Grenoble: expulsion du squat Roxy Cooper

On a habité le Roxy pendant presque un an avant que les sales logiques de ce monde de merde ne le renvoient à sa condition de bâtiment vide, inutile, triste.

Presque un an ça nous a permis :
– d’organiser une petite vingtaine de resto-concerts sans viande et sans vigile
– d’accueillir le cours de boxe hebdomadaire et gratos que proposent nos potes
– d’enregistrer plusieurs groupes qu’ont la classe et la haine du profit
– de réparer nos véhicules au chaud
– d’échanger tout un tas de trucs dans la zone de gratuité
– d’héberger les amies de passages ainsi que des inconnues en galère
– de mettre un peu de vie dans cette partie de la rue Bouchayer
– et vraiment plein d’autres choses…

Ce jeudi 9 octobre 2014, les keufs nous ont expulsés de chez nous.

Cette expulsion on s’y préparait depuis mi-juin, date à laquelle le recours aux forces de l’ordre avait été accordé à nos propriétaires pour que justice leur soit rendue.
En l’occurrence ça signifie nous foutre à la rue et éradiquer ainsi un des obstacles à l’avancée de leur projet.
Les proprios, Edifim Dauphiné, c’est une boîte de promotion immobilière qui fait un paquet de thunes en construisant les cages à lapin de demain.
La crise ne touche pas tout le monde pareil, on le sait. Pour eux ça a même l’air d’aller plutôt bien.
En lieu et place de notre chez nous, ces promoteurs veulent construire, avec la collaboration de la mairie de Grenoble, un de ces nouveaux immeubles qui poussent un peu partout et tuent ce qui faisait le caractère des quartiers qu’ils colonisent.
Ce projet est extrêmement impopulaire dans le voisinage. Personne n’est dupe. Mais lucidité et détermination font difficilement le poids face au pouvoir de la thune.
Les décideurs (promoteurs, élus, patrons…) ont la police, la presse et la violence avec eux.

Il nous est un peu difficile de donner un chiffre concernant le nombre de flics mobilisés sur cette opération, probablement entre 50 et 100. Venus d’un peu partout. Des municipaux aux CRS, en passant par les maîtres-chiens, la PJ, les “experts” de la scientifique… Bref, tout un tas de raclures.

Il nous semble important de préciser que ce que le Daubé et France 3 ont appelé “expulsion musclée d’un squat culturel accueillant épisodiquement l’underground” s’apparentait à s’y méprendre à une perquisition.
À ceci près qu’une perquisition implique que les habitants assistent à la fouille de leurs effets.
Nos chiens ont été muselés, nos chambres retournées, le mobilier défoncé, nos thunes volées, nos disques durs confisqués, les contenus de nos ordinateurs et téléphones scannés et copiés, nos répertoires évaporés…
Relever ce léger “vice de forme” ne les a pas mis très à l’aise. Mais notre marge de manoeuvre s’arrête là. Les lois c’est eux qui les font, eux qui les interprêtent. Nous on est plutôt du côté de celles et ceux qui les subissent.

En vrac, on tenait à remercier dans ces quelques lignes les amies venues nous soutenir et pas seulement lors de l’expulsion, toutes les personnes qui se sont impliquées dans ce lieu et ce qui a pu s’y passer, les personnes qui ont kiffé y passer du temps et nous l’ont dit, les voisins et voisines que c’était agréable de croiser…

On est tristes, en colère, c’est clair
mais ya du monde autour
il en faut plus pour nous intimider
ça continue
qu’on se le dise.

Haine des expulseurs & solidarité avec les galériennes et galériens

– À la mairie soit disant révolutruc de cette technoville aseptisée : on vous emmerde, vous, vos écoquartiers, votre silence de pantoufle et vos manières démago.
– À Edifim : on vous déteste, et plein de gens avec nous, parce que vous vous foutez de nos vies, vous vous foutez royalement que des gens dorment dehors pendant que vous spéculez sur du vide, on sait que vous êtes procéduriers quand ça vous arrange et pyromanes quand il le faut.
(Les réclamations peuvent être adressées à “Agence EDIFIM Dauphiné, 12 chemin du Couvent, 38100 Grenoble. Tél. : 04 76 17 13 55”)
– Au vigile qui gardait le portail le temps que le ciment des parpaings sèche : change de taff, gros
– Au crevard de keuf qui s’est pointé la bouche en coeur mercredi soir en nous demandant l’hospitalité: reviens, à l’occase, pour voir, maintenant on a ta gueule en tête.

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