Metz: Sauvons le CeSAMe, lieu autogéré

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Les lieux autogérés, des sources d’expériences alternatives? En soutien au Centre Social Autogéré de Metz, le CESAME.

Avec la participation de membres du collectif du CESAME

On nous dit que c’est la crise et pourtant les logements vacants n’ont jamais étés aussi nombreux ! En 2011, selon le recensement de l’INSEE de 2011, on en dénombrait plus de 90.000 dans l’Hexagone. Il faut savoir qu’un logement est considéré vacant lorsqu’il reste inoccupé depuis au moins 1 ans (Depuis janvier 2013). Selon les données du recensement 2010, Metz compte 64 347 logements dont 10,4% étaient vacants.

Qui peut donc se permettre d’oublier ces biens immobiliers plus de deux ans, des parcs dont la location engendrerait des revenus mensuels que vous ne pourriez jamais espérer ? En cause : des particuliers, des entreprises mais pas seulement …

Au 22 en Jurue, la maison appartient à la mairie et est inoccupée depuis plus de deux ans. Laissée à l’abandon, sans raison apparente, elle vit une nouvelle vie depuis octobre, date d’ouverture du CESAME.

CESAME, ouvre-toi !

Le CESAME c’est le CEntre Social Autogéré de MEtz, un lieu autogéré, une réoccupation, autrement dit « un squat » même si le collectif n’aime pas trop utiliser ce terme qui véhicule souvent des images assez négatives.

Le lieu a été choisi un peu au hasard, un lieu vide, sans propriétaire réel, une possession publique, de la mairie, un bien dont tous devraient pouvoir jouir. Après s’être arrêté sur ce bâtiment, le groupe de personne à l’initiative du projet s’est attelé a le rendre de nouveau vivable : deux mois de peinture et bricolages divers auront été nécessaires.

On est donc bien loin de l’image fantasmatique du taudis sombre et crasseux, rempli de junkies. C’est d’ailleurs une des premières règles : au CESAME, pas d’alcool, pas de drogues.

C’est un lieu public, ouvert à toute personne partageant les idées qui sont à l’origine du lieu : l’égalité, la gratuité, le partage et le lien social. Le but : créer un dynamisme de quartier en proposant un endroit d’échange culturel, de solidarité et de réflexion. L’occupation s’inscrit aussi dans une démarche de revendication sur le droit au logement et le droit de jouir de l’espace public.

Pour cela, le CESAME propose de nombreuses activités/ateliers : des lectures-réflexions d’ouvrages critiques, des ateliers « do it yourself » pour apprendre à en faire plus de ses propres mains, un kiosque avec des fanzines et autres documents critiques, du tricot, un magasin gratuit, de la cuisine avec le collectif « Food Not Bombs », des réunions non-mixtes pour travailler, réfléchir, sur la place de la femme dans la société… Toutes les propositions sont les bienvenues !

Le CESAME est aussi un lieu d’accueil et de repos pour toutes personnes de passage ou ayant des difficultés de logement.

Comment ça fonctionne ?

Lieu de réflexion et de remise en question de beaucoup de modèles véhiculés par la société actuelle, le CESAME s’interroge aussi sur son fonctionnement. Le collectif s’est créé de façon affinitaire et l’autogestion s’est imposée en tant que remise en question de la notion de hiérarchie.

Le fonctionnement est donc horizontal, pas de chef, pas de hiérarchie, les tâches sont partagées et chacun peut être amené faire n’importe quel tâche à un moment donné. Dans les réunions, tout le monde exprimer son point de vue et les décisions sont prises au consensus.

Cela paraît dur à envisager mais de nombreux autres lieux fonctionnent comme ça depuis très longtemps. C’est le cas par exemple du Centre Autonome Jeune de Molodoï, à Strasbourg, un gigantesque complexe en autogestion : de grandes assemblées sont organisées convoquant énormément de personnes. Le consensus est long et laborieux à obtenir, mais possible.

La question de l’autogestion est compliquée, il est parfois difficile d’impliquer tout le monde, en particulier sur des « détails » de la vie quotidienne comme le partage des tâches ménagères.

Le statut du collectif

Le statut n’est pas une question facile à trancher. La forme du collectif a ses avantages et ses inconvénients. Il est parfois difficile de dialoguer avec les institutions qui ne reconnaissent pas du tout la légitimité d’une telle organisation.

Alors pourquoi ne pas adopter une forme plus légitimée par les institutions ? Pourquoi ne pas mettre toutes les chances de son coté pour parvenir à un dialogue avec les institutions qui pourrait résoudre la situation ?

