Grenoble: communiqué d’habitant.e.s de la Malaprise à propos des perquisitions du 26 novembre

Le 26 novembre, six lieux situés à Grenoble ou alentours (ZAD, coloc et squats) ont été perquisitionnés dans le cadre de l’enquête sur des incendies de 2017 à 2019. L’article publié sur cric-grenoble.info fait un bilan de ces opérations.

Ce communiqué exprime la position d’habitant.e.s de la Malaprise et d’anciens habitants ayant participé au processus de conventionnement.

Dans la dernière année, les habitant.e.s de cette maison squattée ont négocié avec la ville dans le but d’éviter une expulsion et de pérenniser son rôle de refuge pour personnes queer et l’habitat de personnes précaires. Des limites posées dans la convention devaient limiter l’ingérence de la ville et ses tentatives de récupération.
Après cette perquisition, survenue quelques jours après la signature de la convention, une adjointe au maire et la directrice du CCAS Grenoble ont profité de la situation pour approcher des habitant.e.s. Elles ont proposé une aide matérielle (couvertures, remplacement de téléphones perquiz, réparation de la porte) et juridique (avocat pour récupérer les affaires saisies et pour porter plainte pour perquisition abusive, transphobie et racisme). L’aide juridique pour les affaires a été acceptée individuellement par deux personnes présentes pendant les perquisitions mais ne voulant plus participer à la vie du lieu et ne participant pas à la rédaction de ce texte.
Nous ne nous faisons pas d’illusions sur les motivations de ces démarches, que nous rejetons. Elles s’inscrivent dans la tentative de récupération de la Malaprise en vue des prochaines élections municipales. En privilégiant cette maison conventionnée, la ville tente aussi de nous dissocier des lieux toujours squattés à Grenoble et autour, des camarades et compagnon.ne.s qui tentent d’ouvrir des lieux de vie et sont systématiquement expulsé.e.s avec la collaboration de ces mêmes fonctionnaires et élu.e.s, ainsi que des personnes rroms ou roumaines dont les campements sont régulièrement détruits par la police, comme la semaine dernière près du cours Berriat. Nous sommes solidaires de toutes les personnes touchées par ces perquisitions et par la répression.

La mairie prétend aussi porter plainte contre l’État pour l’ensemble des perquisitions, afin de mettre en scène dans les tribunaux un affrontement factice, leur donnant une image de rebelle, et masquant la continuité des politiques répressives de la mairie à l’encontre des personnes sans-papiers et du contrôle social des pauvres effectué par les mêmes personnes qui nous amènent des couvertures.

La mairie s’est engagée à mettre aux normes les installations électriques et de gaz, à subventionner le lieu, et est devenue notre propriétaire. Mais certainement pas notre alliée politique : elle s’est engagée par la convention à respecter l’autonomie de la Malap’, à ne pas tenter d’ingérence ou de récupération.

Nous rejetons leur stratégie de division et souhaitons construire une réponse commune avec l’ensemble des lieux et personnes touchées par cette opération.

[Publié le mercredi 4 décembre 2019 sur Indymedia-Nantes.]