Le pavillon occupé par des réfugiés
Une dizaine d’Afghans, expulsés du camp de Saint-Denis le 17 novembre dernier, et leurs soutiens occupent le Pavillon, bâtiment situé au sud de l’île.
Il est nécessaire de rappeler le contexte. Ces réfugiés se sont retrouvés sans solution le soir du démantèlement. On se souvient des scènes de chasse à l’homme qui ont eu lieu dans la banlieue nord et qui nous ont glacé le sang. On se souvient de la violence avec laquelle la place de la République a été évacuée.
Depuis ces personnes ont vécu dehors, se cachant pour ne pas être arrêtés, gazés et dépossédés de leurs affaires, évitant tout contact avec ceux-là mêmes qui pouvaient les aider.
Ces dix réfugiés et leurs soutiens ont investi le lieu municipal du Pavillon, voué à des activités associatives.
Dimanche 3 janvier, après les 48 heures réglementaires, elles ont rendu publique l’occupation du bâtiment.
Il est bon de signaler que le Pavillon, jusqu’à mars 2020, était investi par l’association Initiatives Construites Ilodyonysiennes (ICI, association d’architectes qui a bénéficié de subventions publiques et privées), mais que le bail de trois ans ne leur a pas été renouvelé par la mairie de l’Ile-Saint-Denis, sous prétexte que des travaux de mise en conformité sont nécessaires.
En 2017, il était déjà question d’une maison de quartier avec des activités : on prévoyait pour la rentrée de septembre, des cours de musique, une ludothèque, un bar à chicha associatif, des cours de menuiserie, production de petits objets pour initier à l’artisanat
Il est bon aussi de signaler que dans le NPRU, nouveau programme de rénovation urbaine (validé en 2019), est envisagée la démolition du bâtiment.
Depuis le mois de septembre, le collectif qui a participé à la réouverture du Pavillon a rencontré des conseillers municipaux pour les alerter de la situation de certaines personnes vivant dehors après avoir été expulsées, et ce à plusieurs reprises.
En particulier, il a été demandé aux élus s’il était possible d’ouvrir un gymnase ou un autre bâtiment pour que les réfugiés puissent avoir un minimum de conditions de vie dignes. La réponse a toujours été la même : la ville n’a pas de locaux, la ville ne peut rien faire, la ville fait partie des municipalités les plus pauvres et c’est dans les villes de Seine-Saint-Denis que viennent se réfugier les personnes sans toit.
La mise à l’abri de réfugiés ne semble pas incompatible avec les différentes activités associatives passées ou futures.
Affirmons notre solidarité : aidons tous les réfugiés, qu’ils soient victimes des guerres que nous fabriquons, nous pays riches, qu’ils soient victimes de l’économie et de l’empire occidental, qu’ils soient victimes des changements climatiques.
Ne rejetons pas la faute et la responsabilité sur quelques autres plus compétents et mieux équipés en la matière : les riches n’ont jamais rien fait pour les pauvres encore moins pour les pauvres d’entre les pauvres.
Soyons capables d’abandonner un petit peu pour aider nos frères et nos soeurs!
L’Ile Saint Denis: la solidarité n’est pas juste un mot
Qu’est ce tu vois lorsque tu te balades a travers l’île Saint Denis- sur les bords de Seine, en dessous des ponts, à travers les squares et les parcs ? Ici et là, des personnes désespérées se cachent dans des tentes, dans des constructions fragiles, faites de plastique et de bois, derrière des buissons, dans n’importe lequel des trous qu’ils peuvent trouver. Ils tentent d’échapper au froid et aux policiers, qui les pourchassent avec leurs matraques, leurs chiens et du gaz lacrymogène.
Durant les dernières semaines, nous avons pu constater, à plusieurs reprises, que personne n’utilisait le bâtiment du Pavillon en chantier. Qu’est-ce que nous avons vu ? Que les portes étaient restées ouvertes, que les poubelles étaient remplies à ras bord et qu’il y avait des détritus partout. Que les travaux étaient à l’abandon, qu’une odeur nauséabonde de nourriture laissée dans des frigos éteints se répandait partout, que le jardin était recouvert de feuilles mortes, que le bâtiment était franchement moisi.
Triste cliché de nos jours, que de vivre des scènes dignes d’un film de zombie. Ça y ressemble vraiment, une maison abandonnée dont les habitant.e.s ont fui l’Apocalypse. Une maison qui pourrait être un refuge pour échapper au froid et à la menace constante du monde extérieur.
