À quelques mois d’une réouverture prochaine prévue pour ce printemps, le TGI de Reims s’est prononcé le 26 janvier dernier pour la résiliation du bail liant l’association l’écluse à son propriétaire Reims Métropole, décision à exécution provisoire c’est-à-dire immédiatement et avec des procédures d’appel limitées. Contactée par l’association pour discuter de cela, Catherine Vautrin n’a pas souhaité honorer cette invitation. Ambiance…
En cause, l’objet du bail emphytéotique signé par l’association en décembre 2013, s’obligeant gaiement à créer un lieu d’émulation sociale et culturelle dans une ancienne maison le long du canal, l’ancien café-dancing de la cerisaie. Plusieurs années ont passé pendant lesquelles différents projets d’aménagements ont été imaginés, discutés avec des professionnels et présentés au service accessibilité de Reims Métropole. Le projet final a été validé par cette commission le 4 janvier 2017. Mis en œuvre et réalisé pour sa plus grande partie grâce à des chantiers participatifs, ces travaux et aménagements doivent se finir au printemps prochain (une dalle de 14m3 de béton sèche encore à l’heure actuelle). L’écluse fermera ainsi la dure parenthèse de 4 années de fermeture administrative, pourra répondre à son obligation d’activité en redonnant vie à ce lieu historique, l’ancien café dancing de la cerisaie, dans la grande cour restaurée et conforme aux normes d’accessibilité et de sécurité.
En parallèle à ces démarches, Reims Métropole envoie début 2015 une mise en demeure à l’écluse, l’obligeant par ce courrier à transmettre dans les 30 jours une demande d’aménagement ERP. Préférant fournir notre dossier abouti et validé en amont par les services sécurité et accessibilité de la ville de Reims, l’écluse n’a pas répondu à cette missive. Sans chercher de conciliation ou d’explication, la métropole assigne en justice l’écluse le 10 avril 2015 afin de résilier le bail pour non respect des obligations de car les travaux n’ont pas été réalisés dans les temps imposés par cette lettre.
Le tribunal, s’attachant plus à la non-réponse à la mise en demeure qu’à l’imminence de la réouverture, et alors même que le bail ne fait aucunement mention d’un délai pour réaliser les travaux, prononce le 26 janvier la résiliation du bail de l’association, la condamne à payer 2.000 € à Reims Métropole et ordonnée l’exécution provisoire de cette décision.
Nous, collectif de l’écluse, pensons que ce procès et cette décision de justice à exécution immédiate sont injustes. Basés sur une faille administrative ils sont énoncés en dépit total de l’intérêt social et culturel que représente l’écluse pour l’ensemble de la métropole rémoise. Nous dénonçons l’incohérence de l’action publique, qui cherche la moindre faille administrative pour détruire un projet validé par ses propres instances. La métropole, ainsi que la ville de Reims si elle laisse cela se faire, écrasent des années de travail de plusieurs personnes, bénévoles, mues par la volonté de développer des activités sociales et culturelles dans les interstices de notre cité. Nous sommes écœuré.e.s car ce travail de plusieurs années est sur le point d’aboutir dans quelques mois !
Nous dénonçons ce procès et cette décision qui affirment l’existence d’un monde dans lequel les initiatives portées par une volonté d’indépendance morale et financière vis à vis des pouvoirs publics, cherchant dans la solidarité et le collectif des réponses à l’individualisation du monde, ne sont non seulement pas écoutées, mais écrasées d’un revers de formulaire.
Nous réclamons notre droit de faire appel de cette décision de justice ainsi que la nécessaire suspension du caractère exécutoire ordonnée par le TGI.
[L’écluse, c’est quoi ?]
Connue pour ses concerts à forts décibels en 2012 et 2013, moins pour ses ateliers savon, couture, ciné-club et discussions, l’écluse se veut être un centre social autogéré. C’est-à-dire un espace d’activités et de rencontres mis en œuvre par les participants eux-mêmes. Les activités que le collectif travaille à développer aujourd’hui sont : jardinage, réparation de vélo, radio, local de répétition de musique. Toutes ces activités colmatent des brèches sociales, répondent à un besoin ressenti par beaucoup de rémois.e.s et sont complémentaires aux offres de services et d’activités dans le bassin rémois.
L’écluse est un lieu alternatif, unique et hors norme, tentant d’exister dans une société de plus en plus normée.
Association l’Écluse
4 rue la Cerisaie
51100 Reims
ecluse@mailoo.org
www.ecluse-reims.org
P.S : Une pétition est également disponible sur change.org.
[Publié le 17 février 2018 sur Indymedia-Lille.]