Montpellier: familles expulsées, bâtiments occupés!

Familles expulsées, bâtiments occupés!

Le 10 juillet, devant associations, collectifs, occupants de squats et syndicats, alors que le préfet se montrait rassurant quand à la situation des squats durant l’été, et ne parlait que de la situation «problématique» de l’ancien Institut Bouisson Bertrand, il préparait en realité des expulsions pour le 23. Expulsions qui ont touché deux bâtiments du centre-ville, mettant ainsi une cinquantaine de personnes et familles vulnérables à la rue, et d’autres en détention en CRA. La généreuse solution fournie : 3 nuits d’hôtel et retour à la violence de la tente dans la rue.

Connaissant le CV de l’actuel préfet de l’Hérault, Jacques Witkowski, nous n’avions pas eu foie en sa promesse du 10, et avons donc décider d’occuper depuis le 15 juillet ce bâtiment communal resté trop longtemps vide et muré, afin de reloger les personnes que Jacques a mis dehors en plein pic de chaleur, et durant la plus grosse crise sanitaire que nous ayons connu depuis le début du siècle, mettant ainsi en danger directement les personnes concernées et la population montpelliéraine.

Depuis maintenant plus d’une semaine nous sommes habitants et habitantes de cet endroit et comptons reloger ces personnes qui ont été mises à la rue il y à 3 jours.

L’expulsion des squats ne résout pas les problèmes de la précarité, il le déplace en l’invisibilisant et en brisant les solidarités qui se créent dans les lieux occupés collectivement.

Ne laissons pas la Préfecture détruire des vies.

OKUPA Y RESISTE!


La Préfecture ment, la rue agit : après les expulsions, nouvelle occupation (réquisition) d’un bâtiment à Montpellier

Le 10 juillet, date de la fin de la trêve hivernale, un collectif composé de plusieurs associations de défense des droits de l’Homme (LDH, DAL, Cimade), de collectifs squats et de syndicats (FSU, CGT, Solidaires) avait demandé, lors d’un rendez-vous avec la Préfecture, un moratoire sur les expulsions de squats à Montpellier.

Lors de cette réunion, le sous-préfet Philippe Nucho aurait annoncé que la priorité de la Préfecture était l’expulsion du squat “Bouisson-Bertrand” à Euromédecine, tenu par l’association Solidarité Partagée et accueillant plus de 200 personnes. Pressé notamment par les représentants des collectifs de petits squats, dont le CSA Bonnard, et des syndicats, le sous-Préfet s’est engagé, selon plusieurs sources présentes, à ne pas mettre à la rue les “familles avec enfants“.

Une trahison préfectorale ?

Or, comme l’ont relaté nombre de médias de la presse régionale et nos camarades du Poing, stupeur mercredi 22 juillet : le Casa del Sol, et surtout, le CSA Bonnard qui accueillait plus d’une cinquantaine de personnes dont des familles, cinq mineurs, ont été expulsées par une intervention policière. Drôle de sens de la priorité. Dix d’entre elles, en situation irrégulière, ont été prises en charge par la police aux frontières, certaines placées en centre de rétention administrative. Dans un communiqué de presse, le Préfet Jacques Witkowski assume ces expulsions et les justifie : “ces occupations illicites placent les personnes qui s’y sont installées dans des conditions sanitaires et sociales indignes“.

M. Witkowski propose donc aux expulsé·es et leurs enfants quatre nuits d’hôtel avant de se retrouver à la rue, bel exemple du sens de la dignité de l’État, qui avait pourtant trouvé bien commode de pouvoir se reposer sur les squats pendant le confinement, alors que l’hébergement d’urgence sur notre territoire était plein à craquer et que les occupations (réquisitions) s’étaient multipliées. Le Préfet a, comme d’habitude, sans doute considéré que ces quelques nuits à l’hôtel constituaient une solution de relogement viable.

