Trois brèves en provenance du site Passeurs d’hospitalités:
– Expulsion de deux campements d’exilés syriens
Deux campements d’exilés syriens situés au centre de Calais, place Henri Barbusse et sous le auvent du hangar Paul Devot, rue Margolle, ont été évacués ce matin à partir de 7h30.
Les personnes n’ont pu emporter qu’une partie de leurs effets personnels.
Il n’y avait pas de décision d’expulsion connue pour ces deux lieux. Une partie au moins des policiers qui sont intervenus avec les gendarmes mobiles ne portaient pas de matricule.
Les Syriens ont refusé d’aller vers le bidonville où les repoussaient les policiers et gendarmes et ont fait un sit-in boulevard des Alliés. Les gendarmes mobiles ont avancé leurs fourgons sur eux pour les obliger à se lever et à reculer. Les Syriens bloquent actuellement le pont Vétillard, près du port, et refusent de bouger.
– Destruction d’une partie du bidonville d’État
À la suite de l’expulsion de deux campements d’exilés syriens en centre-ville, une partie du bidonville d’État a été rasée au bulldozer. Il s’agissait des tentes situées sous le pont de l’autoroute et au bout de la rue des Garennes. Une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants s’étaient installé-e-s là, parmi les dernier-e-s arrivé-e-s à Calais. Entre cent cinquante et deux cents personnes se retrouvent donc sans abri dans le bidonville.
La police ayant bloqué l’accès au bidonville, une partie des Syriens qui y étaient chassés ont été bloqués à l’extérieur.
Une militante a été arrêtée lors de l’évacuation du campement du hangar Paul Devot, ainsi que deux Syriens lorsqu’ils ont bloqué le pont Vétillard, à l’angle du port. Un Syrien a également été emmené à l’hôpital après avoir été tabassé par la police.
– Deux autres campements évacués
Après l’évacuation des deux campements d’exilés syriens de la place Henri Barbusse et du hangar Paul Devot, puis la destruction au bulldozer d’une partie du bidonville d’État, les habitants de deux autres campements du centre de Calais ont été expulsés.
Sous le auvent du BCMO (l’ancien Bureau Calaisiens de la Main d’Œuvre, qui était devenu une salle de sport avant d’être utilisé pour la mise à l’abri des exilé-e-s dans le cadre du Plan Grand Froid) place de Norvège habitaient une dizaine de demandeurs d’asile sans hébergement. Ils ont été expulsés vers 15h. Aucune solution d’hébergement ne leur a été proposée, malgré l’obligation de l’État en matière d’accueil des demandeurs d’asile. Une partie des effets personnels ont été emmenés à la déchetterie. Le lieu faisait l’objet d’un jugement d’expulsion datée du 11 juin 2015 et signifiée le 2 juillet.
Une heure après l’évacuation, un homme est assis contre le mur, dans l’angle du auvent. Il souffre d’importants troubles psychiques. Il a déjà vécu plusieurs expulsions au cours des années qu’il a passées à Calais. Les équipes mobiles de psychiatrie ne se déplacent pas pour les « migrants », et aucune démarche de soin n’a pu être entamée faute de structure adaptée. D’habitude prostré, aujourd’hui il parle, parle, parle, de manière incohérente.
Vers 15h30, ce sont les exilés syriens qui habitent sous le porche de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul, boulevard des Alliés, qui sont brutalement expulsés. La police arrive soudainement et bouscule tout le monde de manière rude. Une bénévole est arrêtée. Le lieu avait fait l’objet d’un jugement d’expulsion en même temps que le BCMO.
En une journée, les derniers campements du centre-ville ont été détruits, ainsi qu’une partie du bidonville d’État, qui ne peut plus être considéré comme un endroit protégé.
La pluie s’est mise à tomber.