Verdict pour le squat Victor Hugo… mais pas pour nous!
Hier après-midi, la justice a rendu sa décision en faveur de l’expulsion du squat 51 Victor Hugo à Calais qui abrite à l’heure actuelle une trentaine de femmes et leurs enfants.
Le processus d’obtention de la décision de la cour était extrêmement confus et a augmenté le sentiment d’insécurité, la peur et la colère des habitants de la maison. Encore à ce moment, nous n’avons pas vu le jugement final (il n’a pas été donné à notre avocat), nous l’avons appris par la presse!
À partir de 08h30 les gens se sont rassemblés devant le palais de justice pour exprimer leur soutien. Nous avons été très encouragés de voir tous les Calaisiens qui sont venus en solidarité!
Ils ont partagé notre colère et notre frustration contre l’oppression continue des migrants à Calais, les carences du «gouvernement» local à respecter la dignité des personnes. En ce moment, nous continuons à attendre plus d’informations et nous vous communiquerons davantage une fois que nous aurons le jugement.
(Article publié le 28 novembre 2013 par Calais Migrant Solidarity https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2013/11/28/decision-de-victor-hugo-donne-mais-pas-pour-nous/ )
L’expulsion est pour bientôt…
L’huissier est venu cet après-midi au squat du boulevard Victor Hugo donner les papiers du jugement, ce qui n’est pas encore l’ordre d’expulsion, mais c’est bien sûr l’étape suivante.
Quand l’huissier nous donnera l’ordre d’expulsion, il peut venir avec la police, et il est dit dans le jugement qu’ils peuvent «donner un coup de main» pour expulser si l’huissier pense que c’est nécessaire et que le préfet donne son accord. Normalement, d’après ce document, nous sommes légalement censés avoir deux mois devant nous (c’est ce que l’avocat pense), mais il y a aussi beaucoup trop d’avis contradictoires, pour être vraiment rassurés.
Nous sommes donc être prêt à tout. Il y a encore environ 30 femmes qui vivent dans cette maison et un enfant, qui n’ont nulle part ailleurs où aller. Du soutien est plus que bienvenu!
(Article publié le 28 novembre 2013 par Calais Migrant Solidarity https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/2013/11/28/expulsion-est-pour-bientot/ )
Syriens bloqués à Calais, vidéo, Novembre 2013 (publiée sur Stori Migranti):
Appel des femmes du squat Victor Hugo (25 novembre 2013)
Depuis le mois de juin, un lieu d’accueil pour les personnes vulnérables existe à Calais dans une maison vide. Il est actuellement habité par des femmes et des enfants exilés, venus d’Afrique de l’est. Le jugement d’expulsion vient d’être rendu.
Ci-dessous un appel des femmes habitant le lieu, qui exprime mieux que nous ne saurions le faire la situation:
« Nous n’avons pas d’endroit où vivre, nous asseoir, ou se reposer. Nous n’avons rien donc nous voulons rester ici. Nous voulons avoir une chance de rester dans cette maison.
Nous avons quitté notre pays à la recherche d’une vie meilleure et maintenant nous avons encore peur. Jusqu’à quand allons-nous encore avoir peur ? Nous ne sommes pas libre ici, c’est le jeu du chat et de la souris et nous devons toujours fuir, fuir, fuir. Nous sommes venues en Europe pour trouver la liberté mais où est-elle ?
Nous sommes toutes arrivées par la mer, d’abord au Soudan, en Libye, puis en Italie, nous nous échappons depuis le début de notre voyage. Nous n’avons pas quitter notre pays, l’Érythrée, pour des raison économiques, nous avions de la nourriture et un abris là-bas, quelques-unes d’entre nous allaient même à l’université. En Érythrée, les femmes et les hommes doivent faire leur service militaire pendant au moins deux ans qui peuvent devenir des années. Nous n’avons pas d’autre choix que d’y aller et tout le monde s’enfuit parce-qu’ils en ont peur.
Maintenant nous sommes parties, nous avons eu une chance de quitter notre pays et nous en pourrons jamais revenir. Si nous le faisions, nous serions en grand danger, nous risquons la prison pour très longtemps, ou nous pouvons même être tuées. Quand nous nous sommes enfuies de notre pays nous cherchions la liberté. Personne ne s’enfuit de son pays et prend autant de risque pour des raisons économiques. Notre voyage était vraiment dangereux, il y a beaucoup de racisme, par exemple en Libye beaucoup de personnes africaines ont été tuées. Et maintenant en Europe c’est le jeu du chat et de la souris, chaque fois qu’on voit un policier on fuit. Où est la démocratie ? Qu’est-ce qu’on a fait de mal ? Est-ce que c’est parce-que nous sommes illégales ou que nous sommes noires que les gens nous traitent comme ça ?
Nous avons besoin de liberté. L’une d’entre nous pense à rester en France mais après ce que nous avons vécu ici, on ne voie pas la liberté et on ne veut pas subir encore une fois le racisme. Nous sommes venus pour la liberté, pas pour ça. Plus que tout c’est la liberté qui nous importe, plus que la nourriture ou l’abri. Une de mes amies a été frappée par la police et jetée dans des ordures, une autre a été conduit en plein milieu de la nuit loin de Calais et elle a du revenir à pied. Pourquoi ? Pour quelles raisons ? Maintenant, nous n’avons nulle part autre où aller que cette maison, si elle est fermée nous serons à la rue. Nous ne voulons pas bouger d’ici. Nous aimerions avoir la chance d’y rester. »
( Article publié le 25 novembre 2013 par La Marmite aux Idées sur Vibrations Migratoires https://vibrations0migratoires.wordpress.com/2013/11/25/appel-des-femmes-du-squat-victor-hugo/ )