La campagne municipale est lancée, martine aubry vient présenter son projet pour Wazemmes ce jeudi, comme elle l’a fait ou le fera pour chacun des quartiers de sa ville. A quoi pourrait-on s’attendre qu’on ne sait pas déjà ? Vivre ici nous en dit certainement plus long qu’une heure de communication politique.Lille se réinvente, nous dit-on. Ah bon ? Nous, nous voyons encore et toujours la même chose : une ville qui s’adapte aux volontés des dirigeants, aux avidités des investisseurs et au diktat de la consommation. Ici comme dans les autres quartiers populaires de Lille, la population la plus pauvre est progressivement évincée et virée de plus en plus loin en périphérie pour que s’installe une classe moyenne plus convoitée. On appelle ça la gentrification.
La mairie appelle ça la mixité sociale. Augmentation de loyers, abandon puis destruction de logements anciens, construction de résidences sécurisées avec grillage et digicodes, voilà quelques-unes des recettes pour modifier la population du quartier en modifiant l’urbanisme. Réhabiliter l’existant n’est que rarement l’option choisie : il faut densifier et innover, ce qui n’est rien d’autre qu’éliminer les derniers terrains vacants et standardiser les lieux et les modes de vie. Il n’y a qu’à observer la rue Lafargue pour constater les différentes phases de la gentrification qui grignote les quartiers populaires que sont Lille-sud, Moulins, Fives, Wazemmes : des maisons laissées à l’abandon depuis plus d’une décennie, des habitants expropriés, des squatteurs expulsés, des terrains verts supprimés, et finalement des immeubles sécurisés.
Nous n’attendons rien de ces élections comme nous n’attendons rien de la municipalité : la politique d’urbanisme, qu’elle soit signée par le PS ou par un autre parti, n’est toujours qu’une vaste opération de marketing cherchant à rendre une ville attractive auprès des investisseurs. Nous nous opposons à la logique mortifère qui cherche par tous les moyens à pacifier une ville, c’est-à-dire ces habitants, pour assurer la mécanique capitaliste : travaille, obéis, consomme.
Nous occupons des maisons vides dans ces quartiers en mutation car nous ne voulons pas attendre le bon vouloir de décideurs du social pour nous loger, pour partager des espaces, pour vivre ensemble. Parce que nous refusons les rues lisses, les façades grises et les mornes vies qu’elles supposent. Parce que nous nous opposons à ce que des technocrates confortablement installés dans des tours de verre organisent nos quartiers. 8000 logements sont vacants à Lille.
Et on prétextera la nécessité de construire des logements sociaux pour transformer la ville ! Expulser et exproprier sous couvert de rénovation urbaine, c’est surtout ouvrir un vaste chantier pour les entreprises du bâtiment, et bientôt une immense aire pour l’offensive culturelle, marchande et policière – une trilogie particulièrement usitée à Lille. La mairie a demandé l’expulsion de la bibliothèque squattée l’Insoumise.
Comme elle fait expulser et cherche à faire expulser des dizaines de maisons à Lille, notamment rue Lafargue. Ce n’est là qu’un stigmate de la politique de gentrification. Par conséquent, conscients de la fausse opposition entre gauche et droite, nous demandons l’expulsion de Martine Aubry pour ne réélire personne à la mairie.
Communiqué publié sur le blog de L’Insoumise.
L’Insoumise, 10 rue d’Arras, Lille