Samedi 9 janvier 2021, des émeutes ont éclaté du côté de l’aéroport international de Douala. Des milliers de personnes vivent là dans un énorme bidonville, pour certaines depuis les années 1990. Pourtant, l’État a décidé d’y envoyer sa police pour expulser les gens et détruire leurs logements. Comme ailleurs, le profit capitaliste des plus riches passe avant le bien-être des habitant·es les plus pauvres.
Des affrontements ont opposé de nombreu·ses habitant·es à la police, pierres contre gaz lacrymogènes. De nombreux logements ont été démolis, avec les affaires des habitant·e·s enfouies. Plusieurs arrestations ont été effectuées par la police.
Yassu Anne, habitante de la zone aéroportuaire depuis 37 ans, a déclaré à Africa News: «Ils disent qu’on va arranger l’aéroport, d’où cette casse. Mais on vient nous casser sans rien, sans préavis, on vient un matin nous surprendre. Ceci avec les enfants. Le temps de ramasser tout, l’engin est venu nous trouver à la maison. Mes choses sont enterrés là-bas. Le temps de ramasser l’engin était déjà sur la maison tu ne peux pas mourir pour les biens, mes choses sont là-bas, les marmites tout enterrées.»
Koulanya Doko, habitant de la zone aéroportuaire lui aussi, explique à Africa News: «Ce n’est pas une centaine de personne que vous voyez, c’est des milliers. Et les gens sont là depuis plus de 30 ans. Comme moi j’ai déjà 32 ans ici. J’ai de grands enfants. Où vont-ils aller ?»
Les autorités camerounaises parlent «d’assainissement de la ville» évoquent des questions de sécurité et le CHAN, le Championnat d’Afrique des Nations de football. Le nettoyage social, comme ils disent, la fameuse “sécurité” qui justifie la disparition progressive de toutes les libertés, et le sport spectaculaire-marchand, tout ça pour expliquer l’expulsion d’habitant·e·s et la destruction de leurs logements… Comme un air de déjà-vu !
[Sources: Africa News | Cameroun 24.]