Depuis quelques jours, la pression policière s’intensifie à Bure. Vendredi 30 juin en fin d’après-midi, 6 fourgons sont venus harceler les entrées de la forêt au nord et au sud. À vigie-sud, ambiance : 30 gendarmes en lignes, boucliers, casques, observation distante à 100m de la barricade. À barricade-nord, ligne de 10 flics, et 2 gendarmes mobiles (GM) à genoux, flashballs sortis, dans un fourré face à la barricade. Repli général vers 18h30–19h. Même chanson samedi 1er juillet, 4 fourgons à la vigie-sud, une ligne de 15 GM, barricade enflammée. Et dans les villages tout autour, contrôles au faciès, vérifications d’identité au commissariat, raccompagnement à la Maison de la résistance par les GM, pression sur des riverains du coin, course-poursuite à travers champs et interpellations avec armes sorties… Une stratégie de harcèlement d’une nouvelle intensité s’est mise en place depuis la semaine d’action de fin juin – ce n’est jamais monté à un tel niveau, y compris pendant l’été 2016.
Depuis quelques semaines, 70 GM ont élu domicile dans le laboratoire. «On est là pour longtemps, et on va se revoir» haranguent-ils d’un petit air satisfait. Gérard Longuet et ses sbires font du cirage de pompes au Premier Ministre pour le supplier de rouvrir une nouvelle gendarmerie à Montiers-sur-Saulx en agitant, une fois n’est pas coutume, le hochet des méchants cagoulés-terroristes qui harcèleraient la «population locale». Les policiers eux-mêmes se plaignent d’un manque d’action. Cette stratégie de la tension ressemble avant tout à une opération psychologique : elle cherche à nous faire déraper et nous épuiser.
Oui, ces harcèlements nous mettent en (n/r)age, nous étouffent, nous font penser qu’ils peuvent tenter d’expulser ou détruire les constructions de la forêt d’un moment à l’autre – même si l’Andra s’est à nouveau pris une claque juridique le 28 juin et doit recommencer toutes ses procédures pour obtenir l’autorisation des défrichements et des forages. Oui, nous sommes fragiles, vivant-e-s, vagues émotives. Mais nous ne nous enfermerons pas dans le rôle qu’ils attendent de nous, la caricature des « radicaux-ultra-violent.es » traqué.es de toutes parts. Ils ne nous paralyseront pas, parce que ce qui nous tient à Bure est trop important – rencontres jardins fêtes coups de mains débrouille bidouille cantines massages ennui lumière du soir entrelacs de nuage rivière discussions cabanes histoire possibles présent etc. – pour se laisser désarçonner par ce nouveau stade de pression. Malgré leurs innombrables tentatives de division, tout le mouvement de lutte rappelle qu’«il est vain de vouloir caricaturer l’opposition à Cigéo». On ne nous empêchera pas de continuer à rire, vivre, danser, et nous organiser. Car ce que la Préfecture ne semble toujours pas comprendre c’est que cette stratégie de la tension peut produire l’effet inverse de celui d’escompté, à savoir un surcroît de solidarité.
La meilleure manière de réagir à cette stratégie de la tension est d’affirmer notre plaisir d’être ensemble. Nous invitons, comme toujours, à venir faire un tour à Bure dès maintenant pour nidifier dans la forêt. Et nous appelons à une grande manifestation le 15 août, à 14h à Bure, qui suivra le festival des Bure’lesques du 11 au 13 août entre Couverpuis et Biencourt ! Rassemblons-nous massivement dans le village de Bure pour poursuivre ce magnifique pied-de-nez à leur sordide désert flico-irradié. Ramenez votre repas à partager et de quoi cueillir vos champignons atomiques !
Le 14 août 2016, nous avons mis à terre le mur de la honte de l’Andra. Le 18 février 2017, nous avons ébréché quelques grillages au cœur même du laboratoire de l’agence – et montré que le projet qu’elle sert, et le système qui la sous-tend, n’étaient pas intouchables. Ces actions magnifiques ne sont pas éphémères, elles naissent de l’élaboration quotidienne d’une communauté de vie et de lutte joyeuse et émancipatrice, dans laquelle chacun-e peut trouver une place, se réinventer, s’auto-organiser. Que va-t-il donc se passer le 15 août 2017 ? Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura de la joie, une envie de se tenir ensemble et faire attention les un-e-s aux autres.
Face à la pression policière et aux risques d’expulsion, gardons le cap, tenons l’agenda, profitons de l’été !
Dès maintenant :
- Vous pouvez suivre l’actualité sur le Fil info, sur FB (Bure a cuire) et twitter (@ZIRAdies)
- La Maison de Résistance et la Forêt libérée vous accueillent quand vous voulez pour participer à la vie sur place, surveiller la maréchaussée, arroser les jardins et boire du jus de pomme au soleil !
En cas d’expulsion
- RDV le jour même à 18h à la maison de Résistance
- Convergence vers Bure dans les jours qui suivent
- Manif de réoccup dans les semaines qui suivent
- Appel à actions décentralisées contre les promoteurs et sous-traitants de la poubelle nucléaire : Vinci, Eiffage, Edf, Andra, Areva, le CEA…
L’affiche et le tract, à diffuser largement !
Et pour un mois d’août inoubliable…
- Début août, la préparation des Burelesques et des ateliers queer féministes non-mixtes à Bure !
- Du 11 au 13, le festival Les Burelesques. Toutes les infos sur burefestival.org. Inscription à la newsletter en envoyant un mail vide à burelesques_info-subscribe [at] lists [point] riseup [point] net.
- Le 15 août : grande manifestation anti-Cigéo au départ de Bure.
Ils peuvent nous mettre la pression, on les mettra en dépression !
S’ils ré-occupent la forêt, on les expulse !
Andra, dégage, etc !