Alors que le sous-Préfet s’est engagé auprès du collectif le 10 juillet, peut-on voir dans ce tête à queue du Préfet une tentative de décrédibilisation de M. Nucho, qui officiait déjà sous la direction de son prédécesseur Pierre Pouëssel ? Et permettre un peu de ménage dans l’ancien exécutif, en commençant par désavouer la parole de son subordonné ? Ou bien l’une de ces erreurs de communication interne si représentatives de la bureaucratie administrative étatique … ?

Comment expliquer cette volte-face auprès des milieux militants reçus moins de quinze jours auparavant, et qui s’est faite au prix de la stabilité de l’existence de ces familles ? Femmes, hommes et enfants, qui ne s’attendaient pas à se voir expulsées ainsi du jour au lendemain, en pleines crise sanitaire et période de pics de chaleur… Quoiqu’il en soit, le collectif a d’ores et déjà recontacté la Préfecture en l’attente d’une explication.

Des collectifs squats réalistes, et réactifs

Quoiqu’il en soit, des militant·es peu confiant·es dans l’engagement de la Préfecture, avaient anticipé l’expulsion du CSA Bonnard, et procédé le 15 juillet à l’occupation (la réquisition) d’un nouveau bâtiment, situé 1 rue Saint-Vincent-de-Paul près de Boutonnet et inoccupé depuis plusieurs années, afin d’y reloger les familles. L’annonce de cette occupation a été faite ce jour auprès de la mairie, propriétaire des lieux, par la Ligue des droits de l’Homme 34, et de nombreux militant·es et soutiens sont dès la fin de matinée venu·es en renfort.

La police nationale sur information de la municipale, s’est auto-saisie, et est venue dans l’après-midi reconnaître l’occupation. Après les constatations de la police scientifique, les agents se préparaient à recevoir un ordre d’intervention. Cependant, celui-ci n’est pas venu. Pendant plusieurs heures, les agents ne semblaient pas savoir dans quel cadre légal ils agissaient, et des doutes subsistaient sur l’existence d’une possible plainte par la municipalité. Militant·es et policier·es sont ainsi resté·es dans l’expectative un long moment, les un·es à l’ombre et les autres sous le soleil écrasant.

Delafosse ne veut pas faire tâche

Face à la médiatisation des récentes expulsions, la mairie, en tant que propriétaire, n’a pas souhaité que l’expulsion se produise, M. Delafosse ayant eu la bonne intelligence de s’épargner un mauvais coup de com’ en plein début de mandat en se mettant à dos les associations et collectifs qui luttent contre le mal-logement à Montpellier, et dont l’action est cruciale. Les demandes de logements sociaux dans le département sont en effet passées de 14000 à 40000 en quelques années. Selon la Fondation Abbé Pierre, environ 5000 personnes seraient expulsables dans la métropole.

Le collectif ayant procédé à l’occupation (la réquisition) a obtenu un rendez-vous avec les services municipaux ce lundi prochain pour envisager une pérennisation de l’occupation, le temps au moins que des propositions de logement décentes soient émises pour ces personnes sans-papiers ou en attente de régularisation. Le nouveau président de la métropole et maire de Montpellier pourrait bien faire d’une pierre deux coups s’il parvenait à trouver un relogement pérenne à ces personnes parmi les plus de 10000 logements vacants de la ville.

Alors que la Préfecture annonçait récemment avoir supprimé 145 des 320 places d’hébergement créées à la faveur de la crise du Covid 19, déjà largement insuffisantes, on estime qu’environ 4000 personnes sont SDF ou vivent en bidonville à Montpellier.


