Chili: solidarité avec Marco Camenisch et les lieux autonomes en lutte

Pour un Février Noir, pour une année 2013 remplie d’anarchie et de rébellion

Nous envoyons un bulletin d’information (PDF en espagnol) sur Marco Camenisch, nous solidarisant avec les mobilisations et actions internationales en faveur de sa libération.

Des compagnon-ne-s solidaires ont amené ce matériel imprimé à l’activité réalisée dans le Centre Social Autonome Cueto con Andes le 02 février, en solidarité avec les espaces autonomes partout dans le monde, répondant à la campagne pour un “Février Noir”.

Les gestes et actions internationales autour de cette campagne ont été intéressants et ce n’est pas par hasard que nous avons amené ce matériel lors de cette activité. Voici les raisons et réflexions que nous voulons partager à cette occasion au sujet des centres sociaux autonomes en lutte, espaces dans lesquelles nous avons vécu des choses importantes, partageant des idées et des pratiques anti-autoritaires.

Chacune de nos expériences dans la lutte est un trésor à partager et à maintenir vivante dans le présent.

Pour nous, le fait que nous ayons pu distribuer l’imprimé sur Marco Camenisch lors de l’activité revêt une signification particulière, parce que ceux qui ont formé il y a déjà deux ans ce petit noyau anti-autoritaire d’agitation et de propagande écrite nous sommes forgés notre connaissance et empathie sur des compas prisonniers pour de longues peines à l’étranger discutant sur leurs vie et expériences dans des espaces autonomes en lutte, telles comme le Centre Social Occupé Sacco y Vanzetti ou comme le Centre Social Autonome Jonny Cariqueo.

Des moments vécus dans ces lieux nous gardons de beaux souvenirs et des expériences qui à certains moments ont été déterminantes dans notre chemin d’anti-autoritaires en lutte. Malheureusement, le premier de ces lieux a été perquisitionné et fermé le 14 août 2010 dans le contexte de la descente répressive coordonnée par le ministère de l’intérieur et l’ex procureur Peña ( qui aujourd’hui se pavane impunément dans des programmes télé). Descente répressive où le squat La Krota fut lui aussi attaqué et d’autres squats et habitations de particuliers. L’un des membres du collectif qui gérait le squat Sacco y Vanzetti fut arrêté, pendant que la compagnonne Gabriela Curilem préféra rentrer en clandestinité. Tous les deux sont aujourd’hui libres et avec nous après avoir passé des jours difficiles d’enfermement et d’isolement. Pour sa part le Centre Social Autonome Jonny Cariqueo ferma ses portes dans les mois suivants l’opération répressive du 14 août 2010 pour des raisons qu’ils expliquent dans un communiqué.

Dans des lieux comme celui-ci nous avons pu partager des discussions et expériences avec des compagnon-ne-s courageux/ses avec qui nous avons forgé une attitude guerrière devant la vie et devant un ennemi à qui nous déclarons la guerre sans relâche et sans concessions : l’État et toute autorité. Ainsi dans ces lieux nous assumons dans la pratique de nos vies des concepts comme l’affinité, la tension permanente et la solidarité active, et par le biais de leurs bibliothèques nous avons pu avoir accès à des expériences de vie de compagnons qui comme le frère Marco Camenisch, ont accompli ou accomplissent de grandes condamnations à l’étranger pour le fait de ne pas renier la lutte : Gabriel Pombo Da Silva, José Tarrío, Jean-Marc Rouillan, Claudio Lavazza, etc.

Ce sont ces apprentissages, valeurs anti-autoritaires et prises de position dans la vie autour d’une lutte individuelle et collective que dès le début nous nous sommes proposé de propager malgré la fermeture de ces lieux et de la fragmentation de notre entourage de lutte en conséquence de la fermeture fortuite ou volontaire d’espaces autonomes en plein dans un contexte répressif. À un moment donné dans ces jours agités après le 14 août 2010 qui marqua notre chemin de lutte, nous étions nostalgiques de ces espaces et voulions les avoir de nouveau, avec leurs débats et leurs après-midi de cinéma, avec leurs activités solidaires avec les prisonnièr-e-s et toujours l’option de nourriture végétalienne. Mais ce qui a aggravé notre peine et frustration a été de voir comment certain-e-s compagnon-ne-s de valeurs et idées que nous rencontrions dans ces espaces ( et nous ne parlons pas nécessairement de leurs résidents) ont pour beaucoup arrêté de défendre publiquement et dans leurs vies certains positionnements radicaux avec lesquelles nous avons crée ensemble le désir fervent de détruire l’autorité et ses outils de contrôle social dans toutes les facettes de notre vie, dans et hors de nous. Ça a été un fait indéniable et nous avons déjà fait référence à ça dans d’autre moments, maintenant nous ajoutons seulement que d’une façon ou d’une autre à chacun de nous il revient d’assumer dans le présent les conséquences de nos actes et positions ( et ce que celles-ci peuvent représenter pour d’autres compagnon-ne-s) en ce qui concerne la défense de ces espaces accusés par l’ennemi d’être des centres de pouvoir d’une association terroriste imaginaire. Et que ces positions soient fermes, faibles ou ambigües, à chacun-e, tôt ou tard, il nous faudra rendre des comptes avec nous-même, avec les valeurs et pratiques que nous avons propagé et/ou avec ceux avec qui nous avons partagé une lutte collective.

