« Les gens veulent prendre leurs propres décisions pour des petites choses, mais prendre des décisions sur des problèmes difficiles et cruciaux requiert d’affronter des conflits psychologique et la plupart des gens détestent ça ».
« Pour tout être humain ayant grandi au bord d’une rivière, la liberté est le concept le plus haut ».
Au petit matin du 20 décembre, une attaque incendiaire est réalisée contre un camion forestier sur la Route d’Itata à la hauteur de Penco, dans la région du Biobío. En raison de complications techniques, il n’a pas été possible d’émettre ce communiqué le jour de l’action, cependant les motivations de notre action restent plus actuelles que jamais, c’est pourquoi nous ne considérons pas ce retard comme un problème et encore moins comme une limite pour communiquer les raisons qui alimentent nos attaques.
Nous revendiquons cette attaque en réponse au pillage et à la destruction systématique qu’exercent les entreprises forestières à l’intérieur du territoire, ce qui a pour conséquence une dévastation visible de la terre.
En premier lieu, cette action s’inscrit dans le contexte d’avancée progressive du projet minier « Aclara », précédemment appelé Biolantanidos, qui vient s’installer avec un faux discours de développement pour la région, tout en étant directement responsable de la destruction du territoire. Ces agissements sont soutenus par un système capitaliste, avec la complicité de l’État du $hili, qui ont financé ce projet minier depuis le début par le biais de la CORFO, manifestant ainsi l’imposition de politiques extractivistes pour leurs intérêts économiques et pour le bénéfice de la classe entrepreneuriale qui porte atteinte à la dignité des personnes et à la terre.
La Société Minière Aclara en est actuellement aux procédures légales qu’elle doit remplir en tant qu’entreprise minière pour l’extraction des minéraux se trouvant dans ces terres rares, pourtant les travaux ont déjà commencé, détruisant les montagnes pour installer les lieux de stockage et extraire des échantillons des sols, et faisant ainsi fi des raisons suffisantes pour arrêter les travaux et son installation définitive. Une de ces raisons est la présence sur la zone d’influence du projet d’espèces végétales originaires et endémiques telles que le queule et le naranjillo qui se trouvent respectivement sur la liste des espèces menacées à conserver et en danger d’extinction, alors que leur habitat et leur conservation risque ainsi d’être mis à mal ; sans oublier que chaque écosystème est associé à une infinité d’espèces, aussi bien végétales qu’animales, de champignons et de micro-organismes divers. Cela démontre, sans aucun doute, que ces entreprises et leurs représentants légaux ne portent aucun intérêt aux soins et à la conservation des écosystèmes, bien au contraire elles font preuve de leur soif cupide d’exploitation et d’indéniable destruction de la terre.
Ces pratiques extractivistes mettent en évidence des conséquences néfastes, comme c’est le cas de l’installation de mines de terres rares aux États-Unis et en Chine avec la Mountain Pass et Baotou, ces deux puissances mondiales ayant permis la dévastation et la destruction totale de territoires qui ne sont aujourd’hui plus que des foyers chimiques, toxiques et radioactifs. Cela correspond à la dynamique impérialiste et néolibérale en vigueur au niveau mondial, qui se déploie en Amérique Latine, et que nous refusons et que nous attaquons à partir de nos fronts, par l’action directe en totale autodéfense face à la violence imposée.
Nous rappelons dans chaque action nos compagnon-ne-s séquestré-e-s dans les prisons de l’État $hilien qui tire profit d’un système carcéral où l’abus de pouvoir est le principe coercitif fondamental des pratiques quotidiennes dans les geôles étatiques, en plus des persécutions, tortures et assassinats permis par chaque gouvernement en place, arrachant la liberté à quiconque tente de remettre en question leurs faux progrès et développement économique reposant sur le pillage de la mer et de la terre.
A ce point, nous saluons tous les Lof en résistance qui continuent à affronter la militarisation de la part de l’État oppresseur, les entreprises forestières réparties sur tout le wall mapu et les méga-projets énergétiques, tous complices de l’écocide des territoires. Nous rappelons et nous agissons aujourd’hui en solidarité avec la compagnonne Carolina Marileo, Werken [porte-parole en Mapudungun, langue des Mapuche] de la communauté Boyen Mapu, emprisonnée dans la prison de Angol, en grève de la faim depuis 30 jours pour exiger des conditions de détention de base qui lui ont été refusées, alors qu’elle était constamment violentée, pratiques correspondant au dénigrement raciste et historique du peuple mapuche (de même que l’affaire désormais démontrée du montage des villageois incarcérés du lof elicura, entre autres).
Nous exigeons l’acceptation immédiate des demandes de la Werken ainsi que la libération de la totalité des prisonnnier-e-s mapuche dans les différents centres d’extermination sur l’ensemble du territoire appelé $hili et des compagnon-ne-s emprisonné-e-s en guerre. En effet, il est très clair pour nous que ce système a uniquement été conçu pour l’incarcération de toutes celles et ceux qui, comme nous, sont contre toute entreprise et toute personne qui favorisent le fait que leur modèle néolibéral, ni durable ni soutenable, se perpétue dans le temps. Nous considérons que la violence en tant que pratique est un instrument nécessaire pour détruire ce qui nous détruit.
« Aujourd’hui nous luttons à nouveau avec nos corps comme armes, face à celles et ceux qui souhaitent enfermer et enterrer sous le ciment la rébellion, la dignité, l’amour et la solidarité. La société autoritaire policière a créé le panoptique carcéral où, historiquement, ils ont enfermé les êtres qui se révoltent face à la dite paix sociale, ils ont créé des structures punitives qui recherchent le contrôle physique et mental en visant à réduire l’être par la violence brutale de l’isolement et des matons, mais aucune prison avec ses murailles pleines de barbelés, de haute sécurité ou de sécurité maximale, pas plus que les laquais armés ne pourront soumettre celles et ceux qui ont dédié leur vie entière à la cause de la libération totale »
De la même manière, nous utilisons cette action pour rappeler et commémorer avec le feu et la vengeance l’assassinat du compagnon Sebastian Oversluij le 11 décembre 2013 par un des sicaires de la banque Banco Estado dans la commune de Pudahuel. Cela fait déjà 8 ans, mais sous aucun motif nous n’oublions le nom et le visage de ton bourreau. Nous savons que la mort est présente comme conséquence de nos actions, cependant, tout comme le compagnon Angry et le compagnon Mauricio Morales, nous sommes disposé-e-s à assumer les risques qu’implique la lutte contre l’État-capital, ses défenseurs et ses faux critiques. En leur mémoire et celle des compagnon-ne-s tombé-e-s au cours de la lutte, nous continuerons à attaquer chacun des piliers et des symboles de ce système patriarcal et capitaliste.
Nous lançons un appel à ne pas garder le silence face aux lois répressives appliquées par l’État et sa force policière-armée, dans leur zèle incessant de préserver les intérêts du capital à travers le contrôle social et la dévastation du territoire. Nous avons pour but l’unification et la solidarité constante avec le peuple mapuche pour faire face à un ennemi commun.
¡Inkayaiñ taiñ mapu mew!
¡Newentuleymun pu che, pu lamuen !
[Nous défendrons notre terre! Tenez bon, les gens, les frères et sœurs !]
[Publié le 30 décembre 2021 sur Indymedia-Lille. Traduction de l’espagnol depuis un article publié le 22 décembre 2021 sur noticiasdelaguerrasocial.]