Bienne (Suisse): ouverture d’un espace de solidarité avec les personnes réfugiées et contre les frontières

Depuis une semaine un bâtiment est occupé par un collectif ouvert qui souhaite en faire un lieu de solidarité et de luttes autour de la thématique de la migration, des frontières et de l’autonomie. On s’est rendu sur place pour amener un petit aperçu de la chose sur Renversé.ch.

C’est un beau bâtiment de 3 étages qui a été occupé en plein Bienne. Il est ironiquement situé à la Rue du Contrôle, en face de l’office des poursuites.

Le collectif a l’origine de l’ouverture veut y créer un espace ouvert, servant à lutter contre les frontières, la politique gouvernementale des camps pour personnes migrantes ainsi qu’à pouvoir y créer des espaces de solidarité pratique.

Voici le manifeste rédigé pour l’ouverture :

La crise du capitalisme et ses guerres plongent aujourd’hui encore le monde dans le chaos. Pendant que des millions d’être humains se retrouvent en fuite, la forteresse Europe continue à se renfermer sur soi-même, et particulièrement la suisse maintien sa politique d’isolement. Accueillir des réfugié-e-s, signifie pour les institutions étatiques, les stocker dans camps et les isoler de la population locale afin de leur empêcher l’accès à une vie stable.
La situation critique de ces personnes signifie pour le secteur privé un marché prospère*. Les acteurs de la finance internationale** continuent à investir dans la destruction de l’environnement et dans l’armement pour maintenir ce cercle vicieux qui remplit les poches de quelques unEs.
Pendant ce temps, des acquis comme le confort ou les droits humains sont défendus comme des privilèges blancs dont on prive les personnes migrantes.
La peur du terrorisme et de la migration de masse est entretenue par la politique d’isolement étatique des réfugié-e-s. L’essai de cacher ces personnes du reste de la population les stigmatise et encourage les préjugés. Le populisme des politiques et des médias propage également un climat agressif de racisme et de nationalisme.

En ces temps d’égoïsme, nous avons décidé de nous organiser pour créer une opposition aux rapports dominants et à l’ignorance.

Nous, un collectif sans hiérarchie, dont l’origine ne joue pas de rôle, avons occupé une bâtisse vide à la Rue du Contrôle 22 à Bienne. Nous voulons y créer un espace sans contrôle étatique ou logique de profit, afin de créer la possibilité de répondre à des besoins primaires de manière autonome.

Assez d’enrichissement, d’exploitation, d’oppression et de discrimination !
Une vie libre et digne pour toutes et tous.

Entraide et solidarité autonome et sans hiérarchie
Pas de drogues dures

NON
A la discrimination
A l’homophobie
A l’oppression
A la domination
Au sexisme
Au racisme
Au profit
Au deal

Notes:
* comme par exemple l’ORS qui se crée un chiffre d’affaire privé de 55 millions par année grâce à des mandats de la confédération dans le domaine de l’asile.
** le terme “acteur de la finance internationale” comprend les banques, compagnies d’assurances et entreprises de financement qui investissent leurs fonds bancaires dans des industries, recherches, etc, et qui particulièrement en Suisse, ont un impact énorme sur l’économie nationale.

La possibilité de rester jusqu’à la mi-janvier est assurée, le suite est encore incertaine. L’idée est jusqu’à maintenant de mettre le paquet pour réaliser le plus de choses possibles. Dimanche 27 décemvre a donc eu lieu une assemblée générale pour toutes les personnes souhaitant s’impliquer afin de se lancer au plus vite dans la construction de ce projet.

On peut dire qu’il souffle dans cette maison un vent d’enthousiasme, une belle énergie. Plusieurs choses ont d’ores et déjà été réalisées : Un magasin gratuit à été ouvert, tous les jeudi et mardi soir des repas populaires et ouverts sont mis sur pied, un sleeping d’urgence est en construction avec un espace femme. D’autres projets sont lancés, tel des cours de langues, un bistrot, des cours d’autodéfense féminin, un cinéma, un atelier vélo, un accès gratuit à internet.

C’est une tentative de mettre un bâton dans les roues de l’État Suisse et sa politique des camps pour personnes migrantes. C’est la concrétisation d’actes de solidarité avec des personnes réfugiées, tout en ayant la volonté d’en finir avec ce monde de frontières et les oppressions qu’il génère.

Passez donc leur dire bonjour si vous êtes dans les environs.
Mardi et jeudi soir, bouffe populaire !

(Les activités du squat de la rue du contrôle se trouvent sur radar.squat.net.)

[Publié le 28-29 déc. 2015 sur Renversé.]