Testet (81): Expulsion de la ZAD des Bouilles, photos reportage

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Jeudi 27 février, la préfecture a expulsé les opposants au barrage de Sivens, dans le Tarn, de la parcelle du Conseil Général qu’ils occupaient depuis un mois. Ce barrage financé sur fonds publics devrait permettre à quelques gros agriculteurs de pouvoir irriguer davantage et inonderait une partie de la zone humide du Testet. Peu avant 8h30, les gendarmes mobiles investissent le terrain et encerclent le campement où une dizaine de personnes dormaient sur place. « Vous avez un quart d’heure pour récupérer vos affaires personnelles » lance le gradé. L’huissier signifie l’expulsion.

Les occupants étaient préparés, une partie du matériel est emmené de l’autre côté de la route, sur un terrain qui appartient à L’ONF, non touché par la procédure d’expulsion. Les matelas et le poêle sont enlevés de la cabane, le tipi est démonté. Dans le chapiteau on ramène la nourriture, la vaisselle et les plaques de cuisson. Le panneau solaire est démonté, les batteries déplacées.

Le gros du matériel est maintenant en sécurité. La police ordonne aux occupants de reculer avant que la caravane ne soit déplacée et le chapiteau démonté. La pelleteuse s’approche et menace déjà la cabane. La réserve de bois de chauffage est détruite. Le système d’alerte par texto a été efficace : une soixantaine de personnes arrivent petit à petit sur les lieux pour prêter main-forte aux militants en passant par la forêt, car les routes ont été bloquées.

Il suffira à l’engin de quelques secondes pour mettre à terre la cabane qui servait de dortoir. L’émotion parmi les occupants est palpable. Cela fait vraiment mal au cœur d’assister à ce spectacle de destruction. La guérite qui servait de poste d’observation pendant les tours de garde nocturnes est elle aussi détruite.

Les opposants sont maintenus à distance, sur la route. Les employés de la DDT (direction départementale du territoire) sortent ce qui reste dans le chapiteau et commencent à le démonter. Il ne sera pas détruit, mais emmené en consigne au dépôt du Conseil général, bien que les gendarmes aient assuré qu’il pouvait être récupéré directement.

La situation se tend lorsque l’un des zadistes profite d’une brèche dans le cordon de gendarmes pour grimper sur les restes de la cabane. Il est maîtrisé par les gendarmes mobiles et aussitôt une vingtaine de personnes courent pour le soutenir. Quelques-uns réussissent à monter sur la pelleteuse et interrompent le chantier.

La tension monte, il y a une petite bousculade. Les policiers s’énervent, sortent boucliers et matraques. Les militants sont délogés. L’un d’eux s’était placé sur un vérin hydraulique de la grue. Dans cette situation dangereuse, le conducteur a quand même manœuvré pour abaisser sont godet. Deux personnes sont immobilisées par les gendarmes.

Pendant ce temps, le premier qui avait couru sur le tas de gravats est interpellé. Ligoté et traîné dans la boue, il est emmené plus loin. La foule suit le mouvement, mais l’utilisation de gaz lacrymogène la repousse. Le zadiste interpellé est placé en garde à vue, les deux personnes immobilisées sont libérées.

Le terrain qui était préservé est maintenant complètement ravagé. La pelleteuse laisse derrière elle des ornières énormes et un décor de désolation. Là où le sol de cette zone humide était spongieux, où des chemins de pailles avaient été installés par les occupants pour ne pas dégrader l’herbe, il ne reste qu’un champ de boue dévasté où des restes de planches jonchent le sol. Triste vision.

De l’autre côté de la route, sur la parcelle appartenant à l’ONF, les militants ont reconstruit un campement. Il y avait déjà deux « flex-yourtes » qui sont maintenant bâchées. Sous un arbre qui avait été brûlé par des militants pro-barrage quelques semaines plus tôt, une autre bâche est installée, on place sur le sol des palettes et de la paille.

Vers 16h30, quand le dispositif est levé, que les routes sont de nouveau accessibles, des camionnettes amènent de la nourriture, de la paille, des palettes, des ballots de couvertures et des arceaux de serres. En une après-midi, un nouveau lieu de vie est occupé, juste en face du campement détruit. Il faut maintenant du monde pour le protéger.

Pour en savoir plus :
http://www.reporterre.net/spip.php?article5409
https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/
http://www.collectif-testet.org/

[Article publié avec les photos le 28 février 2014 sur LUTOPIK]

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