La forme que devait prendre le collectif a souvent été débattue et il a été envisagé de se former en association collégiale. L’association collégiale est une association de loi 1901 sans bureau. Il n’y a donc pas de président, de secrétaire de trésorier, etc. En bref, pas de relations hiérarchiques entre les membres. Malgré tout, n’évacue pas la question de la responsabilité juridique et c’est une des raisons qui a contribué au rejet de cette idée : les activités du collectif sont pour certaines considérée comme illégale (l’occupation du bâtiment), il est donc assez dangereux d’entrer dans un moule légal.

Illégal mais légitime

Face à un système qui ne reconnaît la légitimité de vouloir utiliser un bâtiment vide et préfère le laisser à l’abandon en attendant de savoir quoi en faire, le collectif ne veut pas s’inscrire dans un moule légal aussi par désaccord avec celui-ci. La plupart des membres du collectif ont une expérience militante depuis longtemps et le rejet du statut juridique correspond aussi à un acte politique.

« Nous n’avons rien à demander, nous nous sentons légitimes à occuper ce bâtiment depuis le début et encore maintenant ».

De plus, outre les tentatives de contact infructueuses avec la mairie, d’autres exemples de tentatives de légalisation d’initiatives de ce type n’incitent pas forcément à penser que la mairie est prête à écouter les revendications du collectif : l’exemple du Voodoo Clan, collectif d’artistes messins qui réclamait un lieu de création pour les artistes et qui se sont vus rejeter leur projet et ont du partir dans une autre région pour parvenir à le concrétiser. L’exemple de la zone de gratuité qui n’a jamais pu rentrer dans un moule juridique.

Lors du café-repaire, la question de l’absence de cadre juridique est certainement celle qui soulève le plus de questionnements… : « ça semble brouillon : pas de statuts biens définis, pas de lignes de conduites … On aurait bien envie de vous soutenir mais on ne sait pas bien comment ! »

Mais attention à ne pas confondre légalité et légitimité !

Et maintenant ?

Le CESAME n’est pas le premier squat de l’histoire de Metz. Avant lui, le Black Mesa, le batiscaff se sont affrontés à la mairie et se sont vus expulsés.

Après de nombreuses tentatives de prise de contact avec la mairie qui n’ont jamais abouti (à part à la coupure de l’électricité …), le CESAME est aujourd’hui sous le coup d’une ordonnance d’expulsion. Cela signifie que les occupants peuvent en être expulsé sans préavis, à n’importe quel moment de la journée, entre 6 heures et 21 heures.

L’électricité a été coupée pendant une partie de l’hiver rendant très difficile le maintien des activités et impossible les activités pour les enfants.

Un dossier de défense est en cours d’instruction. Le bâtiment étant inoccupé depuis plus de deux ans, il est donc classé en tant que bâtiment vacant et susceptible d’être réquisitionné selon la loi de réquisition de 1945.

Quant à ré obtenir l’électricité, l’UEM proposait une légalisation du contrat d’électricité en réglant les dépenses effectuées depuis octobre et estimée à … 500 euros !

Après cette proposition, l’UEM semble aujourd’hui s’être rétractée … Le fait que Dominique Gros soit le président du Conseil d’Administration d’UEM y serait-il pour quelque chose ?

La question des municipales

Qu’en est-il de ce type de revendications pendant les municipales ? Est-ce une période propice à une réoccupation ou au contraire peut-on imaginer un action « coup de poing » de la mairie afin de s’illustrer en période de campagne ?

Difficile d’anticiper mais « il y a peut-être plus à craindre qu’autre chose, ça ne gênera personne de foutre dehors une bande d’anarchistes ».

De plus, Metz est une ville bien connue pour user de sont droit de préemption : une loi qui confère la priorité à une personne publique sur l’achat de biens immobiliers comme par exemple une mairie dans une zone donnée, dans le but de faciliter une politique d’aménagement urbain équilibrée. Ainsi, une grande partie des bâtiments mis en vente dans le centre ville sont achetés par la mairie de Metz. Jusque là, pas de problème … Mais le problème c’est que ces achats ne servent pas l’aménagement urbain public mais à la spéculation immobilière.

Si vous voulez soutenir le CESAME ou juste recevoir le programme des activités, n’hésitez pas à envoyer un mail à : cesame[at]riseup.net

[Publié le 16 mars sur le blog du café-repaire de Metz]

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