Montreuil (93): Repas en solidarité avec les habitants des Sorins, vendredi 10 juin 2011

Repas de solidarité, vendredi 10 Juin à partir de 19h.
Venez nombreux au 94 partager des moments de causerie et le suivi de la situation du squat.

Table d’information tous les jours entre 18h et 19h au 94 rue des Sorins, à Montreuil.


Communiqué des habitants du 94 rue des Sorins à Montreuil

Non à l’expulsion du 94 rue des Sorins.

Nous habitons le bâtiment situé au 94 rue des Sorins (au croisement avec la rue de la Fraternité) à Montreuil depuis 2008. Nous sommes aujourd’hui plus de 300 personnes à y habiter. Il y a des jeunes travailleurs, des familles avec des enfants, certains ont des papiers, d’autres non. Le lieu est vaste, c’est une ancienne usine, nous l’avons occupé pour ne pas dormir dehors.

Jusqu’à aujourd’hui, nous avons toujours été en contact avec la mairie de Montreuil, notamment pour les questions d’hygiène. Après la visite des services de la mairie, nous avons signé le 26 avril dernier une convention avec la mairie de Montreuil, Veolia et la CNL (Confédération nationale du logement) concernant l’approvisionnement du bâtiment en eau. Nous avons pris en charge la totalité des frais liés à l’arrivée de l’eau et à l’installation des sanitaires dans le bâtiment.

Le 2 mai, soit six jours plus tard, nous avons reçu à notre grande surprise un arrêté préfectoral d’expulsion à partir du 22 mai 2011. Vivre dans ce squat n’est pas notre objectif mais nous nous y sommes investis et nous ne voulons pas en être expulsés, sauf à être relogés dignement et tous ensemble. Nous voulons travailler et être logés dignement, avoir des papiers pour ceux qui sont sans-papiers, et vivre comme tout le monde.

C’est pourquoi nous demandons le soutien du quartier. Nous savons que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. D’autres avant nous, par exemple les ex-habitants du 92 rue Victor-Hugo à Bagnolet (à 200m de chez nous), se sont déjà fait expulser de leur logement et sont encore en attente d’une solution. Nous voulons lutter tous ensemble face à cette expulsion.

Depuis samedi 21 mai, nous sommes menacés et intimidés par la police, jour et nuit. Des contrôles, des arrestations et des gardes-à-vue ont lieu tous les jours. Avec la délivrance des obligations de quitter le territoire (APRF), on passe du cap de l’expulsion du foyer à l’expulsion du territoire français.

Or nous voulons : ne pas être expulsés ni de notre foyer, ni de France. une table-ronde avec la mairie, la préfecture et toutes autres instances qui permettraient de trouver une solution pour le logement et les papiers. un relogement pour toutes et tous, collectivement et de façon durable. une régularisation pour toutes et tous.

Le collectif des habitants du 94 rue des Sorins, Montreuil


Contre les expulsions de logement,
Contre la chasse aux sans-papiers,
Vive la lutte des habitants du 94 rue des Sorins à Montreuil !

Depuis le dimanche 22 mai 2011, les habitants du 94 sont expulsables de leur logement. A cette adresse, vivent 300 personnes, dont certains sont sans-papiers. L’expulsion par la police a été annoncée pour les prochains jours.

Lorsque les habitants ont appris leur possible expulsion, ils se sont organisés collectivement pour y faire face. C’est à cette occasion que nous nous sommes rencontrés. Nous avons discuté ensemble de la situation du squat, des précédentes expulsions dans le quartier, des expériences de luttes sur les problèmes de logement et de papiers, et du désir de s’organiser de telle sorte que ce soient les gens en lutte qui prennent les décisions les concernant.

Vendredi 20 mai, nous sommes allés ensemble devant la mairie. 150 personnes, derrière deux grandes banderoles : « La pauvreté n’est pas un délit mais laisser 300 personnes dans la rue est un crime », « Un toit est un droit pour tous ». La mairie n’a rien proposé d’autre que de demander à la préfecture « une cellule d’hébergement et de relogement » ; c’est-à-dire des places dans des hôtels sociaux en région parisienne, souvent temporaires et dispersées. La mairie se décharge de toute responsabilité. Comme si elle n’était pas, directement ou indirectement, responsable de ces expulsions. Les plans de rénovation urbaine se font toujours aux dépens des plus pauvres. Les projets ne manquent pas à Montreuil : le « nouveau quartier de la Mairie », « Eco-quartier » à La Boissière… Le squat de la rue des Sorins est au coeur d’un projet de rénovation urbaine co-géré par l’Etat et la municipalité. Avec ces projets, c’est une bonne partie des Montreuillois qui a vocation à partir. Toute une population au statut précaire qui arrivait jusqu’ici à se loger dans des quartiers populaires ne trouvera plus d’espaces où vivre. Progressivement, beaucoup de bâtiments sont détruits ou « nettoyés » (squats, foyers de travailleurs immigrés, hôtels meublés). Les habitants sont contraints de quitter leur quartier parce que les loyers sont trop chers, parce que les critères pour accéder aux « logements sociaux » vantés par la mairie excluent la plupart des gens. Combien d’expulsés peuvent continuer à vivre dans leur quartier ? Pour accompagner ces opérations d’expulsion, la mairie et l’Etat mettent en avant toujours les mêmes prétextes : problèmes de drogues, d’insalubrité, d’insécurité,… « Quand on veut se débarrasser de son chien, on l’accuse de la rage » Quoiqu’ils en disent, l’objectif reste le même : mettre des gens à la rue, les contraindre à partir et détruire les solidarités populaires. « Rénover un quartier », ce n’est pas, comme la mairie le dit, permettre à tous de mieux se loger : c’est transformer la ville au profit du développement économique, c’est redessiner l’espace, le rendre plus lisse, plus contrôlable.

Depuis samedi, chaque jour, les flics viennent dans le quartier pour arrêter des habitants du 94 rue des Sorins. Un d’entre eux est déjà poursuivi pour défaut de papiers. Des menaces ont été proférées. Cette présence et ce harcèlement quotidien ont pour objectif de mettre la pression et de faire peur pour les dissuader de s’opposer à leur expulsion. Une raison de plus de s’organiser avec eux.

Parce que nous sommes aussi confrontés à des galères de logements.
Parce que nous sommes expulsés de nos maisons.
Parce que nous défendons les lieux collectifs d’entraide et de solidarité.
Parce que la chasse aux sans-papiers nous dégoûte.
Il est important d’être nombreux à participer à cette lutte !

Des habitantes et habitants du quartier et d’ailleurs