Dijon: Manif en réaction à l’expulsion des Greffes

[Publié le lundi 2 juillet 2012 sur Brassicanigra.]

Une centaine de personnes ont manifesté ce lundi soir contre l’expulsion du squat des Greffes le matin même.

Rendez-vous était donné devant la préfecture, avec peu de migrant-e-s, occupés à retrouver un logement pour une bonne part et qui ont peu envie d’être à nouveau face aux CRS. Les banderoles [1] investissent la chaussée et bloquent la circulation. Alors que ce genre de blocage est une pratique courante devant la pref et se passe toujours sans problème, cette fois-ci les nombreux CRS présents ont tenté, sans succès, de virer les gens en poussant et mettant quelques petits coups de tonfa. Tout le monde aura remarqué le changement

Une proposition de partir en manif est lancée, pour aller gueuler devant la mairie et à tou-te-s les Dijonnais-es qu’on laissera pas mettre 300 personnes à la rue sans réagir. Pour faire diversion la préfecture propose de recevoir une délégation (pour parler de quoi ?!) et ça discute pour savoir s’il faut y aller ou pas, pour finalement partir direction la mairie avec une bonne partie des personnes présentes.

Arrivés devant l’hôtel de Vogüe, on tombe sur une scène du festival DIESE largement organisé par la mairie. On gueule “non non non aux expulsions“, “gauche droite, même arnaque, solidarité avec les sans-papiers“, on monte sur scène avec la banderole et on met la pression aux organisateurs pour avoir une prise de parole. Le chanteur se plaint qu’on “vole son concert” (le pauvre) mais finit de mauvaise grâce par lâcher le micro, pour qu’on explique au public plutôt réceptif que pendant que la mairie finance leur concert “sympa”, elle participe aussi à faire virer 300 migrant-e-s pour la plupart demandeurs d’asile et qu’elle le revendique. Après ça on part sur la mairie tout à côté, le flic municipal en poste ferme les portes à la hâte, et les CRS débarquent en fourgons pour nous empêcher de faire le tour. Ils sont plus énervés que devant la préfecture, et moins sous les objectifs des caméras, et gazent directement dans les yeux et balancent violemment une personne par terre. On se replie donc sur le concert, suivis par les flics, et c’est la fin de la manif. La personne blessée en tombant doit être prise en charge par les pompiers, avec l’épaule luxée et fracturée.

Au micro, un mec de Radio Campus Dijon, qui retransmet le concert en direct, explique aux auditeurs la situation, et interroge le groupe sur ce qu’il pense de la cause des sans-papiers. “On essaie de pas mélanger la musique et la politique“. Ben voyons, et surtout on prend les subventions sans poser de questions…
Espérons que les Dijonnais-es seront plus rancuniers, et sauront se rappeler que la gauche c’est comme la droite, les concerts gratuits en plus.


[1] “Contre toutes les expulsions” et “L’insalubrité est un prétexte” (en référence à la manipulation de la mairie qui a contribué à l’expulsion en publiant un arrêté de péril).