Seconde cible d’une vague d’expulsions annoncées, le squat de la Boudronnée, ouvert le 15 mars de l’année précédente de manière un peu « provoc » pour marquer la fin de trêve d’hiver. Ci-dessous, un compte-rendu de l’expulsion par son protagoniste :
Mercredi 3 avril 2002 à 6 heures, une trentaine de policiers accompagnés de responsables de la préfecture et des huissiers ont rempli leur rôle de chiens de garde du marché immobilier et ont expulsé le squat de la rue de la Boudronnée à Dijon. Tandis que cinq motards bloquaient l’accès à la rue, les flics ont enfoncé le portail d’entrée puis la porte de derrière en une trentaine de minutes. Prévenu-e-s de l’imminence de l’expulsion par des tracts distribués dans tout le quartier, les habitant-e-s de la rue, réveillé-e-s par le rassemblement matinal qui se tenait sous leur fenêtre, ont pu assister en direct aux évènements depuis leurs balcons.
A peine les poulets eurent-ils pénétré dans la maison qu’ils entreprirent de saccager toutes les vitres du rez-de-chaussée, histoire d’apaiser leurs impulsions et de défrayer le travail des maçons auxquels la préfecture avaient fait appel pour murer toutes les issues. Venue déloger semble-t-il une horde de squatteurs enragés prête à manger des matraques, la poulaille manifesta sa déception et son désarroi lorsqu’elle découvrit le seul habitant des lieux qui les attendait tranquillement à l’étage en fumant une cigarette, assis sur un fauteuil, et qu’ils ne pouvaient manifestement pas malmener, présence des supérieurs oblige.
Obsédés par un téléphone portable inexistant, les schtroumfs ont retourné les meubles de la pièce en quête de l’arme du crime qu’ils redoutaient tant pour ses capacités à prévenir du monde et tenter de faire obstacle à l’expulsion. Ils avaient semble-t-il gardé un mauvais souvenir de l’expulsion de la Courdémone qui leur avait coûté quelques insultes et un bout coup de speed quelques jours auparavant. Leur recherche demeurant infructueuse, ils firent simplement descendre leur butin vivant dans la cuisine où l’attendait un chaleureux comité d’accueil éberlué.
Déménageurs et maçons se mirent au travail dans la foulée, et après passage au fichier et quelques bonnes blagues, la poulaille relâcha l’habitant des lieux qui alla saluer ses voisin-e-s avant de s’éloigner de ce quartier populaire qui avait manifesté une solidarité et une sympathie certaine depuis que cette maison, abandonnée depuis une vingtaine d’année, était redevenue vivante. Grâce à la bonne action des autorités, elle est désormais retournée à son propre délabrement, tandis que son ex-habitant se retrouve sans logement.
Ne laissons pas les huissiers et leur copains de la prefecture dormir sur leurs deux oreilles ! Faisons-leur découvrir les douceurs d’une violation de domicile matinale !