Et même si aujourd’hui nous croyons que bien que chaque expérience individuelle et collective peut être remplie d’erreurs tactiques et stratégiques qui méritent la remise en question, il y a une attitude de vie, un esprit de fraternité avec les compagnon-ne-s et une posture de lutte intransigeante contre le Pouvoir qui ne doit pas se perdre, se cacher ou être passée sous silence lorsque l’ennemi frappe avec sa répression. Pour ça aussi nous sommes très autocritiques.

Défendons les espaces autonomes en lutte propageant l’insurrection partout.

Ainsi nous sentons aujourd’hui le besoin de continuer à soutenir les espaces autonomes en lutte en se solidarisant avec leurs expériences et en propageant les idées et pratiques qui nous réunissent dans la lutte anti-autoritaire. Nous voyons avec joie comment dans d’autre régions du Chili et du monde ces espaces prolifèrent et se constituent en lieux de rencontre et réflexion collective par rapport à la lutte contre l’autorité, chacun-e avec sa réalité locale insérée dans un contexte global de combat quotidien et minoritaire. C’est ainsi que depuis une position de solidarité active, nous croyons nécessaire de mettre dans le débat de vieilles et nouvelles questions et défis pour que les expériences dans ce type d’espaces et tout type d’instance valeureuse dans la guerre contre le pouvoir ne se perdent pas ni ne s’arrêtent lorsque la répression frappe, car elle sera toujours une menace pour les individus, espaces et instances qui de diverses formes développent des expériences de lutte et de liberté en opposition avec la forme de vie que les puissants imposent.

Cela devient donc important de débattre localement et globalement, en favorisant les liens fraternels internationalistes qui avec la campagne pour un Février Noir se sont exprimés sous diverses formes d’action et de propagande. C’est comme ça qu’au sujet des espaces autonomes surgissent et ont surgis des questions importantes comme qu’entendons-nous par un espace autonome ? Qu’est-ce qu’un espace autonome en lutte ? Quel apport peut amener un espace autonome dans le contexte plus large de la lutte anti-autoritaire ? Quels mécanismes pouvons-nous développer pour anticiper les frappes répressives et contribuer à la construction d’environnements de lutte qui se maintiennent actifs après les attaques de l’ennemi ? Comment traiter le thème de l’infiltration policière, journalistique et des agents infiltrés ou instigateurs dans nos instances de lutte ? Comment agir dans le cas de perquisition et d’interrogatoires ? Comment développer des relations positives avec les voisins de nos espaces ? (est-ce que ça nous intéresse ?) Qu’est-ce que ça vaut de garder les expériences d’autres espaces et instances de lutte passés et présents ? Etc, etc …

Des expériences passées et actuelles desquelles tirer des éléments qui nous servent pour le présent de notre lutte il y en a des tas et il n’y a qu’à sortir les chercher, les lire, les partager, en débattre et réfléchir dessus ensemble. Travail dans lequel les espaces autonomes en lutte ont beaucoup à apporter avec leurs bibliothèques, centres de documentation, conversations collectives et, surtout, avec leur propres capacité à impulser des initiatives qui contribuent à la rencontre et la réflexion permanente entre compagnon-ne-s de lutte.

Mais c’est aussi important que ceux qui partagent ces espaces sans y vivre ni faire parti des collectifs qui les gèrent soient capables de développer une position active soutenant les activités ou les générant nous-même dans et dehors ces espaces, brisant le silence et participant avec nos réflexions et expériences à des débats, amenant la propagande dans ces espaces pour que tout le monde la voit, ouvrant d’autres espaces ou instances ouvertes de propagande et de discussion, soutenant par la propagande imprimée ou par l’action violente, enfin, beaucoup d’idées peuvent nous venir en admettant que nous faisons parti d’une même lutte pour la liberté totale dans laquelle chacun-e peut contribuer comme acteur de sa vie et de sa praxis de lutte individuelle et collective.

Nous envoyons notre amitié rebelle aux compagnon-ne-s qui ont organisé l’activité du 02 février dans le Centre Social Autonome Cueto con Andes.

Nous envoyons toute notre énergie insurgée aux compagnon-ne-s qui sont poursuivi-e-s et enfermé-e-s pour lutter contre le pouvoir.

D’une énergie particulière nous embrassons, estimons, et répandons la dignité rebelle de Noelia Cotelo, prisonnière en lutte torturée il y a des mois par les matons de l’État espagnol; du compagnon italien Maurizio Alfieri et du prisonnier grec Spyros Dravilas qui font une grève de la faim pour leur remise en liberté; des 4 compagnons arrêtés en début février en Grèce pour un double braquage afin de soutenir financièrement des groupes anarchistes organisés pour pratiquer la violence révolutionnaire contre les puissants; nous reconnaissons aussi la dignité et l’énergie rebelle dans le poing levé d’Emilio Berkhoff, prisonnier politique au sud du Chili pour soutenir les secteurs radicalisés du mouvement mapuche.

Salutations chaleureuses et insurgées à tous ceux qui résistent, luttent et passent à l’offensive contre le pouvoir et ses valeurs, que ce soit depuis les espaces autonomes, depuis la propagande écrite, dans l’ombre des attaques matérielles violentes ou vers là où nos initiatives et motivations nous amènent à contribuer à la lutte permanente pour notre liberté.

Anarchie et rébellion pour toujours, jusqu’à ce que le pouvoir et toute autorité soient tombés.

Sin Banderas Ni Fronteras, noyau anti-autoritaire d’agitation et de propagande écrite.

sinbanderas [point] nifronteras [at] yahoo [point] com

Chili, Février Noir 2013.

Publié sur Contra Info