Louvain-La-Neuve (Belgique) : Présentation du squat Cent Onze

Voici un texte de présentation très intéressant que le Squat Cent Onze de LLN (Louvain-La-Neuve, en Belgique) m’a fait parvenir pour diffusion :

« Le Cent Onze est une maison centenaire occupée depuis un an par un groupe d’une dizaine de personnes. Cette bâtisse d’avant LLN, entourée de 3 semblables et séparées du quartier de la Baraque par la Nationale 4, fait partie du parc immobilier de l’Université Catholique de LLN.

Les personnes de ce groupe, jusqu’alors isolées dans une précarité relative et, pour la plupart originaires de la région, se sont réunies pour squatter cette grande maison avec jardin et plusieurs annexes dans le but de créer une vie sociable, plus stable et confortable. Dès lors chacun-e peut s’approprier un espace « privé » (chambre, caravane, camion…) et apprendre à gérer des lieux communs (cuisine, s.d.b., ateliers, jardin…). Sans ces paramètres, il est évidemment très compliqué de développer des projets à moyen et long termes.

Afin que chaque personne, habitant-e ou visiteur-euse, puisse communiquer ses desiderata, une assemblée populaire (pour le peuple) s’est mise en place avant même l’occupation. Les squatteureuses, pour ne pas limiter leur action au logement, ont laissé une grande partie de l’endroit à disposition de la créativité de toutes et tous. Se sont alors développés avec des personnes du quartier et l’aide d’associations (Chez Zelle, Centre Nerveux, Habitat & Participation, divers Squats, et d’autres…) : tables rondes sur le droit au logement, conférences de divers collectifs, resto populaire et récupérations de surplus, concerts et soirées de divers styles, projections vidéo, répète de groupes, travaux de mécanique (garage avec fosse), soudure, électricité, bois, recyclage, etc. Un mois après l’investissement du lieu, le groupe, accompagné du Front des SDF, a rencontré les responsables de la gestion des domaines de L’UCL. Chaque partie a expliqué ses projets et il en est sorti que le squat sera toléré sous certaines conditions mais restera considéré comme illégal. Sur les plans de secteur, ce pâté de maisons fait partie du zoning industriel et il sera probablement vain de tenter une révision de celui-ci.

Le destin est donc tout tracé pour cette partie du quartier: expropriation des locataires, destruction de ce patrimoine et constructions d’industries, ce qui est évidemment plus rentable que ces vieilles bâtisses dont l’entretien risque de ruiner l’Université. Une inspection de salubrité de toutes celles-ci (une dizaine sur le site) a été faite l’hiver dernier mais les résultats semblent discrets. Toutefois, personne ne se fait d’illusions car un peu partout de mégalomaniaques travaux sont en cours, cela fait partie d’une politique générale visant à favoriser les grosses infrastructures (UGC, Aula Magna, Wilhelm & C°, routes…) au détriment des plus modestes (Cinéma Agora, petits commerces, Terrain d’Aventure, Maison des Jeunes…). Ainsi LLN tendrait petit à petit à perdre son caractère semi-rural aux contacts humains aisés au profit de l’anonymat des grandes villes dans lesquelles les plus défavorisés ne trouvent plus leur place. Depuis octobre 2001, dans une période de bouleversements mondiaux où l’on remet enfin en question les conséquences néfastes, voire dévastatrices d’une mondialisation du capitalisme et la loi des plus forts que sont les propriétaires, banques, industries et commerces qui n’ont apparemment aucune éthique ni morale, un vent d’expulsion souffle le long de la Nationale 4. Toutes les maisons sont désormais vidées de leurs habitants (le 112 est déjà muré) mais les squatteureuses n’ont aucune information sur l’avenir du Cent Onze. Personne ne veut faire ici le procès d’un processus qui est prévu de longue date, au contraire le groupe espère garder une bonne relation avec l’Université et qu’une solution raisonnable sera négociée.

« Squatter, pour nous, c’est être libre et responsable dans son lieu de vie. C’est aussi un moyen de survie quotidienne qui peut mener à se questionner sur nos façons de vivre, sur le travail, la collectivité, la citoyenneté, etc. Le squat est pour nous un lieu de résistance et d’expérimentation d’une vie solidaire et non hiérarchisée. Cette recherche d’autonomie permet de rendre certaines de nos idées effectives. Nous sommes déterminés à continuer de vivre selon nos envies, éthiques et refusons l’isolement dans des logements individuels dans lesquels nous ne pouvons développer notre imagination et créativité. Lorsque la réalité rattrape l’utopie, est-ce que nous étions si fous de rêver d’un monde meilleur ou fallait-il simplement être spectateur et fataliste ? »

Plusieurs activités sont prévues pour toutes et tous, vous aussi pouvez proposer, participer, critiquer, débattre, construire, créer, visiter, cuisiner, transformer, rêver… Il suffit de prendre contact via les technologies actuelles ou mieux, de rendre visite lors d’un resto ou discuter autour d’un verre quand vous voulez, il n’y a pas d’horaire précis et vous serez bien accueillis. Toute forme de soutien est bienvenu.

Squat « CentOnze »: 111,rue de la Baraque (NaTioNale 4)
1348 Louvain-la-Neuve
Bel(?)gik,(im)Monde. 0032(0)494/49.19.41″