Communiqué du lundi 21 novembre 2011
Sur l’expulsion de la Buissonnière
Lundi 14 Novembre 2011, vers 7H30 du matin, une soixantaine de flics de différents services (RAID, CRS, Police Criminelle, Renseignement intérieur, B.A.C, brigade cynophyle et brigade du déminage) est venue réveiller les habitant-e-s du 3 place Moreau David à Fontenay-sous-Bois à grands coups de béliers. Les barricades n’ont cédé qu’au bout d’un quart d’heure, le temps de se regrouper tous ensemble et de discuter. Nous avons été plaqué-e-s au sol et menotté-e-s par des espèces de robocops masqués. C’est à ce moment que l’un de nous s’est fait refaire gratuitement le nez. Ensuite, ils nous ont conduit-e-s au commissariat de Fontenay.
A défaut de pouvoir anéantir la pratique du squat, la flicaille met ses fiches à jour : le défilé s’est poursuivi avec prises de photos et vidéos par les différents flics présents, et listage des identités des occupant-e-s. Au même moment, le camion d’un des occupants, garé devant la maison est fracturé et perquisitionné sans aucune procédure, et les flics se servent en embarquant clés usb, appareils photos, jerricane d’essence, etc. Dans les heures qui suivent, le portail est défoncé et la maison murée avec une bonne partie de nos affaires dedans.
Même si nous avons été relâché-e-s sans suite, pour nous une expulsion ne peut être qualifiée « sans incident » (selon les mots de la préfecture) car elle représente une violence en elle-même. Le principe même de rentrer chez toi afin de te mettre à la rue est une violence, propre à l’Etat….
Cette violence ne concerne pas que les squats à proprement dit, mais tous les lieux d’habitations évacués et/ou perquisitionnés par les flics.
La Buissonnière a ouvert en février 2011 dans l’ancienne école Jeanne d’Albret, restée vide pendant plusieurs années. Envisagée comme lieu d’habitation collectif, elle est devenue dès le départ bien plus que cela. C’est plusieurs dizaines de personnes de multiples origines et horizons qui y vivaient et des centaines d’autres qui y sont passées au cours de ces derniers mois pour participer aux différentes activités qui y ont pris place : ateliers divers, projections, débats, assemblées, soirées, rencontres, bouffes, concerts de soutiens, etc… Si nous squattons un lieu, c’est pour l’habiter, c’est à dire pas seulement pour se loger, mais surtout pour pouvoir s’organiser, se rencontrer, et pour lutter contre ce monde où toute relation sociale est soumise au rapport marchand.
Tout au long de l’occupation, comme on pouvait s’y attendre, l’attitude des différentes autorités de la ville nous est devenue de plus en plus hostile à mesure que la Buissonnière affichait ouvertement sa volonté d’autonomie et son refus de toutes médiations. L’attitude des flics a consisté en un harcèlement de plus en plus fréquent du lieu (notamment lors de soirées) se traduisant par des contrôles d’identité réguliers aux abords de la maison.
Cette pression quotidienne a conduit à l’arrestation de trois copains et à l’emprisonnement de l’un d’eux, sans papiers, condamné à 4 mois ferme pour outrage à agent. Le procès de la maison, reporté deux fois de suite, a eu lieu le 14 octobre et a abouti sur une expulsion immédiate, bien que l’argument principal – le rachat par la mairie pour construire crèche et logements sociaux – ait été invalidé par l’avocate de la défense. En effet la maison est désormais un site classé, et risque ainsi de rester vide encore plusieurs années….
Le fait d’êtres catalogué-e-s anarchistes a été la seule véritable base de cette expulsion. Huissiers, mairies, juges, procureurs, proprios, agents immobiliers, flics et autres porcs n’y pourront rien : pour nous, contre les expulsions, il n’y a pas lieu de s’indigner, il faut s’organiser et agir directement.
Un squat d’expulsé, dix d’ouverts ! Grève des loyers ! Abolition de la propriété privée ! On veut des maisons, pas des prisons ! PLUTOT SQUATTEURS QUE FLICS !
Les occupant-e-s de la Buissonnière en exil