Ce matin du 22 avril 2025, l’expulsion de la Grée (dernier lieu en dur à pratiquer « l’accueil inconditionnel » et à ne pas être dans un processus de légalisation) a commencé vers 7h.
A 6h les CRS et gendarmes ont débarqué en nombre avec blindé, hélicoptère et drones pour sécuriser les alentours et protéger les engins venus désamianter les hangars de l’ancienne ferme.
Des contrôles routiers ont lieu tout autour et dans la ZAD, avec interdiction d’y circuler sans justificatif de domicile.
Vu les surfaces à désamianter, l’opération va durer plusieurs jours mais nous ne savons pas encore si tout va être détruit ou muré.
Vu les centaines de CRS et gendarmes déployés dans le secteur on redoute d’autres destructions dans les jours qui viennent. Les dernières expulsions/destructions de cabanes avaient eu lieu en 2021.
L’huissier a laissé une demi-heure aux occupant-e-s pour prendre leurs affaires et sortir, mais a certifié n’avoir aucun document du type ordonnance d’expulsion à leur montrer, ni aucune autre justification. Cela nous questionne sur la légalité de cette opération…
Une dizaine de caravanes et véhicules ont été écrasés et mis dans une benne, tandis que quelques autres dont les occupant-e-s étaient présent-e-s ont été déménagés par une dépanneuse…
Ce lieu symbolique de résistance populaire contre l’aéroport et son monde sera ré-occupé, qu’il soit détruit ou muré, et les cabanes détruites refleuriront sans cesse car notre détermination à inventer et faire surgir des nouveaux mondes plus justes et souhaitables est sans limites !
Rencontrons-nous, soyons solidaires face aux autoritaires, résistons face à la fascisation ambiante des esprits, et puis dansons sur les ruines du capitalisme mortifère jusqu’à ce qu’on l’enterre une fois pour toutes !
Ils détruisent, on reconstruit !
On maintient la fête des 10 ans de la Grée prévue le 24 mai prochain avec Shlag Division et leurs potes, probablement sous forme de manif de ré-occupation/re-construction !
Rejoignez nous dès maintenant !
L’Agréeablement votre !
(Aujourd’hui la tour est tombée)
[Publié le 22 avril 2025 sur Indymedia-Nantes.]
Silence, expulsion en cours
23 avril 2025
Depuis le matin du mardi 22 avril, une opération d’expulsions est en cours sur l’ancienne Zad de Notre Dame des Landes. Elle concerne la Grée, un lieu d’habitation et d’activités situé à l’Est de la zone. Il s’agit du dernier lieu d’accueil inconditionnel de l’ex-Zone à défendre qui, elle, est devenue un banal éco-village.
Cette nouvelle aurait du faire le tour des réseaux, les appels à soutien auraient dû être relayés, les forces et ressources de l’ex-zad auraient dû être mobilisées pour défendre le lieu et ses habitant.es. Mais rien de tout ça ne s’est passé. Un post lacunaire sur le Télégram de Zad NNDL info hier, le même ce matin sur la page Facebook du même nom, un sur la page de NDDL Poursuivre Ensemble et puis voilà, c’est tout. Silence. Enfin pas tout à fait, la vie reprend son cours, chacune de ces page recommence ensuite à publier ses évènements comme si de rien n’était. Pas de suivi, pas de nouvelles. L’appel à soutien n’est pas relayé. Ce soir , dans le coin, on pourra aller à une soirée organisée avec les Soulèvements de la Terre à Nantes ou assister à des concerts performances sur la Zad comme si de rien n’était. Rien n’est annulé, la vie continue et la communication faite autour de ces évènements dans la journée ne mentionne rien, pas d’appel pour la manif de ré-occupation, pas de demandes de ramener du matos, pas de cagnotte. Pas non plus d’appel venir sur place, ni à défendre le lieu. Rien, nada. La palme d’or revient aux Soulèvements de la Terre qui n’a même pas un mot pour l’expulsion en cours. Ce « mouvement » se revendique pourtant comme étant né sur la Zad de NDDL, une partie de ses « porte-paroles » y habitent.
Une nouvelle fois l’écart entre le discours de façade (zone d’expérimentation sociale, base arrière des luttes, ici on vit autrement, on développe des solidarités,…) s’illustre pleinement.
Le seul lieu restant parmi ceux qui n’avaient pas voulu se légaliser se fait expulser, la maison et les hangars sont démolis, les caravanes écrasées, et celleux qui nous promettent « la machine de guerre » pour construire des « futurs désirables » iels sont où ? Elleux, qui s’auto-proclament « base arrière des luttes », qui accumulent des ressources matérielles, financières et foncières depuis des années, iels sont où ?
Ce qu’il faut entre autre comprendre de cette situation (que certain.es ne manqueront pas de ramener à des embrouilles de milieux), c’est que la solidarité elle ne s’adresse pas à tout le monde. L’ex-Zad, comme la Zad en son temps, n’ont rien à envier au reste de la société : la solidarité ok, mais avec mes potes, avec celleux qui me ressemblent ou alors si je peux en tirer profit, si c’est stratégique. La solidarité qui consiste à mettre à disposition ses moyens pour que des personnes précarisées et marginalisées puissent se défendre, ça ne rapporte rien. En termes de construction d’autres manières de vivre ensemble on repassera. Idem pour la remise en cause concrète des rapports de domination, d’oppression et d’exploitation.
Pourtant, la solidarité iels en ont bien profité quand il a fallu défendre la zone. Et quand il fallait remplir les caisses pendant la lutte mais aussi après, pour qu’une partie du mouvement puisse garder les baraques et les terrains, sous couvert de propriété collective. Mais le « collectif » de « propriété collective », le « commun » tant et tant de fois ressassé, il concerne qui ? Toutes les personnes qui habitaient la Zone avant la « victoire » ? Toutes celleux qui l’ont défendue, qui en ont pris soin ? Toutes celleux qui se reconnaissent dans ce que la Zad pouvait porter comme possibles d’organisation collective ? Je m’égare, mais pas tant. Parce qu’une autre des raisons qui fait que la « machine de guerre » n’a pas surgi, c’est que sur la Zad une partie des habitant.es est en train d’acheter des lieux, de signer des baux et de négocier avec le Conseil départemental. Et dans ces négociations, dans ce projet de terminer la normalisation de la Zone, la Grée elle fait tâche. Comme la D281 en 2018, lors de l’annonce de l’abandon du projet d’aéroport. Remarquons qu’au moins cette fois, pour finir sur une note positive, ce ne sont pas elleux qui ont démoli le lieu et pratiqué l’expulsion.
Rdv le 24 mai pour les 10 ans de la Grée et la manif de réoccupation :
https://nantes.indymedia.org/posts/144577/la-gree-zad-nddl-appel-a-soutien/
[Publié le 24 avril 2025 sur Indymedia-Nantes.]