Paris: Intrusion policière rue de Romainville

Le 28 novembre 2013 vers 7h du matin, un huissier, plus d’une cinquantaine de CRS, quelques civils et un commissaire du 19e ont commencé à défoncer la porte de la maison que l’on occupe depuis mars. Ils s’acharnent dessus mais finissent par casser la fenêtre (puis la porte par l’intérieur). On n’a pas tout de suite compris de quoi il s’agissait. On s’est ensuite rappelé que l’huissier était passé un mois plus tôt avec une ordonnance du tribunal, un serrurier, un flic en civil et une voiture de bleus appelée en renfort. Nous ne l’avions pas laissé entré. Il n’avait donc pas voulu nous donner l’ordonnance du tribunal, ni prendre les identités que nous lui proposions par la fenêtre, ni nous lâcher son nom. Il était reparti vexé.

Alors grand coup de pression, répression matinale : prise à l’oral des identités de toutes les personnes présentes, visite de toute la maison en notant toutes les identités trouvées sur des documents et en prenant des photos. Ils ont au passage empoché deux disques durs.

Le texte qui suit a été affiché dans la rue de Romainville dans les jours qui ont suivi.


AUX VOISIN-E-S,
AUX PASSANT-E-S,

Nous habitons la maison du — rue de Romainville depuis début mars 2013. Cela faisait plus d’un an que ce lieu était vide, muré, dévitalisé. Nous nous y sommes installé-e-s sans demander l’avis au propriétaire, l’Assistance-Publique Hopitaux de Paris.

Payer un loyer, respecter la propriété privée, c’est perpétuer les situations qui nous soumettent à l’exploitation des patrons, des propriétaires et aux lois de l’Etat. Plutôt que de nous résigner, nous répondons à nos besoins nous-mêmes, sans en référer au droit, à la justice ni à une quelconque autorité.

Fin octobre huissier, flics et serrurier ont essayé de pénétrer dans la maison, ils étaient envoyés pour engager la procédure d’expulsion. Nous avons refusé de les laisser entrer, ils nous ont promis de revenir. Ce qu’ils ont fait ce matin, jeudi 28 novembre. Les flics, une cinquantaine de CRS et quelques civils, en compagnie de l’huissier, Stéphane Emery, ont tenté de défoncer notre porte à coup de bélier. Armé d’une ordonnance du tribunal d’instance, ce dernier a finalement dû passer par la fenêtre afin de «décrire les conditions d’occupation» et «relever les identités» des personnes présentes. Concrètement : débarquer à 7h30, casser porte et fenêtre, envahir le salon à 20 CRS, fouiner dans chaque pièce, fouiller les papiers, voler des effets personnels (outils, disques durs externes…). Ils sont repartis, par la porte cette fois, finalement ouverte après 50 minutes de lutte intense, laissant une demande de provision de 500 euros pour le dérangement. Cette opération permettra au propriétaire d’entamer la procédure d’expulsion au tribunal d’instance.

Une responsable de l’hôpital, Marguerite Simmonet, s’était déjà manifestée suite au tuyau donné par un riverain délateur. Elle invoquait un « projet » encore bien vague. Il s’agit, en réalité de démolir le bâtiment pour, un jour peut-être, en reconstruire un autre. Cela signifie, s’ils arrivent à nous virer, faire pourrir le bâtiment, le raser et laisser un terrain vague pour un temps indéfini. Que la gestion de cette maison jadis opérée par la Croix Rouge – connue pour être la caution humanitaire du pouvoir – soit transmise à la fondation Ronald Mc Donald – qui rachète son image de marque pour cacher ses talents d’exploiteur et d’empoisonneur – ne nous fera ni culpabiliser ni renoncer à nous battre.

Les flics reviendront, sûrement plus nombreux, cette fois pour nous expulser. Les quelques échanges avec les passant-e-s ce matin montrent que tou-te-s ne sont pas indifférent-e-s et que la solidarité face à ceux qui nous répriment existe et pourrait leur rendre la tâche plus difficile ici comme ailleurs.

QU’ILS NOUS CONTRÔLENT ET NOUS FICHENT,
NOUS EXPULSENT OU NOUS ENFERMENT,
NE NOUS LAISSONS PAS FAIRE !