St-Jean-du-Gard (Cévennes): appel à soutien et retour sur les derniers évènements de La Borie

Qu’est-ce que La Borie et pourquoi ce lieu est à défendre:

Cet endroit au coeur des Cévennes est une terre de résistance depuis 30 ans. Résistance face à un projet de barrage qui allait détruire la vallée du Gardon, expropriant les paysans. La lutte l’a emporté et le projet de barrage a été arrêté.

Depuis, le lieu n’a cessé d’être occupé par différentes entités, dont un collectif avec pour base des valeurs autogestionnaires, féministes, anti-psy et anti-autoritaires. Ce collectif y a construit un refuge, un espace hors de la temporalité capitaliste, un lieu d’accueil et en dehors des rapports monétaires. Il est peuplé par des personnes de tout âge, avec des enfants en liberté, qui l’ont façonné à leur manière.
La situation a évolué avec la nouvelle municipalité, passée à un notable local dont la famille dirigeait l’entreprise en charge de la construction du barrage, bien décidé à expulser le lieu.
Les voies juridiques de recours viennent d’être épuisées et le lieu est désormais expulsable.

– Les derniers évènements:

Les habitant-es de La Borie ont vu lundi dernier une des deux pistes d’accès au lieu se faire dégager par une pelleteuse. Celle-ci était bloquée pour rendre plus difficile toute intervention policière. Elle a ensuite été rebloquée la nuit suivante.
Peu de temps après, une info tombe : la municipalité, encore propriétaire du lieu, aurait signé un bail sur toute la Borie, comprenant une option d’achat, avec une personne ayant comme projet un « Camping EcoVillage ».
Les habitant.e.s, à leur grande surprise, ont appris qu’elle avait déjà commencé à habiter à la Mielerie (l’une des maisons de la Borie) et qu’elle était à l’initiative de la venue de la pelleteuse: selon ses dires ce n’était donc pas une préparation d’expulsion par les autorités.

Celle-ci a fini par rencontrer le collectif samedi matin, lui apprenant son existence, confirmant les rumeurs de rachat de La Borie et expliquant qu’elle s’était entendue avec la mairie pour laisser au maire la charge de l’expulsion. Cet échange a été violent symboliquement pour le collectif, se trouvant à devoir subir la hiérarchie imposée par cette personne, sans avoir été aucunement consulté.

Celle-ci a pour projet de s’installer à la Borie, amenant avec elle des jeunes en rupture qu’elle a accompagné dans une structure de réinsertion et qu’elle veut aider à s’installer: agriculteur bio, médecin, aromathérapeute.

Le collectif a décidé de geler l’avancée de son installation, lui demandant de partir, le temps d’éclaircir la situation. Elle dit depuis vouloir composer avec notre présence.
Elle a informé de la venue ce lundi d’un employé de Domaine de France, chargé de l’expertise financière de La Borie, potentiellement accompagné de forces de l’ordre. Elle nous a précisé qu’elle ne souhaitait pas la présence de personnes en uniforme, qu’elle refusait qu’il y ait de la violence ou que « du sang coule ».

Lundi matin, cet employé est venu accompagné par des gendarmes, policiers municipaux et PSIG (équipe d’intervention spéciale de la gendarmerie).
Pour éviter toute intervention du PSIG et après discussion avec la « future propriétaire », il a été accepté à contre-coeur de le laisser entrer, avec pour seule escorte un policier municipal afin d’expertiser uniquement les maisons du coté de la mielerie.

Sur l’ordre du jour du conseil municipal de Saint-Jean-du-Gard de ce Lundi 27 mai, il était question de la signature de la Convention d’Occupation de La Borie. Le collectif a donc décidé d’y faire un tour, déguisé.es, pour faire présence dans cet espace qui juge de notre sort sans nous consulter. Des personnes ont interpellé le maire en lui demandant si il allait bel et bien mettre des dizaines de personnes à la rue. Après quelques raclements de gorge gênés, il a répondu qu’il le ferait.

Mardi, la future propriétaire a eu rendez-vous avec le maire et lui a demandé qu’il n’y ait pas d’expulsion. Selon ses dires, il s’est engagé oralement à ne pas le faire tant que tout se passerait bien entre le collectif d’occupant.es de La Borie et elle. Et cela sans pouvoir produire d’attestation ou quoique ce soit ayant valeur juridique.

Ca laisse le collectif dans le flou, toujours vulnérable face à une expulsion, et soumis au bon vouloir de cette nouvelle arrivante, sous peine de devenir indésirable.

Nous sommes dans cette situation d’instabilité, au jour le jour, tiraillés entre nos valeurs et nos craintes. Nous gardons la certitude que La Borie est un espace d’agriculture respectueuse, un refuge pour les existences hors normes, incompatibles avec la société. Il est clair que nous ne voulons pas de toute forme de gentrification et d’industries touristiques dans ces terres communes.

Besoin de soutien:

Plus que jamais, La Borie a besoin de soutien, pour que son collectif tourne et ne s’épuise pas, pour occuper l’espace, préparer sa défense face à de potentielles futures expulsions.
Nous sommes ouvert.e.s à toutes les énergies. La Borie est accueillante et hospitalière. Y’a de la place pour construire des cabanes, planter des trucs..

Liste non-exhaustive de besoins matériels:
– Matériel de médic
– Talkie walkies
– Matos de protection en cas d’expulsion
– Matos peinture
– Jumelles
– Draps/banderoles
– Bouffe
– Batteries 5V/12V
– Lames de scie sauteuse et forets (bois, métaux…)
– Pinces coupantes
– Bougies/Lanternes/Frontales

Contact: nonauxexpulsionslaborie@@@riseup.net

[Publié le 29 mai 2019 sur le blog de La Borie.]