Calais: bribes de récits de l’expulsion de la Jungle

Un récit des trois premiers jours de l’expulsion, du 24 au 26 octobre, a été écrit par Virginie Tiberghien (coordinatrice de l’École laïque du chemin des Dunes, dans la Jungle), dans Démanteler Calais n°1. À lire ici, au format PDF (le n°2 de Démanteler Calais, plus anecdotique, est également téléchargeable ).

Dès le début de l’expulsion de la Jungle, des rassemblements et des manifs de solidarité avec les migrant-e-s se sont tenu-e-s un peu partout en France (détails sur Squat!net et sur Indymedia-Nantes).

Dans un article publié en anglais sur leur site, le collectif Calais Migrant Solidarity fait un décompte de nombreuses arrestations qui ont eu lieu à Calais du 24 octobre au 3 novembre, pendant que “l’opération humanitaire” de destruction de la Jungle avait lieu… Durant cette période, des réfractaires à cette ambiance policiaro-humanitaire ont été arrêté-e-s par les flics. Par exemple, une cinquantaine de migrant-e-s ont été arrêté-e-s dans la gare de Calais-Fréthun, une trentaine d’autres ont été arrêté-e-s dans les rues de Calais, tandis que quelques autres l’ont été dans des villes proches de Calais. Des activistes ont été mis-es en garde à vue, notamment le 27 octobre, pour avoir été présent-e-s dans la Jungle sans autorisation (relâché-e-s sans poursuites).

Et ci-dessous, un état des lieux daté du jeudi 3 novembre qui a été publié sur le site Passeurs d’hospitalités:

Destruction du bidonville : plus de place en CAO mineures, vous êtes donc majeures

Après la destruction du bidonville la semaine dernière et au début de cette semaine, l’évacuation du camp de containers mis en place par l’État hier (voir ici et ), les opérations se sont terminées aujourd’hui par l’évacuation du lieu de mise à l’abri des femmes et des enfants du centre Jules Ferry.

Sont d’abord parties les femmes seules avec enfants, puis les familles comprenant un homme ou un adolescent, suite aux démarches qui ont été faites hier pour que les familles dont un membre masculin était encore présent à Calais partent pour le même centre. Mais il y a aussi des marris, copains, frères, fils qui sont partis la semaine dernière, et rien n’a été prévu pour ces familles puissent être rassemblées.

Puis sont restées les femmes et les filles mineures seules. Presque toutes se sont déclarées mineures. Là, même pas de tri au faciès comme la semaine dernière, les premières sont montées dans les bus pour les Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO – voir ici, ici, ici et ) pour mineures puis on a expliqué aux suivantes qu’il n’y avait plus de place, donc qu’elles allaient partir pour des centres pour majeures.

Clou de la matinée, il a fallu sur la fin trouver quinze femmes Oromos pour les envoyer vers un centre d’accueil avec d’autres Oromos, sans doute pour une opération publicitaire sur la France généreuse terre d’asile pour le peuple Oromo confronté à la répression du pouvoir éthiopien (voir ici et ), comme il y en avait eu une l’an dernier pour les Érythréen-ne-s. Quinze femmes ont donc été désignées pour monter dans le bus pour les Oromos.


L’État français a donc fini de “nettoyer” Calais. Alors en ce 4 novembre, c’est au tour de Paris de connaître rafles, expulsion et arrestations…