Calais: récentes attaques de la police contre les distributions d’aide aux migrant-e-s

Au cours des dernières semaines, la police a ajouté l’attaque des moyens matériels de soutien aux migrant-es à leur campagne de violence et d’intimidation contre les personnes de passage à Calais. Des bénévoles et des soutiens dans cette ville ont rapporté des attaques de la police pendant les distributions de nourriture, des arrêts forcés et des amendes lorsqu’ils et elles utilisaient des véhicules d’associations pour faire les distributions, des menaces de saisie des véhicules, l’empoisonnement de bidons d’eau et la destruction de dons. Tout ça en plus des violences policières qui ont lieu quotidiennement dans les jungles, les parkings et dans les rues, où les bénévoles ne sont souvent pas présent-es.

Ces événements font partie d’une stratégie plus large visant à éliminer dans les rues de Calais la solidarité envers les personnes de passage. Depuis l’explosion de soutien qui a permis la construction de la Jungle en 2015, les autorités locales ont visé les groupes et les individus qui essaient d’apporter des ressources aux personnes « sans-papiers » à Calais. Après les destructions partielles successives puis complète de la Jungle, les autorités locales ont tenté d’interdire la distribution de nourriture à Calais ainsi que le rassemblement de personnes dans l’espace public, une interdiction qui a été jugée illégale par le tribunal de Lille, mais les autorités font appel contre cette décision, tout en arrêtant quiconque essayant de protester contre la violence à la frontière (voir article du 26 juin 2017). Cependant, malgré ce bannissement, les associations ont continué à cuisiner et à distribuer de la nourriture sans interruption. Maintenant, il semblerait que la décision a été prise d’utiliser la police d’une manière extra-légale pour perturber les distributions dans l’espoir de décourager les associations et de faire tellement peur aux gens qu’ils n’osent plus s’y rendre.

Pendant des années, la stratégie de l’État a été de rendre la vie aussi dure que possible pour les personnes de passage à Calais dans l’espoir qu’elles abandonneraient et partiraient. Fournir des moyens pratiques et matériels à ces personnes ainsi que protester publiquement contre le programme étatique de violence et d’intimidation est une part de la lutte contre le désir du gouvernement d’éliminer les migrant-es et les réfugié-es des rues de Calais. Défendre les espaces où une solidarité et un soutien conséquents peuvent exister dans la ville pour les personnes de passage c’est une partie de ce qui peut être fait pour contester la frontière.

Un moyen de contester la violence de la police est d’essayer d’intervenir. Une manière simple de le faire est de filmer la police. Même si ça semble avoir un effet limité, rendre continuellement visible au public la violence de la police peut aider à contester leur impunité. De même que filmer la police, c’est également valable de collecter d’autres informations à leur sujet ; par les matricules des policiers, le nombre de compagnies de CRS impliquées, et des témoignages de personnes présentes. Bien sûr les policiers essaieront de masquer leur identité (au cours des dernières semaines des CRS ont caché partiellement les numéros des plaques de leurs véhicules), mais cela aussi peut être documenté et utilisé contre eux.

Comme les migrant-es font l’expérience quotidienne de ces violations, il y a particulièrement besoin de volontaires et d’activistes pour passer du temps avec elles et eux lorsque les camionnettes qui distribuent la nourriture sont parties, parce que c’est à ce moment que la police attaque le plus. Le matin, les personnes qui restent dans la jungle sont réveillées par des gazeuses et la nuit elles sont pourchassées et matraquées.

La Cabane juridique peut aider sur les questions légales et pour déposer des plaintes contre la police (legalshelterviolences@@@gmx.com).

Même si résister contre les violences policières et les attaques de l’État contre la solidarité peut sembler difficile, ce n’est qu’en luttant ensemble pour défendre des espaces et des structures de soutien que l’idée d’une société fondée sur l’ouverture et non les frontières, peut subsister.

Une brève et incomplète chronologie des attaques de la police contre les soutiens :

Jeudi 13 juillet 2017
– Une camionnette a été gazée par la police lors de la distribution de nourriture du soir.

Samedi 15 juillet 2017
– La distribution du matin a été perturbée par la police, et les CRS ont menacé de confisquer les véhicules.
– Le soir, la police a attaqué et gazé la distribution à la Verrotières.
– Pendant la nuit, à nouveau rue des Verrotières, un véhicule de distribution qui avait sa porte arrière ouverte a été gazée, avec toute la nourriture qui était dedans. De nombreux-es bénévoles ont aussi été gazées.

Dimanche 16 juillet 2017
– Le matin, à la distribution du petit-déjeuner à Auchan Drive, les éxilé-es et les bénévoles ont été gazé-es massivement, ainsi que la nourriture. Des CRS ont détruit des sacs de pâtisseries et de pain en les piétinant, et ont essayé de confisquer les thermos de thé. Les exilé-es se sont dispersé-es et les bénévoles ont décidé de se déplacer, mais de rester à proximité. Illes se sont assis-es en cercle pour pique-niquer, chanter et taper dans les mains, encerclé-es par des policiers déterminés à les faire partir.
– L’après-midi, à 14 heures, à la distribution de l’hôpital, à nouveau des barrages policiers.

Mercredi 19 juillet 2017
– La police est arrivée à la Jungle à 9h du matin à la Jungle de la Verrotières pour voler ce que les gens avaient et qui leur permettait de s’abriter : bâches plastiques, sacs de couchage, tentes, etc.

Mardi 25 juillet 2017
– La distribution de nourriture de l’après-midi dans le centre-ville a été perturbée par la police. Elle suivait la camionnette de distribution dans les rues et une fois a empêché la distribution de nourriture alors que tout le monde n’avait pas été servi. Ensuite sept personnes ont été arrêtées après avoir refusé de montrer leurs papiers.

[Publié le 25 juillet 2017 sur Calais Migrant Solisarity.]