Cette semaine, pendant cette période de trêve et de simple «déblaiement des habitats détruits et maintien de l’ordre», nous, équipe médic de la zad & collectif de soignant.e.s mobilisé.e.s sur la zad, déplorons 33 blessé.e.s : 14 personnes touchées par des grenades de désencerclement dont un traumatisme abdominal, une atteinte de la face et une personne évacuée ; 12 personnes touchées par des flash balls dont un traumatisme abdominal et une fracture ; 2 personnes présentant des traumatismes thoraciques ; 1 personne ayant fait une crise d’angoisse suivie d’un état de stress post traumatique lié aux gaz et à une action physique : clé d’étranglement de la part des gendarmes ; 2 personnes souffrant d’un trauma auditif par grenade GLI-F4 ; 1 personne brûlée par la chute d’un palet lacrymogène brûlant ; 1 personne intoxiquée par les gaz.
À tout cela s’ajoutent les séquelles à court, moyen et long terme qui font suite aux différentes blessures : difficultés à se déplacer, à conduire, douleurs violentes et persistantes, cicatrices, incapacité à se rendre au travail, syndromes de stress post traumatique nombreux…
Nous rappelons que depuis le 9 avril, début des opérations d’expulsions, nous avons recensé 305 personnes blessées. Ce chiffre est quant à lui toujours sous-estimé car toutes les personnes blessées ne sont pas prises en charge à nos postes médicaux.
Nous voulons témoigner précisément de l’évacuation de cette semaine. Une personne s’est rendue à un poste médical, elle présentait un éclat profond au bas de la cuisse, derrière le genou. Deux jours plus tard, elle manifestait des signes d’infection, nous avons donc choisi de l’évacuer vers les services hospitaliers. Cette personne a du se faire opérer pour retirer l’éclat qui faisait deux centimètres. Elle s’en est sortie avec 4 points de suture et une antibiothérapie renforcée.
L’éclat en question est l’une des pièces qui sert au mécanisme d’un type de grenade. C’est le quatrième éclat de cette sorte que nous retrouvons dans les chairs depuis le début des expulsions. Un a été extrait d’une cuisse. Pour les trois autres personnes blessées, des extractions chirurgicales en bloc opératoire ont été nécessaires (comme décrit plus haut). La seconde personne ayant été transférée vers des services hospitaliers avait reçu l’éclat dans une dangereuse proximité avec la colonne vertébrale (à 1 ou 2 cm). La troisième personne quant à elle avait reçu l’éclat dans le mollet.
Nous sommes donc aujourd’hui très inquiet.e.s de retrouver des éclats métalliques de 2 cm dans les tissus profonds et aussi proches de parties vitales. Ces éclats, mal placés, pourraient avoir des conséquences dramatiques pour les personnes touchées. Nous alertons à nouveau la préfecture et les forces de gendarmerie : il est impératif, pour la sécurité des personnes, que cela cesse !
Ici, depuis le 9 avril, nous ne cessons de constater l’usage potentiellement létal des armes de la police qui blessent, mutilent, traumatisent, et bientôt tueront si cette brutalité d’intervention perdure.