C’est l’un des quatre squats dont l’ouverture a été rendue publique vendredi dernier par le collectif Salut ô toit, il a été évacué une première fois sans base légale par la police vendredi dernier. Les habitants sont revenus dimanche après-midi à leur domicile. La police les a à nouveau expulsés ce lundi, toujours sans aucune base légale. La maison a cette fois été murée. Dans la foulée, les autres maisons vides du quartier sont en train d’être murées.
Voici le témoignage d’une personne présente lundi au moment de l’expulsion :
« Ce matin vers 8h30 , impasse Leclercq, j’ai vu 2 agents de la PAF indiquer à un camionneur où déverser une pile de parpaings.
Sur le trottoir, devant la grille de l’entrée des garages.
Peu après, des ouvriers de spi Batignole et le patron arrivent pour entamer le murage de la maison. Le chantier avait été commandé vendredi par la mairie, et personne ne leur avait signalé que les habitants avaient réintégré leur maison. Lelièvre et Grenat [deux adjoints au maire de Calais] étaient pourtant présents hier soir pour constater que les habitants étaient revenus. Ils n’ont donc pas commencé le chantier, attendu quelqu’un de la mairie qui n’est jamais venu. ils ont rentré les parpaings au fond de la cour et ils sont partis. J’ai appris de leur bouche que c’est eux qui murent tous les squats et que pour la rue Caillette, le sous préfet n’a toujours pas payé! et aussi qu’ils ont un chantier en commande pour murer toutes les maisons vides de l’impasse que la mairie a racheté pour détruire et restructurer le quartier. Murer avant de casser, ils trouvent ça idiot, mais c’est du boulot… Ils étaient sympa.
14h10, la police nationale arrive impasse Leclercq. Elle nous ordonne , à nous qui étions à 3 devant la maison de s’éloigner parce qu’une intervention va avoir lieu. On est éloignés violemment hors de vue de la maison par les CRS dont une partie envahit l’impasse en courant et d’autres se positionnent en ligne dans la rue. Un CRS m’empêche de donner sa caméra à un voisin. Une compagnie complète de CRS arnachés en robocop déloge sauvagement les habitants, on voit que certains se sont réfugiés sur les toits des garages et qu’ils sont poursuivis. On nous repousse encore plus fort, encore plus loin pour qu’on ne puisse pas voir leurs agissements de dangereux brutaux. Menaces de gazage. 6 ou 7 de la BAC font des allées et venues l’air menaçant. C’est eux qui emmènent nos 5 amis de la maison dans leurs voitures banalisées. Les CRS sont restés pour empêcher les soutiens de s’approcher du chantier qui a commencé tout de suite. J’y suis repassée plusieurs fois dans l’après midi. Le nombre de car de CRS a diminué peu à peu.
Jusque 17h, 2 cars bloquaient encore la route. Je me suis garée pour aller prendre des photos. Un CRS a commencé à sortir du véhicule pour m’empêcher d’avancer dans l’impasse, mais 4-5 voisins attroupés plus loin m’ont accueille comme une vieille connaissance, m’inventant même un prénom, et l’uniforme, qui devait pas être trop belliqueux, m’a laissée passer.
Impasse Leclercq, c’est pas Coulogne. Plusieurs personnes ont exprimé leur solidarité et leur dégout de cette expulsion violente. Et ceux qui n’ont pas leur maison touchée par le plan d’urbanisme n’ont pas envie d’être entourés de maisons murées. il n’y a aucune date de démolition pour l’instant.
Vers 19h les 5 ont été libérés, sans charge ni future convocation. J’espère que les flics ne les ont pas malmenés, j’ai pas d’info là dessus. »
[Publié le 5 mars 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]