Et on s’enfonce encore et encore
Comme si elles n’avaient toujours pas compris qu’il faut changer de braquet, les autorités ont à nouveau joué de la force à Calais.
Comme si elles ne se rendaient pas compte que la stratégie répressive ne menait à aucune amélioration de la situation.
C’est ce mardi 2 juin 2015, jour de tempête à Calais, que les autorités ont choisi d’envoyer leurs forces de l’ordre, leurs gardiens de la paix, évacuer les deux derniers lieux de vie qui persistaient au centre-ville. Impasse des Salines [squat Galou] et derrière le magasin Leader Price du Fort Nieulay.
Une nouvelle fois, des êtres humains privés de refuge contre la pluie et le vent, triés, arrêtés ou apeurés, orientés ou abandonnés là, stigmatisés, oubliés.
Ce même mardi 2 juin a été choisi pour évacuer le campement de réfugiés sous le pont du métro La Chapelle à Paris.
Le squat Vandame, dit « Fort Gallo » [ou squat Galou], avait ouvert le 12 juillet 2014, ouverture portée par une foule de personnes indignées des expulsions du 2 juillet. Cela faisait plusieurs mois que ce lieu de vie était légalement expulsable.
Le reste du campement des Soudanais derrière Leader Price était lui aussi juridiquement en sursis, la municipalité ayant porté plainte pour occupation du terrain pour lequel un compromis de vente à un garage avait été voté au conseil municipal. Cet espace et les alentours sont occupés depuis plusieurs années par les voyageurs non autorisés à rejoindre le Royaume Uni pour tenter leur chance côté tunnel et non côté port. Il a déjà connu plusieurs évacuations.
Les autorités déclarent avoir attendu que le « centre de jour » Jules-Ferry soit totalement opérationnel avant d’évacuer les derniers lieux de vie du centre-ville.
Ce « centre de jour » géré par La Vie Active au nom de l’État, où des bénévoles viennent suppléer au manque d’embauches du nombre de salariés nécessaire, est le volet humanitaire de la gestion municipale et gouvernementale de la situation. Tout le monde, parmi les militants-bénévoles, n’y a pas accès (il faut expliquer et montrer sa bonne volonté de coopération avec ce projet officiel). Tout le monde, parmi les réfugiés bloqués à Calais n’y a pas accès non plus. La Vie Active n’arrive déjà plus à fournir un repas par jour à chacun ni à loger toutes les femmes et les enfants comme il avait été annoncé à l’ouverture.
Entre le centre-de-jour-Jules-Ferry et la rocade portuaire où passent tous les camions voulant s’embarquer pour l’Angleterre, une ancienne décharge, zone déclarée « camping pour clandestins autorisé ». C’est là que s’entassent entre deux et trois mille personnes de nationalités et aux histoires variées mais toujours dramatiques, dans une précarité explosive dénoncée depuis le début par les acteurs associatifs.
[Publié le 3 juin 2015 sur le blog Passeurs d’Hospitalités.]