Mardi 20 mars dernier, 5 personnes cagoulées, armées de battes de baseball et de gazeuses ont fait une incursion dans un squat sur la ZAD. Ils ont tabassé les personnes sur place pour embarquer une personne, mains et jambes ligotées, scotch sur les yeux et la bouche. Ils mettent la personne dans un coffre de voiture et repartent aussitôt. Plus loin ils la tabassent encore et lui cassent une jambe et un bras, pour finalement l’abandonner à coté d’un hôpital psychiatrique.
Son tort, c’est d’avoir voulu mener une action contre un projet de l’état qui ne colle pas avec la stratégie dominante dans le mouvement, c’est à dire celle d’inviter la préfète, les flics et les aménageurs sur la ZAD pour négocier avec eux.
On est bien au delà de la phase d’essayer de dire gentillement à certains groupes qu’ils vont trop loin, des remises en question, etc. Pour autant on trouve ça aussi craignos qu’il n’y ait quasi pas de prises de position après cette opération dégueulasse d’aspirants flics. Pour comparaison, quand des journalistes invité.es par l’ACIPA se sont pris un peu de compost, une boulangerie s’est mise en grève, les assemblées ont du déménager, l’internet d’un lieux a été coupé, etc…
Une partie du mouvement veut essayer de gagner des points auprès de l’état en faisant le travail des flics. Des offrandes dont ils croient qu’elles vont motiver l’état à donner des cadeaux à son tour. Cette opération montre que la répression d’où qu’elle vienne, revient grosso modo à la même chose :
On cherche à punir celleux qui dérangent. On cherche à menacer celleux qui pourraient vouloir le faire. On profite de l’impunité policière en faisant partie des groupes dominants, avec le plus de moyens et la meilleure organisation. On défend les intérêts de l’état et des citoyens privilégiés avec de la violence et des rapports de force.
Un nombre important de personnes peuvent être gênantes pour le pouvoir, par contre la répression est adaptée à la classe sociale. Les personnes trop connectées, trop bien vues, on ne va pas les mettre à l’hôpital pareil, juste des coups de pression, des insultes, du mépris, … Par contre une personne plus vulnérable, on se permet. On reproduit même l’aspect classiste de la répression d’état. En plus, on s’est permis de faire le procès de la victime le soir même dans l’assemblée du mouvement.
En déposant la personne devant un hôpital psychiatrique, on rajoute une touche de validisme. C’est bien la place pour les personnes qui dérangent. Qu’on expose une personne ainsi au risque de se faire placer en HP sous contrainte, par exemple si elle avait eu des antécédents psychiatriques, ils en ont forcément rien à foutre, voir ça les aurait arrangé.
Les forces réactionnaires dans toute leur splendeur. Ce qui est hallucinant, c’est qu’il y en a toujours qui prétendent que sur la ZAD on essaie de s’organiser sans faire recours à la police et la justice. Que ici on fait commune, que ici on est révolutionnaire.
Pour la légal team, cet acte représente ce contre quoi nous avons toujours lutté. On rappelle qu’un mouvement de lutte n’est pas à l’abri des rapports d’inégalités, les oppressions et leurs aspects mêmes les plus violents, et on vous invite à réfléchir et agir pour éviter dans d’autres luttes que certains prennent le dessus pour rétablir le pouvoir des classes dominantes, et du coup, de l’état.
La légale team
Copain des Bois
– Violence politique à la Zad de NDDL https://nantes.indymedia.org/articles/40535
– Milice sur la Z.A.D https://nantes.indymedia.org/articles/40532
[Publié le 30 mars 2018 sur zad.nadir.org]