est isolé par les policiers alors qu’il est encore dans la mairie, interpellé puis placé en garde à vue au commissariat du 4e arrondissement. Il est accusé de «violences volontaires en réunion». Les charges concernant les «violences volontaires en réunion» sont cependant abandonnées, et pour cause puisqu’aucune «violence» n’a jamais été exercée contre la vigile. Le camarade, qui a refusé de donner ses empreintes digitales et son profil génétique, est cependant déféré au palais de justice pour «refus de signalétique». Il est libéré sous contrôle judiciaire après que la date de son procès ait été fixée au 20 août prochain.
Les logiques politiciennes et policières fonctionnent sur le même mode. La dimension collective de l’action est niée au profit d’une logique de la représentation et de l’individualisation. C’est ainsi que mercredi un d’entre nous est passé sans heurts du statut de représentant à celui de responsable. Le piège répressif est alors imparable. Même si le motif de la garde à vue n’est qu’un prétexte futile, la personne interpellée est placée devant un choix impossible : soit accepter d’être fichée par son ADN et devenir pour longtemps une cible de choix de la police et de la justice, soit refuser et passer en procès. De même que nous ne voulons pas de chefs ou de porte-parole parmi nous, nous n’acceptons pas la logique qui consiste à en isoler certains pour leur faire subir individuellement le poids de la répression. La répression qui s’abat sur un d’entre nous s’abat sur tous. Solidarité !
Des mal-logés acharnés
Contact: mallogesacharnes[at]riseup[point]net
[Publié le 27 juin 2012 sur Indymedia-Paris.]