Nous avons investi le bâtiment. Maintenant nous rangeons, réparons des choses et l’on s’organise pour s’entraider avec les voisins. Le pavillon est devenu un toit pour ces personnes qui ont traversé l’hiver dans le froid. Mais aussi nous tenons à ce que le bâtiment ne soit pas abandonné une seconde fois. Dans les prochains mois cela deviendra un endroit ouvert et la vie y reviendra, il sera à la fois une maison de quartier, un lieu de sociabilité, un centre culturel et un vecteur d’entraide et d’organisation pour le voisinage.
Est-ce qu’on aurait dû attendre la fin de la crise du covid? Est-ce que nous devons attendre que les autorités fassent quelque chose?
Pour nous, c’était très clair : d’un côté nous avons des gens sous les ponts qui ont froid et de l’autre côté il y a des bâtiments laissés à l’abandon. Mais le monde institutionnel à une logique différente reposant sur des règles, des budgets, des subventions et des enjeux électoraux.
En suivant la logique officielle, beaucoup de choses restent possibles. On peut construire des centres commerciaux comme Marques Avenue, on peut bâtir en bétonnant des écoquartiers (avec des appartements à prix élevés, quelques arbres en décoration feront l’affaire pour un éco-label), on peut organiser un grand show mondial de jeux olympique à plusieurs milliards d’euros co-financé par Total. Tous ces projets, eux, continuent ; malgré la pandémie du covid et l’urgence sanitaire, contrairement aux « travaux » dans ce pavillon.
Par contre on ne peut pas faire quelque chose qui pourrait aider ceux qui se terrent dans des parcs ou font la manche dans la rue. C’est comme ça que le monde fonctionne, et c’est hors de notre contrôle, nous apprend-t-on.
Nous refusons d’accepter cette logique officielle. Nous ne voulons pas vivre dans un monde de zombie. Nous avons des idées différentes de comment le monde peut être. Nous pouvons investir des bâtiments à l’abandon pour leur redonner vie, aider des réfugiés à dormir au chaud et ne pas mourir d’hypothermie, et se rencontrer avec les voisin.e.s, apprendre à s’aider les un.e.s les autres pour changer les choses.
Nous ne pouvons pas reste assis et attendre que quelqu’un.e enfin fasse quelque chose, nous devons prendre des initiatives. La solidarité n’est pas juste un mot- elle prend vie avec l’action.
Présentation du Pavillon Solidaire
Que faisons-nous?
Le Pavillon est un bâtiment au sud de l’Ile Saint Denis qui est vide depuis février 2020. Nous avons occupé le bâtiment pendant la Nouvelle Année, et dix réfugiés d’Afghanistan y vivent maintenant.
Le bâtiment appartient à la mairie et était utilisé par des associations locales. Cependant, il a été laisse à l’abandon depuis le mois de février de l année dernière.
Nous avons deux objectifs:
1) Fournir un abri aux personnes exilées;
2) S’assurer que le bâtiment ne pourrisse pas, et qu’il puisse accueillir comme espace de vie les activités du quartier.
Qui sommes nous?
Certain.s d’entre nous sont des réfugiés d’Afghanistan, certain.es – des résident.es de l’Ile Saint Denis depuis longtemos, et d’autres – des ami.es de différents endroits et pays. Certain.es d’entre nous sont impliqué.es dans des collectifs et associations locales, d’autres sont simplement des individus. Nous invitons tou.te.s nos voisin.es à nous rejoindre et à participer au projet.
Qui écrit sur ce blog?
Différents individus et groupes sont libres à publier leurs réflexions sur ce blog. Les textes ne reflètent pas nécessairement les opinions de toutes les personnes impliquées dans le projet du Pavillon Solidaire. Contactez-nous si vous souhaitez partager vos mots ou images ici!
Pavillon Solidaire
2 Quai de l’Aéroplane, 93450 L’Île-Saint–Denis
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Le Pavillon Solidaire:
– le 8 janvier 2021 https://pavillonsolidaire.noblogs.org/post/2021/01/08/lile-saint-denis-le-pavillon-occupee-par-des-refugies/
– le 7 janvier 2021 https://pavillonsolidaire.noblogs.org/post/2021/01/07/lile-saint-denis-solidarity-isnt-just-a-word/
– https://pavillonsolidaire.noblogs.org/presentation/