Alors que Natacha Bouchart, sénatrice-maire de Calais a présenté la semaine dernière une nouvelle loi anti-squat au sénat, les expulsions illégales se poursuivent à Calais.
Une nouvelle maison avait été ouverte à calais le week-end du 31 mai au 1 juin [au 86 rue Masséna]. Après une semaine sans s’être fait remarquée (pour éviter une expulsion sans procès, possible dans les premières 48 h), l’occupation est rendue publique le dimanche 8 juin (bien qu’une information confuse annonçant « une ouverture prochaine » ait été publiée sur le site internet de la « Voix du Nord » le samedi 7 juin), les premiers contacts se font avec les passantEs, les voisinEs et les clientEs du bar tabac d’en face. CertainEs d’entre ELLeux considèrent que l’occupation de cette maison vide, depuis plus de trois ans, est tout à fait légitime. Une autre maison est occupée dans la rue une cinquantaine de mètres plus loin (expulsable depuis le 30 mai).
Ce même jour, vers 11h, la police passe une première fois accompagnée d’une personne de l’O.P.H (Office Public de l’Habitat) de calais qui tente d’ouvrir la porte. Après mures réflexions et de nombreux tours de clés dans le vide, ce dernier en conclue que cette maison ne leur appartient pas. La police refuse alors de prendre les preuves d’occupation qui lui sont présentées (attestation de justice, photos, captures d’écrans) réunis d’une part dans un courrier cacheté et fermé (pris en charge par la poste le 2 juin ) et d’autre part en un ensemble de feuilles consultables séparément. Une journaliste, présente sur place en prends connaissance. Elle interrogera plus tard la maire qui dira vouloir déposer une plainte et envoyer une commission de sécurité le mardi suivant, pour voir si les lieux pourraient accueillir du public.
Lundi 9 juin, des chaises, matelas et autres meubles sont amenéEs au 86 rue Massena pour aménager un espace plus confortable.
Mais à 18h, c’est une demi compagnie de CRS qui se présente avec le propriétaire. A grand coup de bélier, les CRS détruisent la porte d’entrée, sur laquelle les policiers n’avaient pas trouver la moindre trace d’effraction jusque là, sans même demander si les occupantEs veulent ouvrir et/ou sortir. Les quatre personnes présentes dans le maison sont interpellées, menottées puis embarquées . Les flics légitiment leur opération via le témoignage d’un voisin ( « ami du propriétaire » selon ses propres mots) qui affirme que le logement était vide le dimanche 8 juin à 5 heure du matin. Les habitantEs dormaient dans la maison à cette heure.
Que faire d’attestations de justice, du témoignage des autres voisins, si la seule parole d’un « ami » du propriétaire qui affirme que l’habitation est vide justifie une expulsion….
Trente minutes après l’évacuation, les services de la ville sont déjà là pour « sécuriser » la maison. La police, après avoir affirmée aux personnes présentes en soutiens que les affaires à l’intérieur pourraient être récupérer, les en empêche. Elle se retrouveront enfermées à l’intérieur par les services municipaux de Calais. Ici, on te met à la rue mais sans ton duvet.
La garde à vue ne sera notifiée qu’une fois que les quatre personnes interpellées seront entrées dans les cellules. Une personne sera privée d’eau et de couverture tout au long de sa détention (20 heures) et une autre devra attendre plusieurs heures pour récupérer son inhalateur alors qu’elle est asthmatique.
La garde à vue est une grande série de cafouillages, de vice de procédure…
Pour toutes personnes ayant besoin d’un toit, Calais reste une zone de non droit, ou plutôt une zone où le droit se manipule, s’étire au bon vouloir et aux services des représentantEs politiques.
D’ailleurs si ce cadre légal était respecté dans un but de justice (aveuglante illusion), comment expliquer que le délit de dégradation en réunion, qui justifiait pourtant le placement en garde à vue, disparaisse et ne laisse place (à la sortie de gav) qu’aux refus de soumission de prélèvement ADN et empreintes digitales ? Peut-être peut-on y voir un terrain propice pour constituer une défense avec des avocatEs rompuEs aux coups bas des manipulation politico-policière.…
On est pas les plus à plaindre, mais cela paraît tout de même important de visibiliser cette histoire. Comme d’autres, ne vous fait-elle pas remonter ce goût amer et de plus en plus impossible à avaler d’une démocratie échouée qui n’à plus pour plaire que matraques, arrogance et autres « cadres légaux » de plus en plus insoutenables… il est toujours temps de vomir.
Des quatre personnes arrêtées deux comparaîtront sous leur identités le 22 juillet prochain au TGI de Boulogne-sur-mer pour refus de soumission au prélèvement D’ADN et d’empreintes digitales. Les deux autres personnes enregistrées sous X comparaîtront pour les mêmes motifs.
Un logement pour toutes et tous !
[Publié le 11 juin 2014 sur le blog de Calais Migrant Solidarity]