Situé à l’angle de la place Guérin, au 22 rue Bugeaud, squatté depuis le 17 octobre 2015, le squat d’activités l’Avenir a été expulsé dans la matinée du jeudi 27 juillet 2023. L’expulsion a été mouvementée, mais relativement rapide, et suivie par la destruction des bâtiments et la mise en place de vigiles devant les lieux.
Dans la vidéo ci-dessous, on peut voir notamment de nombreux flics anti-émeute avancer vers le squat, une barricade leur barrant la route et un cable tendu faisant chuter les premiers d’entre eux :)
Beaucoup de monde était sur place pour tenter d’empêcher l’expulsion, des barricades avaient été érigées, dont une enflammée, mais les gendarmes mobiles et policiers étaient plus d’une centaine et ont réussi à expulser le lieu, en jetant notamment des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes sur les gens venu.es soutenir le lieu.
Ci-dessous, le communiqué du Comité de défense de l’Avenir, suite à l’expulsion du 27 juillet:
Communiqué du collectif suite à l’expulsion de l’Avenir ✰
Nous le pressentions, les menaces qui pesaient sur l’Avenir sont tombées ce jeudi 27 juillet 2023. Ce matin, aux alentours de 7h00, les premières sommations ont été entonnées dès l’arrivée des policiers, suivies par les gaz lacrymogènes. Nous étions une centaine de personne pour tenter de ralentir la procédure et les manœuvres d’expulsion…
Main dans la main, municipalité et préfecture, appuyées par leur police, dont le pouvoir est si dépendant pour se maintenir, ont décidé de faire table rase de l’Avenir.
Parallèlement à l’intervention policière, pelleteuse et tractopelle ont détruit l’ensemble du site. Tout le matériel, le bâti, le jardin ont été réduits à l’état de déchets inertes, tel un vulgaire tas de gravats.
Il ne reste rien de la cuisine, de la buvette, des toilettes, des plants de tomates et du hangar déjà évacué par petits tas dans des semis remorques.
Bien évidemment, c’est une page qui se tourne. Bien évidemment, c’est un coup porté en plein cœur. Mais, toujours plane l’ombre du collectif, même sous les décombres. Si on ne dissout pas un soulèvement, on ne détruit pas un collectif, ni en l’expulsant ni en s’attaquant à ses bases matérielles.
L’Avenir est un lieu d’innombrables expériences : des chantiers participatifs, des soirées arrosées, des concerts mémorables, des cantines chaleureuses et des débats parfois houleux… Nous habitons autant l’Avenir qu’il nous habite. Nous avons toujours, encore et plus que jamais besoin, de lieux pour habiter ce monde.
L’Avenir est une autre manière d’habiter la ville à l’opposé de son organisation marchande, en réaction aux aménageurs, urbanistes, et autres démiurges de pacotille.
L’Avenir est un conquis urbain, un coin pour fendre des brèches, un commun contre le marché, une parcelle de plus dans le giron populaire, une parcelle de moins pour la promotion immobilière.
L’Avenir n’est pas qu’un lieu ou un collectif, c’est aussi et peut-être avant tout un processus d’appropriation, contre la propriété, un ensemble de pratiques de partage et de solidarité, une implication au sein d’un quartier…
Depuis toujours, l’Avenir, s’affranchit des divisions juridiques et administratives pour inventer de nouveaux usages, pour revendiquer un droit à la ville.
Si la municipalité a récemment dénoncé la « privatisation » de l’espace par le collectif, l’Avenir n’est pas un accaparement ou une quelconque possession.
Non, l’Avenir œuvre à restituer la ville aux habitant.e.s, contre la mainmise de quelques acteurs sur les plans d’urbanisme et le devenir de la ville, davantage promis aux appétits des promoteurs immobiliers qu’aux besoins des classes populaires.
Nous ne voulons pas du démantèlement des formes de vies collectives promues par les normes capitalistes. Celles qui nous assaillent aussi bien sur les lieux de travail que dans l’espace public de la métropole.
La gentrification en cours sur le quartier Saint-Martin et la place Guérin incarne parfaitement cet objectif de rendre tous les espaces urbains homogènes à ceux du travail, nous dépossédant de toutes formes d’agir.
Partout, à la ville comme à la campagne, reprenons la terre, reprenons la ville.
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Le comité de défense de l’Avenir
(Pour mémoire, consulter le site de L’Avenir, et éventuellement l’article de France Bleu sur l’expulsion du 27 juillet.)