Dijon : l’Agence occupée fait campagne

Lundi 19 novembre 2001, des squatteureuses ont occupé le hall de la fac de Lettres de Dijon pour y mener une opération « agence occupée », parodiant les stands immobiliers pour étudiant-e-s généralement présents sur les campus universitaires en début d’année. De la documentation sur les squats (tracts, « dossiers de presse » de squats, brochures), des introductions en image (panneaux d’expo sur divers lieux occupés), entre autres maquettes de squats en légo furent installées. Déguisé-e-s en agents immobiliers, les squatteuses et squatteurs ont alors interpellé les étudiant-e-s sur les offres de cette agence un peu spéciale en distribuant des tracts, ainsi que des guides du squat aux intéressé-e-s (« l’agence occupée ; c’est les meilleurs tarifs du marché ; les prix cassés ; la gratuité ; un vent qui souffle sur l’immobilier », etc.). A noter que cette action a déjà été menée à plusieurs reprises par des squatteurs et squatteuses grenoblois-es, à qui l’on doit le tract reproduit ci-dessous.

L’objectif de cette « opération » était notamment de montrer qu’il existe des alternatives au loyer et à la propriété privée accessibles et potentiellement enrichissantes, mais aussi de visibiliser la présence de squats à Dijon, des idées dont leurs occupant-e-s se réclament et qu’ils/elles cherchent à mettre en pratique. L’Intersquat Dijon pourrait bien avoir envie de récidiver…

Par ailleurs, la brochure intitulée « le squat de A à Z » est disponible en ligne sur http://squat.net/fr(où vous trouverez nombre d’infos concernant l’actualité des squats) et est régulièrement remise à jour. La version papier reste disponible auprès de Zanzara Athée c/o Maloka, BP 536, 21014 Dijon Cedex contre quelques timbres.

Ci-dessous, le tract grenoblois distribué lors de l’action :

L’agence occupée vous propose un large éventail de logements, dans votre ville, à des conditions particulièrement avantageuses.

Toutes les architectures, toutes les dimensions, pour tous les besoins et tous les projets. Du simple studio au T29 en passant par le plus traditionnel F6, le loft, l’usine, la caserne ou le fort du XIXème siècle.

– Des loyers qui défient toute concurrence. Grâce à nous un logement décent devient enfin accessible à tous et toutes. Les sommes demandées n’excèdent pas 0 FF (0 euros) par mois. Par contre les APL ne sont pas acceptées.

– Un cadre idéal pour une vraie vie. Notre parc immobilier ne se situe pas toujours à proximité des transports en commun. On s’en fout. En ne payant pas de loyer, partir bosser cessera d’être une étape importante de vos journées. Vous aurez mieux à faire que de noyer votre temps, vos forces et votre morne routine dans le travail salarié. Rassurez-vous, notre belle société capitaliste n’a pas besoin de votre aide pour engraisser les marchés, surproduire et gaspiller à gogo.

– Un cadre rêvé pour vos activités non-marchandes. Vous avez besoin d’un local pour une activité qui n’a rien à voir avec la rentabilité et qui ne vous permet donc pas de le payer ? Devenez « in », plaisez à l’Etat, et vous aurez des subventions. Ou alors, pensez à nous.

– Pas d’état des lieux. Vous disposez d’une liberté totale de disposer de votre lieu de vie et de vous le réapproprier. L’agence occupée encourage vivement les abâttages de cloisons, les peintures de façades, la pose de jardins suspendus, le remplacement de planchers par des trampolines.

– Un environnement privilégié. Découvrez le monde merveilleux des squats, l’autogestion, le do it yourself, l’underground subculture (yeah), le prix libre, la contre-information, la solidarité inter-régionale entre maisons occupées.

– Offres soumises à conditions. Un ou deux réveils désagréables avec la bouille de l’huissier-e derrière la porte, une convocation au tribunal civil, une expulsion sommaire (mais avec un peu de chance, longue à venir), un froid avec votre famille bien comme il faut, des préjugés quant à votre hygiène de vie et votre consommation de drogue, une visite de journalistes qui viennent vous voir comme s’ils/elles allaient au zoo.

L’agence occupée survit grâce à l’aimable mécénat de nombreux-ses propriétaires dont nous tairons le nom, qui possèdent bien plus de maisons qu’ils/elles en utilisent, et qui ont la larme à l’oeil en voyant les gens et les projets sans toit. Ils voudraient bien leur démurer leurs portes, mais, soucieux-ses de leur réputation dans les milieux financiers, n’osent pas paraître trop humain-e-s. Elles/ils encouragent ainsi le squattage de leurs propriétés, pour avoir la conscience tranquille tout en se faisant passer pour des victimes. Merci à eux et à elles.