Paris: plus de 200 jeunes migrants occupent une école abandonnée dans le XVIe

Au côté d’associations, plus de 200 adolescents à la rue occupent pacifiquement une école abandonnée à Paris
mardi 4 avril 2023 / Communiqué

Afin de mettre fin à l’errance de ces jeunes et à l’insécurité de leur survie à la rue, nous, soutiens et associations, occupons à leurs côtés une école abandonnée au 58 rue Erlanger 75016 Paris, depuis 21h30 ce mardi 4 avril 2023.

Depuis plus de trois mois, des centaines d’adolescents étrangers et isolés errent dans les rues parisiennes, confrontés au froid, à la faim, au harcèlement policier et à la destruction de leurs biens matériels. Pour la première fois depuis plusieurs années, il est impossible pour nos associations de rassembler ces jeunes autour d’un même lieu, car à peine installés, ils sont immédiatement délogés par les effectifs de police, sans qu’aucune autre solution ne leur soit proposée.

Dans un article de Streetpress du 26 janvier dernier, la préfecture de Police justifiait ainsi son action: « Les services de la préfecture de police interviennent systématiquement pour empêcher l’occupation illicite de l’espace public, pour des raisons évidentes de sécurité et de salubrité publique. La lutte contre les campements et installations illicites, ainsi que le démantèlement des campements le cas échéant (…) concourent à l’amélioration de la physionomie de la voie publique et à la baisse du sentiment d’insécurité et participent également d’un processus de lutte contre la délinquance. »

Une politique de harcèlement et de violence qui n’a pour effet que de générer ou accroître tout ce qu’elle affirme vouloir combattre.

En décembre dernier, lors de la précédente action d’occupation devant le Conseil d’État, 292 mineurs en recours avaient pu être mis à l’abri à l’issue de 5 jours de mobilisation par des températures négatives, et après des mois à la rue. Seulement un mois après cette dernière mise à l’abri, sur les 155 jeunes qui avaient été orientés vers un gymnase à Ivry-sur-Seine, au moins 25 avaient déjà pu être reconnus mineurs et orientés vers l’Aide Sociale à l’Enfance selon France Terre d’Asile, les autres étant toujours dans l’attente d’une décision du juge des enfants.

Nos associations rencontrent actuellement près de 10 nouveaux jeunes à la rue chaque jour, alors qu’ils et elles devraient être sur les bancs de l’école ou en formation professionnelle, pouvant ainsi répondre, entre autres, aux besoins urgents de secteurs en tension. Mais abandonnés des pouvoirs publics, tous perdent un temps précieux dans leur parcours d’intégration et risquent une dégradation de leur état de santé physique et mentale. Malgré nos demandes répétées, la préfecture d’Ile-de-France ainsi que la secrétaire d’État à la protection de l’enfance, Mme Charlotte Caubel, refusent continuellement la mise en place d’un espace d’échange et de concertation avec les acteurs de terrain, afin de mettre en place des solutions pérennes et constructives.

C’est dans ce contexte, qu’associations, soutiens et jeunes saisissent l’opportunité d’un lieu inoccupé et sans projet (propriété de la Mairie de Paris), pour manifester à l’abri et demander un accompagnement pluridisciplinaire de ces derniers, adapté à leurs situations individuelles et dans des hébergements stables en Ile-de-France.

Enfin, et dans le but de mettre définitivement fin à ces politiques d’exclusion dangereuses et contre productives, associations et députés demandent à nouveau que le principe de “présomption de minorité” garantissant une protection aux mineurs isolés jusqu’à la fin de leurs recours, soit d’urgence inscrit dans la loi.

[Publié le 4 avril 2023 sur Utopia56.org.]