Nouveau squat Rue Saint-Vincent de Paul : les occupant·e·s lancent un appel à la solidarité et aux dons

Depuis plus d’une grosse semaine, plusieurs familles demandeuses d’asiles originaires d’Afrique ou d’Europe de l’Est logent dans un bâtiment communal après l’expulsion du CSA rue Bonnard, le 23 juillet. Face aux mensonges de la préfecture et à l’incurie des pouvoirs publics – proposant seulement quelques nuits d’hôtel sans solutions à plus long terme – la rue s’organise pour pallier aux lacunes de l’État. Les occupant·e·s ont récemment fait un appel aux dons et à la solidarité afin de rénover le lieu, et on déjà reçu de l’aide du voisinage. Un appel que le Poing relaie ici.

« La pref’ ment, la rue agit »

Simple et efficace, ce slogan placardé sous une fenêtre du bâtiment lors de son inauguration, illustre parfaitement la situation en matière de logement pour les personnes demandeuses d’asiles et précaires, à la veille d’une probable seconde vague de Coronavirus.
Le 10 juillet, le préfet de l’Hérault, Jacques Witkowski, se montrait rassurant quant à la situation des squats montpeliérains durant l’été lors d’une réunion avec des occupant·e·s de squats, des associations, syndicats et autres militant·e·s.

Des engagements presque immédiatement trahis : le 23 juillet, il faisait expulser des familles vivant dans un bâtiment occupé Rue Bonnard, ainsi que le Centre d’Actions Sociales Auto-géré (CASA) , quelques mètres plus loin.

Dans notre papier relatif à ces expulsions, Le Poing déplorait des divisions, au sein des squats de la ville, ainsi qu’une relative absence de militant·e·s lors de l’expulsion : « leurs dissensions, leurs guerres intestines, se soldent dans une culture des rancœurs et des rancunes, des reproches et récriminations. ». Derrière ces phrases, pourtant factuelles, se cache une erreur d’analyse de notre part à ce moment là.

Car force est de constater que malgré ses divisons internes, la rue -n’ayant pas confiance en les discours préfectoraux- sait s’unir face à l’urgence pour agir. En effet, Le bâtiment 1 rue Saint-Vincent de Paul était occupé depuis le 15 juillet (selon un communiqué des occupant·e·s), soit 8 jours avant l’expulsion de la Rue Bonnard.

La réponse politique et militante aux mensonges du préfet est forte, marquée. Cette ouverture a permis de reloger plusieurs familles de demandeurs et demandeuses d’asiles. « Une cinquantaine de personnes » selon la personne qui nous fait visiter les lieux.

Appel aux dons et à la solidarité

C’est une jeune fille d’une douzaine d’années, originaire d’Europe de l’Est, qui nous sert de guide pendant que sa famille s’attelle à quelques rénovations :

« Ici c’est notre chambre, tu peux la prendre en photo ».

Plusieurs couloirs mènent à d’autres chambres des deux côtés du pallier, et un escalier conduit à une salle commune au second étage.
« En haut il y a la salle commune, il y a une cuisine. C’est là ou on fait les réunions. On a l’eau et l’électricité. » .

Elle assure que les relations avec le voisinage – la maison d’enfants Marie Caizergues- sont plutôt paisibles. « Ils sont gentils, ça se passe bien. ils nous ont apporté quelques trucs -aliments et produits d’hygiène- et ils nous laissent un espace extérieur ».

Autour de nous, ménage et travaux, car la bâtisse est restée longtemps à l’abandon. A ces réparations chronophages s’ajoute un certain stress lié à la précédente expulsion et son lot d’incertitudes et de chambres d’hôtels temporaires sans solution perenne pour la suite.

Les occupant·e·s en appellent donc à la solidarité pour des petits travaux de rénovation.

Un appel aux dons a également été rédigé sur une banderole suspendue à une fenêtre : « eau, nouritture, produits d’hygiène, literie et matelas », le nécessaire pour le ménage et de l’argent pour les rénovations à faire.

Pour donner un coup de main, rendez-vous 1 Rue Saint-Vincent de Paul !


