Ce texte est un récit écrit à 6 mains.
Ce dimanche 4 novembre, une centaine de personnes se sont retrouvées devant un immeuble du 141 rue de Charonne [Paris 11e], nouvellement occupé par l’Assemblée des mal logés acharnés et plusieurs soutiens, récemment expulsés du 260 rue des Pyrénées et du 38 rue des Bois. Cet immeuble appartient à la Société d’Économie Mixte Immobilière interDEPartementale de la région parisienne (SEMIDEP).
3 voitures de flics arrivent une heure plus tard (vers 20 heures), puis deux autres, ainsi que des agents de la préfecture de police. Ils repoussent les personnes présentes sur le trottoir. Un vigile de l’entreprise de sécurité privée Sécuritas arrive aussi sur les lieux.
De plus en plus de flics et au loin on aperçoit des gyrophares. Ça sent l’expulsion, la circulation est bloquée. Une trentaine de personnes décide de rentrer dans l’immeuble tandis que les autres restent devant.
À l’intérieur on se réunit et on barricade la porte d’entrée avec du mobilier trouvé sur place. Des dizaines de flics en carapace, boucliers et matraques arrivent. Les gens dehors se font repousser violemment au bout de la rue. Tout le monde gueule. L’escalier est aussi bloqué ainsi que la porte de la pièce dans laquelle on se trouve au dernier étage. Coups de bélier, les flics rentrent, difficilement, dans l’immeuble et arrivent en mode chiens enragés dans la pièce où l’on est. Ils chopent une personne et la sortent violemment. On gueule et on dit qu’on veut sortir tous ensemble, ce qu’ils finissent par accepter. On arrive dehors, il est minuit, la situation est tendue, les flics sont surexcités et on se laisse pas faire. Les gens dehors se font aussi repousser violemment. Il y aura deux blessés dont un conduit à l’hôpital.
Ils nous embarquent dans le bus direction le commissariat de la police ferroviaire au 32, rue de l’Évangile (18e) sauf une personne qui est isolée et envoyée dans un autre commissariat pour une audition, puis relâchée dans la soirée. Arrivés au « commissariat », contrôle d’identité, on exige de donner nos identités à l’oral. Pour certain-e-s leurs sacs seront fouillés et ils trouveront leurs papiers. On ressort vers 2 heures sauf pour une d’entre-nous qui sera placée en garde-à-vue également. Les flics disaient chercher quelqu’un car l’un d’entre-eux -un de ceux en carapace, casque, bouclier et gants plombés- dit avoir été « mordu » lors de l’expulsion. Lundi 5 novembre, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées en fin de journée devant le commissariat du 11e arrondissement pour exiger la libération de la personne arrêtée au bruit des casseroles, avant de se faire (encore) charger par les CRS.
LA PERSONNE A ÉTÉ DÉFÉRÉE AU DÉPÔT DU TRIBUNAL DE PARIS. ELLE PASSERA PEUT ETRE EN COMPARUTION IMMÉDIATE AUJOURD’HUI. TENEZ-VOUS AU COURANT
Solidarité ! On lâche rien, on continue ! COURAGE !
Ci-dessous, quelques vidéos prises lors de l’expulsion du 141 rue de Charonne:
« Les loyers sont trop chers, occupation ! Et les maisons sont vides, occupation ! »
« Non non non aux expulsions ! »