Calais: Les logements vides de l’OPH

La campagne des élections municipales avait été l’occasion de rendre publics ces chiffres : 4000 logements vides à Calais, dont la moitié depuis plus d’un an; parmi lesquels 500 sont propriété de l’Office Public de l’Habitat, un organisme dont la mission est de permettre l’accès au logement des personnes les plus en difficulté. Dans un contexte où des centaines de personnes vivent à la rue et des milliers de Calaisiens vivent dans des logements inadaptés, inconfortables ou insalubres.
Bien plus, l’OPH mure ou obstrue les issues par des plaques de métal pour que des sans-abris n’entrent pas dans ces bâtiments déserts, et fait expulser ceux qui réussissent à le faire. On ne peut pas exprimer avec plus de force le non-sens de cette situation, et la violence qui l’inscrit dans la réalité. Violence quant à l’effet de cette politique sur les conditions de vie des personnes qui se trouvent sans logement ou logées dans des conditions indignes ou insalubres. Violence qui frappe les exilés, mais aussi un nombre bien plus important de Calaisiens.

C’est de ce non-sens qu’il faut sortir aujourd’hui : rendre ces logements au rôle pour lequel ils ont été construits, loger les gens; rendre l’OPH à sa mission, loger les personnes e difficulté d’accès au logement.

Sans doute certains de ces logements sont-ils dégradés – surtout s’ils ont été laissés vides pendant des années – et ont-ils besoin d’être réhabilités. Mais la réhabilitation de logements est une activité économique créatrice d’emplois, dans un territoire qui en a bien besoin, et une activité directement utile pour les habitants de ce même territoire. S’il faut aller chercher des financements c’est pour ce genre de projet.

Aujourd’hui, trois squats ouverts par le collectif Salut ô Toit sont menacés d’expulsion. Au-delà des péripéties juridiques qui prolongeront peut-être leur existence, ces trois lieux (deux maisons et une ancienne usine) accueillent aujourd’hui une cinquantaine d’exilés qui sans cela seraient à la rue. Ils ont fait l’objet de travaux à minima pour les rendre habitables. Plutôt que les expulser il faudrait consolider ces expériences, par un contrat de mise à disposition, en facilitant leur aménagement, en permettant le raccordement aux fluides. Au moment où l’État et les associations parlent de souhaitables « maisons des migrants », il en existe trois dans la réalité : ne les détruisons pas.

Faire que ces 500 logements de l’OPH, organisme public, servent à l’intérêt public, à loger les personnes qui en ont besoin : Calaisiens ou exilés, le but est le même.

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[Publié le 8 mai 2014 sur le blog Passeurs d’hospitalités]