Nouveau squat St-Vincent-de-Paul à Montpellier : appel aux dons et à la solidarité

Jeudi 30 juillet, début d’après-midi. Le soleil écrase de sa chaleur l’angle des rues de l’Abbé de l’épée et Saint-Vincent-de-Paul. Au milieu de la façade décrépie de ce bâtiment longtemps abandonné, une ancienne porte, murée et recouverte de l’image d’un Pierrot de la Lune. Au-dessus, une banderole prend le vent : “Appel à dons”, avec une liste de produits de première nécessité.

Relogement d’urgence réussi

Cela fait presque une semaine que la déclaration de l’ouverture de ce nouveau squat a été faite auprès des pouvoirs publics et de la presse, à la suite des expulsions touchant le CSA Bonnard. Les ouvreurs et ouvreuses ont fait place aux familles de demandeurs d’asile originaires d’Afrique ou d’Europe de l’Est, et peu à peu la vie s’organise. La Mule est accueillie par E., géorgien qui semble chapeauter l’organisation des lieux, essentiellement tournés vers l’accueil de familles.

Très affable bien qu’interrompu au beau milieu de travaux de plomberie, il nous fait faire le tour du propriétaire. Pour l’instant, entre cinquante et soixante personnes ont déjà investi le bâtiment, dont une vingtaine d’enfants de tous les âges. Nombreux résidents s’affairent à de petites rénovations, du nettoyage et du rangement. Il faut notamment prévenir de tous risques pour les enfants qui évoluent dans un bâtiment abandonné pendant plus de cinq ans. Les chambres sont réparties en secteurs correspondant aux origines géographiques des habitant·es. La cuisine est déjà opérationnelle. La cour accueille les jeux des enfants.

Un appel aux dons et à la solidarité

La rapidité avec laquelle les lieux se sont remplis témoigne de la réalité de la précarité des migrant·es et demandeurs d’asile à Montpellier. Selon les témoignages, la transition entre le CSA Bonnard et ce nouveau bâtiment a été vecteur de stress et d’incertitudes, et le placement en chambres d’hôtel pour seulement quatre nuitées, une solution illusoire bien que sécurisante pour les enfants. Depuis leur installation, il.elles ont bénéficié de la solidarité de voisins qui leur ont fourni vivres et produits d’hygiène.

Toutefois, entre le manque de ressources et d’argent, et le temps dépensé à rénover les lieux, les habitant·es vivent toujours dans une certaine précarité. C’est pourquoi un appel aux dons et à la solidarité a été lancé : eau, nourriture, produits d’hygiène, literie et matelas, produits de ménage ou de bricolage, argent… Tout ce qui peut servir est bienvenu ainsi que les coups de main solidaires en matière de travaux de rénovation.


Squat rue Saint-Vincent de Paul
https://squ.at/r/7ymj

Des squats à Montpellier https://radar.squat.net/fr/groups/city/montpellier/country/FR/squated/squat
Des squats expulsés: https://radar.squat.net/fr/groups/city/montpellier/field_active/1/squated/evicted
Des groupes à Montpellier https://radar.squat.net/fr/groups/city/montpellier/country/FR
Des événements à Montpellier https://radar.squat.net/fr/events/city/Montpellier

Les sans papiers https://radar.squat.net/fr/groups/topic/sans-papiers


[ La Mule du Pape, le 25 juillet 2020 https://www.lamuledupape.com/2020/07/25/la-prefecture-ment-la-rue-agit-nouvelle-requisition-dun-batiment-a-montpellier/
Le Poing, le 2 août 2020 https://lepoing.net/nouveau-squat-rue-st-vincent-de-paul-les-occupant%c2%b7s-lancent-un-appel-a-la-solidarite-et-aux-dons2/
La Mule du Pape, le 31 juillet 2020 https://www.lamuledupape.com/2020/07/31/nouveau-squat-st-vincent-de-paul-a-montpellier-appel-aux-dons-et-a-la-solidarite/].