Calais: restons unis face à la répression

Lundi [16 novembre 2015], une personne est sortie du centre pénitentiaire de Longuenesse après 3 jours de détention provisoire et 24h de garde à vue pour le motif d’être l’instigateur des émeutes de la «jungle» calaisienne. Cette accusation ridicule et profondément raciste fait partie de la vaste stratégie du gouvernement et de la préfecture pour dépolitiser et délégitimer la colère des habitants de la jungle.

En effet, durant 3 nuits consécutives, du dimanche 8 au mardi 11 novembre, des centaines d’habitants de la jungle se sont rassemblées pour faire entendre leur colère et se sont vues repoussées avec une violence inédite par les forces de l’ordre, qui en ont profité pour attaquer les quartiers d’habitation avec leurs armes soi-disant «non-létales» (grenades lacrymogènes et assourdissantes, flashball, canon à eau…).

Dès mardi, le porte-parole du ministère de l’Intérieur et la préfète du Pas-de-Calais ont tenté de reporter la responsabilité de ces événements aux dits «No Border». La police a d’ailleurs violemment arrêté deux volontaires anglais mardi soir [17 novembre] puis les ont relâchés très rapidement. Cette manœuvre politique vise à occulter la guerre permanente menée par l’État et les forces de l’ordre aux habitants de la jungle et plus généralement, à tous les migrants, réfugiés et sans-papiers.

Il n’y a jamais eu autant de morts que cet été, soit au moins 21 dont nous ayons connaissance. Les anciens lieux de vie ont été saccagés et barricadés par les pouvoirs publics. Des murs barbelés ont été installés tout autour de l’entrée du tunnel, du port et des quatre-voies aux abords de la jungle, tout ceci payé par le gouvernement britannique. De plus, la présence et la violence policière ont considérablement augmenté ces derniers temps. Depuis quelques semaines, ce sont presque une cinquantaine de personnes qui sont arrêtées tous les jours, sur des critères racistes bien sûr, parfois même en ville, devant des magasins, puis sont souvent enfermées dans le centre de rétention de Coquelles et souvent aussi déportées dans d’autres centres de rétention dans toute la France. La jungle elle-même est devenue un piège, la police contrôle les deux seules entrées et patrouille à l’intérieur de la jungle en tenue anti-émeutes, flashball à la main. Depuis cet été l’utilisation de grenades lacrymogènes à l’intérieur du camp a d’ailleurs été bien trop systématique. On peut d’ailleurs penser que le fait d’attaquer les parties du camp où vivent les familles leur permet aussi d’intensifier les tensions internes dans la jungle entre les personnes qui veulent et peuvent résister aux offensives policières et celles qui sont seulement victimes de celles-ci.

Enfin, on ne peut que comprendre la colère causée par les événements du dimanche matin, c’est-à-dire la manifestation des néo-fascistes, où un Coran a été enflammé dans l’indifférence totale des forces de l’ordre, présentes en très grand nombre.

Ainsi, non, les migrants n’ont pas besoin des No Borders qui organiseraient les violences pour se révolter. Et, non, l’État n’a jamais attendu de faire face à une guérilla organisée pour tirer des grenades lacrymogènes dans des maisons où habitent des familles avec des enfants.

Soutien à toutes les victimes des violences de la police, de l’État et des frontières.

PS : La personne en question passera en procès le 14 décembre à 14h au TGI de Boulogne.

A suivre pour un éventuel appel à soutien.

[Publié le 21 novembre 2015 sur Calais Migrant Solidarity.]