Abidjan (Côte-d’Ivoire): affrontements et actions directes contre une opération de « déguerpissement » à Adjamé-village

Le dimanche 21 juillet 2024 en début de matinée, une opération de « déguerpissement » le long de l’artère principale d’Adjamé-village (quartier nord d’Abidjan) a été bloquée par des villageois·es, qui se sont interposé·es face aux responsables de l’opération d’expulsion.

Cette opération d’expulsions et de démolitions de logements est justifiée par les institutions locales par le projet de construction du 4e pont d’Abidjan, destiné à relier plus aisément les communes de Yopougon, Attécoubé, Adjamé et Plateau.

Malré la résistance des habitant·es, des maisons et des locaux de petits commerces ont été démolis. Des affrontements ont alors eu lieu, faisant une dizaine de blessé·es parmi les villageois·es, dont certain·es graves.

Le jeudi 25 juillet, l’opération de « déguerpissement » a repris, cette fois soutenue directement par les forces anti-émeutes ivoiriennes (en plus d’hommes de main armés de gourdins et d’armes blanches), provoquant à nouveau des affrontements, encore plus violents que quatre jours auparavant. Des riverain·es, opposé·es à la démolition de leurs commerces ou habitations ont réagi immédiatement, transformant les rues en véritable champ de bataille dès les premières heures de la matinée. « Les habitants, déterminés à défendre leurs biens, ont érigé des barricades et lancé des projectiles sur les agents. Les jets de pierres ont rapidement dégénéré en affrontements plus violents, mettant en péril la sécurité de tous les intervenants. » (Abidjan.net)

Malheureusement, de nouveaux bâtiments ont été démolis, plus encore que de le dimanche précédent. Depuis lundi, le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé a créé une « brigade de lutte contre le désordre urbain, forte de 295 agents issus des polices municipales et de la police du district autonome d’Abidjan (…) [avec] pour mission, la libération des emprises des grandes artères, la libération des espaces publics, la libération des espaces non constructifs et l’application de l’arrêté portant interdiction du commerce ambulant, de la mendicité et de l’utilisation de charrettes. » (Abidjan.net)

La colère des habitant·es n’a toutefois pas été sans conséquences pour l’État puisque qu’un bulldozer servant à la démolition des habitations a été entièrement incendié, tandis que d’autres engins de chantier ont été vandalisés, leurs vitres brisées.

Ce conflit à Adjamé-village dure depuis au moins 2016 (lire notamment cet article publié en 2018), et la lutte semble loin d’être terminée.

[Sources: Koaci | Bénin Web TV | Abidjan.net | Afrik Soir | Presse Côte-d’Ivoire.]