Barcelone: manifeste de l’Ateneu autogestionat l’Entrebanc

Il y a maintenant huit banques squattées à Barcelone, et c’est bien possible que ce ne soit que le début de ce nouveau type de squat. Ci-dessous, le manifeste de l’Ateneu l’Entrebanc, rédigé en mars 2014, a été traduit en français.

Manifeste

Que ce passe-t-il ici?

On vit dans une ville qui se noie dans ses propres contradictions. Pendant que certains dorment dans la rue, à Barcelone il y a plus de quatre-vint mille appartements vides; alors que certains ont faim, à Barcelone on jette un tiers des aliments produits; alors que l’air que l’on respire est chaque fois plus sale et irrespirable, à Barcelone on ne fait pas de parcs ni d’espaces verts mais plutôt des plaques de ciment… Pendant ce temps, les collectifs du quartier se démènent pour trouver des espaces où se rassembler, un manque évident dans notre quartier, l’Eixample, où il y a plein de locaux vides et abandonnés. Cet espace, rue Urgell 98, est un de ces lieux où la poussière s’accumulait, ce qui risque de changer sous peu.

On vit dans un quartier où personne ne se connaît, fait et dessiné pour séparer les gens au lieu de les réunir, un quartier écartelé par le bitume et les voitures, crée avec l’intention de générer de l’individualisme et de la méfiance, empêcher le tissu social du voisinage et isoler les personnes dans leur propres maisons, un quartier ou l’espace public n’est plus public, mais bien au contraire une simple zone de passage, comme le couloir d’un aéroport. Un quartier qui ne nous accueille pas, et qui nous abandonne plutôt dans la brume de l’anonymat et nous rend plus vulnérables et tristes.

C’est pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, que nous disons stop. C’est avec cette intention que s’est créée l’Ateneu l’Entrebanc.

Qu’est-ce que c’est l’Ateneu l’Entrebanc?

L’Ateneu l’Entrebanc se conçoit comme un espace social, culturel et politique qui envisage de se prêter aux luttes du voisinage. C’est un point de rencontre de voisins et voisines, mouvements sociaux, associations, espaces libérés et assemblées diverses qui veulent coopérer dans cet espace. Pourtant, c’est un espace ouvert et inclusif, où trouvent leur place tous types de sensibilités, activités, idéologies et âges, tout en ayant l’horizontalité et l’autogestion comme bases.

L’objectif est de créer et alimenter le réseau de voisinage et d’entraide, tout en donnant leur place aux initiatives qui nous motivent et nous intéressent en tant qu’habitants du quartier. En tant que tel, cet espace ne se conçoit pas comme un bar ou un lieu où habiter, mais comme un endroit de rencontre des luttes sociales, depuis une perspective politique, didactique et ludique. La forme et les contenus sont construits par tout le monde, pour combler nos nécessitées en partant de la base, en créant des alternatives basées sur les personnes et le respect de la nature.

Pourquoi la banque?

Depuis que la crise a commencé, il y a maintenant 6 ans, l’État espagnol a donné à l’aveuglette 21 000 milliards d’euros à plusieurs entités bancaires. Les mêmes entités qui on provoqué la crise et qui continuent de promouvoir la misère sociale qui nous entoure et qui s’aggrave jour après jour. De ces milliards de millions d’euros publics, Banco Mare Nostrum, un conglomérat de banques propriétaire d’Urgell 98, a pratiquement fait faillite et a reçu 915 milliards d’euros, qui représentent 4,3% du total. Entre-temps, le système de santé publique a vu son budget se réduire de 7 000 milliards d’euros et celui de l’éducation de 3 000 milliards d’euros. Pendant ce temps, ils disaient qu’il n’y avait pas d’argent, que l’on vivait au-dessus de nos possibilités réelles.

Quand l’État ne résout pas les problèmes des citoyens, et au contraire nous oublie pour faire bénéficier les banques, nous ne voyons pas d’autres solutions que d’agir pour changer les choses. C’est pour ça que l’expropriation bancaire nous a servi pour rendre au peuple ce qui appartient au peuple. Un espace abandonné pour une banque qui a reçu de l’argent public peut être conçu comme un espace public à la disposition de tout le monde. Un espace récupéré, pour nous libérer de l’esclavage du capitalisme et nous organiser nous-mêmes. Un espace social, où nous retrouver dans ce quartier solitaire. C’est pour cette raison que nous devons gérer cet espace et en profiter de manière collective.

Comment fonctionne cet espace?

Vu qu’il s’agit d’un espace ouvert, sa gestion se fera entre tous et toutes. Si quelque chose n’est pas clair, demande à quelqu’un qui est là depuis plus longtemps. Diverses explications, nécessités et tâches à faire peuvent se trouver dans le local.

N’importe qui peut faire les tâches qu’il/elle préfère et peut se présenter à l’activité qui lui plaît le plus. Le seul prérequis est de donner ce que l’on veut recevoir. Si tout le monde assiste en tant que participant aux activités et, en même temps, participe à leur élaboration et à la gestion du local, le dynamisme de l’Ateneu est garanti. Les décisions se prennent en assemblée les mardis à 20h, et tout le monde peut y prendre part.

Vu que nous considérons que l’économie devrait être au service des gens et pas l’inverse, on essaye – dans la mesure du possible – de fonctionner sans argent. Malgré cela, il y a des matériaux que nous ne pouvons pas produire ni obtenir à travers le troc. Pour cela, à des moments donnés, la solidarité économique maintiendra quelques projets vivants.

Le local est ouvert du lundi au vendredi de 18h à 21h, mais peut s’élargir en fonction de la disponibilité des gens et des collectifs, ou bien pour faire des activités extraordinaires. Ainsi, si ça vous intéresse, n’hésitez pas à venir nous rencontrer, consulter le site web ou envoyer un mail.

Bienvenue et à bientôt!

Ateneu L’Entrebanc

www.ateneulentrebanc.tk
ateneulentrebanc@@@riseup.net
@lEntrebanc
C/Urgell, 98 – Barcelone <M> L1 Urgell