Dans une typique démonstration d’arrogance, les Blackhall Studios et les entreprises qu’ils ont engagées pour déboiser soixante acres de forêt n’ont pas cru que nous étions sérieux.ses lorsque nous nous sommes engagé.e.s à contrecarrer toute nouvelle tentative d’aménagement du «Parc Michelle Obama». Blackhall et la soi-disant Ville d’Atlanta jouent les méchants dans le dernier chapitre de la longue histoire, délibérément aseptisée, de la profanation des terres volées au peuple Muscogee et utilisées pour l’esclavage dans les plantations, l’esclavage dans les prisons et une violence énorme. Les promoteurs ont décidé de faire venir trois pelleteuses supplémentaires, pour compenser leurs pertes du mois dernier. C’était une erreur. Du coup, nous avons incinéré les trois excavatrices, les rendant immobiles et inutilisables. Nous sommes heureux.ses d’informer que les machines que nous avons détruites lors de notre dernière visite sont toujours aux mêmes endroits et dans le même état que nous les avons laissées.
Pendant ce Mois des fiertés, comme toujours, des entreprises sans âme se sont attelées à corrompre l’esprit rebelle queer. Ces sociétés exigent beaucoup de choses de nous. De l’argent de nos poches, du temps loin de ceux/celles que nous aimons, des données qu’elles peuvent transformer en publicités… mais les entreprises demandent aux queers une chose par-dessus tout: leur assimilation. À cet effet, les médias contrôlés par les entreprises fournissent une plateforme rien que pour les queers, qui deviennent complices ou responsables de la répression des autres. Grâce à cela, les cheffes de police lesbiennes, les politiciens gays, les employés non binaires de Raytheon™, les soldats bisexuels et Rupaul (au cas où vous n’en auriez pas entendu parler, c’est le saint patron, tant adoré, de la transphobie, de la toxicité et de la fracturation hydraulique pour obtenir du gaz de schiste [Note d’Attaque: dans son ranch de 240 km carrés dans le Wyoming.]) sont le modèle médiatique du queer acceptable.
Nous insistons pour suivre un autre chemin. Un chemin rempli de broussailles. Un chemin couvert de vignes sauvages, de boue et de branches. Ce chemin mène à la libération queer. C’est le chemin des pédés, des trans et des gouines et il est totalement incompatible avec les attentes de toutes les Caitlyn Jenner [Note d’Attaque: athlète et personnalité des médias américains, trans.], les Erika Shields [Note d’Attaque: déjà cheffe de la police d’Atlanta, lesbienne, qui veut une police démocratique et qui a quitté Atlanta après le meurtre d’un homme par les flics – elle est devenue chef de la police de Louisville.] et les Absolut Vodka de ce monde.
Nous ne marchons pas seul.e.s sur ce chemin. Nous suivons nos grands-parents trans, nous sommes aux côtés de nos frères et sœurs bisexuels, et nous savons que chaque lesbienne qui naîtra longtemps après que nous serons mort.e.s et que nous ferons à nouveau partie de la forêt se battra pour la défendre avec une véhémence inégalée.
Nous sommes conscient.e.s que ce chemin passe par les viles entités qui veulent détruire la forêt, que ce chemin mènera à des confrontations directes avec la ville d’Atlanta et Blackhall Studios.
Nous pensons que ces confrontations auront lieu bientôt.
Nous savons qu’il n’y a qu’un seul moyen de se tailler un espace vivable, dans un monde qui se préoccupe plus de films d’actions merdiques et de la primauté du monde carcéral que du fait d’avoir de l’air respirable et de l’eau potable. Le seul moyen est la résistance.
Nous renouvelons notre engagement immortel :
Toute tentative ultérieure de destruction de la forêt d’Atlanta entraînera une réaction similaire. Cette forêt était là bien avant nous, et elle sera encore là bien après.
Nous y veillerons.
9 juin 2021
[Publié le 13 juin 2021 sur Attaque. Traduit de l’anglais depuis un article publié le 11 juin 2021 sur AMWEnglish.]