D’après la presse locale, les autorités auraient, dans leur grande bonté et le respect des lois, attendu la fin de la trêve hivernale [pour évacuer l’Africa House].
Pourtant, en novembre, plein hiver, cette fameuse « trêve » n’avait pas empêché la fermeture de l’avant dernier grand squat.
La présence d’amiante dans les bâtiments avenue Blériot auraient aussi incité les autorités à agir, pour le bien des habitants inconscients des dangers pour leur santé….
Ne sachant où dormir, ils se sont regroupés sur le lieu de distribution alimentaire des assos.
Insupportable, inconcevable n’est ce pas ?
Go ! Go, allez plus loin, ou restez cachés, on ne veux pas vous voir !
Les flics ont menacé de faire fermer définitivement ce lieu de repas s’ils persistaient à vouloir y dormir.
Les duvets et couvertures ont été emmenés à la déchèterie.
Une partie a pu être récupérée et redistribuée (heureusement le temps était sec aujourd’hui à Calais car ils étaient stockés dans une benne en plein air), mais pas avec l’aide des assos subventionnées qui avaient sans doute peur de perdre leur si beau et accueillant lieu de repas grillagé et barbelé.
Cette intervention policière ne changera rien à la situation.
Il y aura toujours et encore des migrants à Calais pour tenter de passer en Angleterre.
Mais ils devront chercher où pouvoir se reposer.
Et ils trouveront
Calais regorge de maisons vides et friches industrielles.
Ce que les autorités ne veulent pas, c’est qu’ils soient en paix, ensemble, sans doute de peur qu’ils ne s’organisent pour résister et réclamer leurs droits humains.
[Info publiée sur Indymedia-Lille le 17 mars 2012]
– L’Africa house démantelée hier, trente-cinq personnes expulsées
Dominique Salomez (La Voix du Nord) – Vendredi 16 mars 2012
C’était l’un des plus gros squats de migrants de Calais. L’Africa house, située avenue Blériot, a été démantelée. Elle était habitée par 35 personnes, selon la préfecture, plus d’une cinquantaine selon l’association la Marmite aux idées. L’opération, qui était attendue par les migrants, s’est déroulée dans le calme.
La fin de la trêve hivernale a sonné hier à 7 h 30 avenue Blériot. Heure à laquelle ont débarqué une soixantaine de CRS pour procéder à l’expulsion des occupants de ce qui était appelé l’Africa house. Le squat était, au coeur de la ville, habité par des migrants soudanais et érythréens.
Depuis le dernier démantèlement, celui de l’usine Thélu, environ trente-cinq personnes avaient investi ces anciens locaux de l’université du Littoral Côte d’Opale. D’après l’association la Marmite aux idées, qui visite régulièrement les lieux, plus d’une cinquantaine de migrants avait trouvé refuge dans ces bâtiments à l’abandon, dans un état de délabrement et d’insalubrité importants. « Nous avons attendu la fin de la trêve hivernale. Nous aurions pu opérer plus tôt, tenait à souligner hier le sous-préfet Alain Gérard. C’était urgent de les évacuer pour des raisons de santé publique. Ces bâtiments étaient amiantés. Les personnes faisaient du feu. Ils couraient un danger. Il n’y a eu aucune interpellation. Tout s’est passé dans le respect de la dignité humaine ».
Malgré les propositions d’accueil, cette expulsion ne fait qu’empirer la situation pour l’association Salam présente hier et qui s’inquiète de la situation des migrants pour certains maintenant livrés à la rue. « On fragilise les personnes par rapport aux passeurs ». La Marmite aux idées déplore « un geste politique ».
Des migrants présents hier, quatorze ont accepté une solution d’hébergement, selon la sous-préfecture. Ils ont été emmenés en taxi vers des centres d’hébergement et de réinsertion sociale ou en centre d’accueil des demandeurs d’asile. À Arras ou plus loin en France : à Châlons-en-Champagne, Hayange, Vernon, Beauvais. « Les personnes qui ont entamé des démarches de demande d’asile et qui étaient documentées ont reçu une solution d’hébergement. Pour les autres, l’office français de l’immigration et de l’intégration leur propose des aides au retour de 2 000 euros », expliquait le sous-préfet. L’opération s’est déroulée dans le calme. Les migrants s’yattendaient. Deux décisions de justice avaient été rendues par le tribunal de Boulogne. L’expulsion s’est faite en présence d’un huissier. C’est la troisième opération menée. Des squats avaient été démantelés l’été et l’automne derniers. L’Africa house était le dernier gros squat de la ville. Hier matin, une entreprise de démolition avait pris possession des lieux à 11 h.
Des travaux de désamiantage vont être réalisés avant que les bâtiments soient rasés. Ces anciens locaux de l’université sont aujourd’hui propriété de l’Office public de l’habitat. Ce secteur sera intégré au projet de l’écoquartier Descartes.
Hier matin, plusieurs associations (No border, le Secours catholique, la Ligue des droits de l’homme, Salam et la Marmite aux idées) étaient présentes hier (sic).
Les bénévoles estiment de 150 à 180 personnes en situation de migration à Calais.