Après neuf mois d’occupation d’un logement laissé à l’abandon propriété d’Habitat Sud Atlantic, une nouvelle page va se tourner dans la dynamique portée par le squat de Plantoun.
Lorsque le juge d’exécution du tribunal de Bayonne rendait en novembre dernier un avis favorable à notre expulsion, nous avancions la proposition suivante : nous étions prêts à partir si la maison en question servait à l’avenir à reloger des familles en difficulté, de manière temporaire, par le biais d’une convention légale. Cette proposition était accompagnée d’un travail en amont sur les possibilités pratiques d’une telle transition, avec notamment la présentation d’une famille en recherche urgente de logement suivie par le CHRS Atherbea.
Fin novembre, nous apprenions qu’un projet d’accord entre l’Office public de l’Habitat et le PACT Pays Basque était en cours. Mi-janvier, nous nous en procurions une copie. Il s’agissait de mettre la maison à disposition du PACT par une convention d’occupation, afin que cet organisme puisse procéder au choix de la famille à reloger (répondant aux critères prioritaires du Plan départemental d’action pour le logement des personnes défavorisées), par le biais d’une sous-location.
Ce projet a été pour nous un premier pas important, dans une phase de résolution. Nous décidions donc rapidement, après consultation auprès des structures qui travaillent à nos côtés et sans que ce projet ne soit encore signé, de faciliter sa concrétisation par un geste fort : quitter les lieux le plus rapidement possible. Un contact téléphonique avec le PACT nous confirmait que cet organisme était preneur de la maison occupée pour l’insérer dans son parc de logements d’urgence.
Les choses se sont accélérées en ce début de semaine. Diverses sources de la mairie de Bayonne et d’HSA nous ont indiqué que la signature de la convention était imminente, et qu’elle aurait finalement lieu ce jeudi 6 février. Considérant que toutes les parties sont finalement arrivées à un aboutissement constructif, nous allons, cet après-midi à 14h30, laisser le n°26 du hameau du Plantoun libre de tout occupant et rendre les clés à HSA après le passage d’un huissier. Nous laissons cette maison comme nous l’avons trouvée, propre et immédiatement habitable.
La détermination, le demande incessante de dialogue et les nombreux soutiens dont nous avons bénéficié ont porté leurs fruits. C’est un précédent important qui peut et doit, à l’avenir, servir de levier pour résoudre, du moins en partie, le problème du mal-logement au Pays Basque. Tout propriétaire possédant un ou plusieurs biens inoccupés pourra désormais se tourner vers les organismes sociaux et établir des conventions d’usage, d’occupation et des baux précaires pour loger temporairement des personnes dans le besoin. C’est tout l’enjeu de cette bataille, et avec de la bonne volonté et une conception moins absolutiste de la propriété, le mal-logement peut être réduit de façon significative. Pour cela, tous les acteurs politiques et sociaux ont leur rôle à jouer, au vu du nombre important de logements vides et inutilisés. La demande est forte, les besoins criants.
Nous sortons, mais ne partons pas très loin. Différents rendez-vous seront pris les semaines qui viennent avec les porteurs du projet ainsi que les candidats aux élections municipales de Bayonne, pour évoquer les modalités de finalisation de cet accord, et nous allons de notre côté réfléchir à de futures réquisitions, sur le même modèle de revendication que le squat de Plantoun. Nous tenons aussi à faire savoir que si, passé un délai raisonnable, cette première convention reste dans les cartons, nous prendrons des mesures pour que les signataires tiennent leurs engagements.
Ces neuf mois d’occupation ont été pour nous intenses et enrichissants. De nombreux débats, initiatives et pistes de solution ont jalonné cette expérience. Nous franchissons donc cette nouvelle porte, avec le sentiment bien ancré que la lutte paie. Nous tenons à remercier les habitants du quartier, les associations et personnes de tous bords qui se sont battues à nos côtés pour arriver à ce dénouement. Nous quittons le n°26 renforcés, conscients que c’est ensemble, par des initiatives citoyennes, que l’on fait bouger les lignes. Cette première réussite est une réussite collective, elle sera vraiment satisfaisante le jour où cette maison sera à nouveau habitée.
Pour finir, nous voulons réitérer notre solidarité auprès des habitants du hameau du Plantoun qui continuent de se démener afin d’être relogés dignement.
Les occupant-e-s du Plantoun, le 7 février 2014