Trois piliers de la culture et de la politique autonomes et alternatives à Ljubljana.
Le mouvement anarchiste de Ljubljana participe activement à la co-création de la scène alternative depuis plus de dix ans. Il s’agit notamment du centre culturel autonome Metelkova, de l’usine autonome Rog et de Radio Študent. À une époque de dévastation néolibérale du l’espace public et du non-commercial, ces espaces représentent de rares points lumineux qui rendent la vie plus supportable dans une Ljubljana de plus en plus gentrifiée, ce qui explique pourquoi de nombreuses personnes n’ont pas encore déménagé.
Ces derniers temps, nous pouvons observer comment les élites – qu’elles soient étatiques, municipales ou étudiantes – tentent d’encadrer l’action libertaire selon leurs propres critères ; les critères du clientélisme, du profit et de la servilité. On a tenté de faire correspondre l’usine autonome Rog au centre hipster Tobacco, Metelkova à l’élitiste Kino Šiška, et Radio Študent à une radio commerciale. Les tendances néolibérales et la cupidité des élites de la ville poussent de plus en plus de personnes à la marge, et la pression du capital sur les individus et les structures non conformistes s’est intensifiée ces dernières années.
La voix critique et la résistance sont systématiquement réprimées de diverses manières. Si vous n’êtes pas disposé à vous vendre, vous êtes soumis à des sanctions, qui peuvent se traduire par une réduction de l’autonomie par le biais de changements dans les structures décisionnelles des organisations ou par des pénalités financières et des interventions répressives. Ce qui arrive à Radio Študent n’est pas nouveau – tant pour la radio elle-même que pour de nombreux autres acteurs plus ou moins autonomes de Ljubljana. Beaucoup ont déjà succombé à la pression des différentes cliques, car il n’est pas facile de rester sur les barricades. C’est pourquoi il est d’autant plus important en ces temps que les autonomes et les anti-autoritaires restent ensemble, malgré nos différences, et soient solidaires les uns des autres. Pas seulement maintenant, et pas seulement pour Radio Študent, mais partout où cela est nécessaire, sinon notre scène sera démantelée pièce par pièce. Dans l’écosystème complexe d’autonomie que nous formons, un changement dans le rapport de force de l’un.e affecte toustes les autres.
Ce que nous considérons comme acquis aujourd’hui est le résultat de nombreuses luttes. La tradition sur laquelle repose la scène alternative et autonome et son développement impressionnant pour une région aussi périphérique, dont fait partie Ljubljana, est le résultat d’un long processus dans lequel Radio Študent joue un rôle non négligeable depuis plus de 50 ans, ce qui en fait, entre autres, la plus ancienne radio étudiante autonome d’Europe.
Par ses fréquences, elle a donné et continue de donner une voix à de nombreuses personnes marginalisées et ouvre un espace pour des idées alternatives. La radio étudiante est aussi un foyer pour le développement d’idées et de pratiques qui vont au-delà de l’idéologie dominante. Radio Študent est l’un des rares espaces communautaires physiques de Ljubljana qui n’est pas à vocation commerciale, où se déroulent de nombreux événements et réunions. C’est une plaque tournante et une pépinière pour de nombreux esprits critiques. Et c’est une institution alternative à part entière. Son mode d’organisation unique, qui donne à toustes les participant.es un pouvoir de décision considérable à travers les réunions du comité de rédaction élargi, les élections du directeur, du rédacteur en chef et des rédacteurs de secteur, la participation des contributeur.trices élu.es au conseil fondateur de l’institution, et le syndicat, créé en 2004 pour défendre la radio, montrent l’omniprésence de cette institution, qui dépasse la sagesse des ondes.
D’autre part, nous avons une organisation étudiante, qui représente tout ce que Radio Študent n’est pas. Le SUS est un produit de la jeune élite de l’État nouvellement formé et de son enthousiasme néolibéral, qui, en finançant généreusement l’organisation étudiante nouvellement formée, a créé une éclosion de sous-classe élitiste. Une sous-classe qui, grâce à des millions de dons, apprend le clientélisme, la corruption, le vol, l’exploitation capitaliste et le chantage financier.
Nous ne nous souvenons pas d’une seule élection étudiante sans scandales graves, ni d’une seule élection où la participation a témoigné de la légitimité de l’institution. La radio a probablement recueilli plus de signatures de soutien que tous les partis réunis lors des dernières élections du SUS. Il a été prouvé que l’élite étudiante volait régulièrement, privatisait ce qui avait été fondé avec l’argent des étudiant.es, passait des accords corrompus avec ses amis, finançait des vacances de luxe privées, dépensait dans des fêtes frivoles et la liste est longue.
Le SUS n’est pas une institution démocratique, mais un projet élitiste monopolistique instrumentalisé, censé être légitimé par l’adhésion obligatoire de chaque étudiant de l’université de Ljubljana. C’est pourquoi la lutte pour la radio de l’initiative anarchiste de Ljubljana n’est pas seulement une lutte pour la survie, c’est aussi une lutte contre le vol de l’argent destiné à la qualité de vie des étudiant.es, c’est une lutte contre les politiques néolibérales agressives de Ljubljana et une lutte pour la poursuite du développement d’une alternative communautaire.
Cette lutte doit nécessairement inclure aussi une lutte contre la structure représentative de la politique étudiante, qui, loin de sa base, non seulement ignore les besoins des étudiant.es, mais les oriente régulièrement vers des voies capitalistes-consuméristes. Le SUS mérite d’être jeté aux oubliettes de l’histoire, et de ses ruines peuvent naître des structures organisées de manière autonome et réellement en phase avec les besoins et les aspirations des étudiant.es.
Bien que nous soyons conscient.es des processus dangereux déclenchés par le mode de fonctionnement des ONG et la mentalité des appels d’offres, nous soutiendrons toujours toutes les forces qui luttent pour l’autonomie de Radio Študent. Même si Metelkova tente de se subordonner à la logique du capital, nous y boirons de la bière plutôt qu’au Kino Šiška. Nous attendons avec impatience un nouveau déclencheur pour l’abolition du SUS, car le dernier conflit a catalysé beaucoup de gens qui ont un mépris pour l’organisation étudiante, mais nous sommes encore plus désireux.ses de cultiver le potentiel de construction d’une action étudiante autonome et autogérée, éventuellement sur la base de conseils étudiants et de syndicats.
Des squats en Slovénie: https://radar.squat.net/fr/groups/country/SI/squated/squat
Des groupes (centres sociaux, collectifs, squats) en Slovénie: https://radar.squat.net/fr/groups/country/SI
Des événements en Slovénie: https://radar.squat.net/fr/events/country/SI
A-infoshop, le 15 janvier 2021 https://a-infoshop.blogspot.com/2021/01/trije-stebri-avtonomne-alternativne.html