Deux immeubles d’habitation, dont la rénovation étaient à la charge de la SOLEAM depuis 2011, se sont entièrement effondrés ce lundi matin vers 9h, aux numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne, à Noailles. Au moment de cette publication, on ne sait pas s’il y a eu des victimes parmi les habitant.es [Note de Squat!net: le 7 novembre, au moins six personnes ont été retrouvées mortes sous les décombres. D’autres personnes sont encore portées disparues…].
C’est la ville de Marseille qui était donc propriétaire du 63. Elle devait y installer une micro-crèche. Il était a priori inhabité. En revanche, l’immeuble du 65 rue d’Aubagne était habité. Selon Marsactu « quelques minutes avant l’effondrement, du linge séchait aux fenêtres du premier étage. » Lors de l’intervention des secours, un troisième bâtiment, le 67, s’est également effondré, après avoir été évacué.
L’immeuble du 63 rue d’Aubagne avait déjà fait l’objet d’un arrêté de péril et d’une mise en sécurité dans le cadre des missions d’ « éradication de l’habitat insalubre » piloté par la société Marseille Habitat. Cette société d’économie mixte est l’organe de la mairie en charge de la gestion, préemption, « revitalisation », « revalorisation » et « requalification » du patrimoine immobilier Marseillais. C’est via cette société que la mairie préempte les bâtiments et les achète à bas coût, devenant propriétaire de vaste « îlots », dont le réaménagement est ensuite confié à l’une des autres sociétés d’économie mixte dans laquelle elle a des part ou des intérêts.
Un article de Marsactu datant de 2016 citait déjà le 63 rue d’Aubagne : « Au 63 rue d’Aubagne et au 13 rue de l’Arc, des oriflammes sales jadis bleus flottent au vent. La société d’économie mixte de la Ville, Marseille Habitat, y annonçait fièrement que ces immeubles allaient faire l’objet de rénovation dans le cadre d’un plan d’éradication d’habitat indigne (EHI). Dans le premier, des travaux de consolidation ont été entrepris mais semblent arrêtés. Un salon de coiffure sans nom s’est installé au rez-de-chaussée. Le coiffeur, gêné, se refuse à tout commentaire en l’absence du patron, injoignable. Il ne veut pas dire non plus si l’immeuble est actuellement occupé. Une forte odeur de moisi ne rassure pas le visiteur sur l’état du bâti. »
La fameuse SOLEAM, dont l’adjoint au maire est également directeur, fait partie de ces sociétés d’économie mixte, en charge du réaménagement urbain à Marseille. Dans le cadre de l’opération d’aménagement « Grand Centre Ville », la ville de Marseille avait confié en 2011 la réalisation de l’aménagement du quartier Noailles à la SOLEAM.
Entre l’absence de fond investi dans la réhabilitation de certains immeubles vétustes (drame qui aura peut-être coûté la vie de quelques personnes) et les 400 000 euros investis à la Plaine pour la construction du mur, on est en droit de se demander comment la SOLEAM pense-t-elle ses priorités.
Dépenser 20 millions d’euros pour gentrifier une place qui ne nécessite que quelques réparations et ne rien investir dans la rénovation d’immeubles délabrés, c’est un choix. De la farce grotesque au drame, il n’y a qu’un pas que la SOLEAM franchit allégrement en réaffirmant son mépris des classes populaires, et en assumant le fait que ses profits valent plus que nos vies !
Le Syndicats des Quartiers Populaires de Marseille appelle à une réunion de quartier, par et pour les habitant·es, commerçant·es et associations de Noailles le mercredi 7 novembre au 11 rue de l’Arc à 18h.
[Publié le 6 novembre 2018 sur MIA.]