Département et Préfecture, lancés dans leur fuite en avant écocidaire et violente, viennent de se heurter à une riposte matérielle inattendue sur le terrain ; et la Justice ne trouve pas matière à sanctionner les zadistes interpellés lors de la dernière évacuation
Ce jeudi 16 décembre au matin, on craignait que les derniers rebondissements d’actualité survenus sur le chantier du L.I.E.N. pèsent en défaveur de trois personnes interpelées et citées à comparaître au Tribunal de Montpellier. Ce procès faisait suite à l’évacuation violente de la Z.A.D. qui gêne l’avancée de ce chantier, le 4 novembre dernier. On reviendra plus loin sur ce volet judiciaire qui s’est conclu de manière très favorable pour ces personnes : deux ont été relaxées purement et simplement, la troisième écopant d’une sanction très en-deça du réquisitoire formulé à son encontre.
Les faits d’actualité étaient ceux ébruités par le Préfet lui-même, par voie de tweet dans la soirée de mercredi. On y apprenait que la nuit précédente, un engin de chantier sur le site du L.I.E.N. avait été la proie des flammes. Et que plusieurs autres (une dizaine, selon cette même source) avaient été détériorés, notamment par l’introduction de cailloux et/ou de terre, dans leurs réservoirs de carburant, a-t-on appris par d’autres publications.
Une action aussi déterminée pouvait paraître inattendue, alors que l’essentiel du mouvement d’opposition s’en tient à des actions classiques non violentes (des marches et rassemblements essentiellement) et la Z.A.D., plus radicale, ne semble pas en mesure d’imposer un rapport de force. Cette remarque englobe le mouvement dans son ensemble. Dans un contexte de victoires sur les luttes d’Oxylane (Saint-Clément-la-Rivière), ou Amazon au Pont du Gard, tandis que les marches pour le climat sont multitudinaires sur la Comédie, on comprend d’ailleurs mal la difficulté de la lutte du L.I.E.N. à devenir un enjeu d’affrontement central sur le Grand Montpellier. Ce même jeudi soir, un grand débat annoncé à la Carmagnole espérait élucider les enseignements à tirer des luttes victorieuses. Le Poing y reviendra très prochainement.
Quant aux actions directes constatées sur le chantier, elles paraissent finalement logiques en seconde analyse. Le département de l’Hérault gagne en fébrilité, son président s’emporte contre la timide rebuffade des élus écologistes de sa coalition social-darmano-delafossienne. Acharné dans son aveuglement écocidaire, ce président Mesquida faisait détruire, voici un an, la Maison de l’Ecologie et des Résistance, implantées sur le trajet de la voie rapide. Un acte de violence unilatérale.
Puis à la rentrée dernière, cette même instance décidait de s’asseoir sur le rapport de la Mission indépendante d’évaluation environnementale, en lançant le chantier par passage en force. En effet, sur la base de cet avis, le Conseil d’État doit trancher, d’ici le printemps sur la validité, ou pas, de la Déclaration d’utilité publique permettant le chantier. Le Département passe outre, sans attendre. Bravo le respect des procédures, même des plus hautes autorités.
La violence était encore au rendez-vous, avec l’évacutation de la ZAD le 4 novembre dernier, pour faire place à la dévastation mécanique des zones boisées. Lacrymos et arrestations à la clé. Inutile de préciser que le Préfet militant jette toutes ses forces de l’ordre dans ce genre de coups. Et son tweet de mercredi recourait à son registre baroudeur pour dénoncer des « vandales », et assurer, martial : « Nous ne cèderons pas ». Sauf que l’immobilisation des engins de chantier atteste de la montée en tension qui a été ainsi déclenchée.
Quant au fond, Préfet et Département sont persuadés d’avoir à en découdre avec une poignée de zadistes, commodes à livrer en pâture à une opinion publique d’automobilistes excédés de rester bloqués dans les bouchons de la Métropole de Delafosse. Manière d’esquiver le fait que c’est la planète, le climat, le vivant, qu’ils se sont désignés pour ennemis. Viendra le jour où le littoral disparu, Palavas ou Lattes submergés, l’agriculture et les populations cramées par les canicules, la ressource en eau épuisée, la forêt incendiée, appelleront une autre gamme d’explications, au bout de leur logique d’aggravation du monde d’avant.
Quant aux terrifiants zadistes, deux avaient été relaxés par la Justice voici une semaine. Trois autres personnes passaient en procès ce jeudi, à la suite des incidents violents provoqués par l’intervention des forces de l’ordre le 4 novembre dernier. Les trois avaient à répondre de trois incriminations : l’occupation illicite de terrains (le propre d’une Z.A.D.), puis l’entrave à des travaux, enfin des violences exercées sur des membres des forces de l’ordre.
Il faut reconnaître au président de cette audience une propension à vouloir établir les faits au plus près. Non sans relever qu’un seul des ouvriers du chantier à été interrogé dans le cadre de la procédure, estimant qu’il n’y a pas eu violence ni menace à son endroit, mais un simple empêchement à continuer son travail, par simple réflexe de sécurité. Le président s’étonne encore qu’aucun des cent (au bas mot) gendarmes engagés n’a témoigné de manière à reconnaître formellement l’un ou l’autre des accusés en train de commettre de supposés délits de violence.
On a affaire à un photographe documentant les faits, lui-même photographié en train de s’inquiéter de l’état de son appareil, visage découvert. L’un de ses co-accusés n’apparaît sur aucun document et a été arrêté à plusieurs centaines de mètres, fuyant les projectiles policiers. Quant à l’occupation illicite, on a bien ri quand un couple de propriétaires a expliqué qu’il ne se portait pas partie civile, ni ne réclamait de dommages, puisqu’il n’y avait matériellement pas lieu. Et le mari de nous confier qu’à quatre-vingts ans il était là pour saisir l’occasion, une première dans sa vie, d’observer le fonctionnement de la Justice.
Etc. En dépit des rêves autoritaires, on en est encore à juger des personnes pour des faits précisément établis, et non des mouvements de luttes ou leurs méthodes de manière globale. Tant et si bien que deux des personnes incriminées ont été purement et simplement relaxées dans la foulée. Seule la troisième a écopé d’une amende de 1500 euros, et encore assortie de sursis, très en-deça des réquisitions du Ministère public. C’était la seule à avoir reconnu un jet de caillou – mais alors il fallait discuter de l’intentionnalité de viser un gendarme ou pas (dans des procès contraires, on sait que les tireurs de LBD ne visent jamais dans les têtes de manifestants qu’ils éborgnent…). Et une exception de difficultés dans son état personnel a pu jouer en sa faveur.
Obstination écocidaire, passage en force, recours à de grands moyens de violence sur le terrain… On constate de quel côté est mise en œuvre une stratégie de la tension. Même l’institution judiciaire ne suit pas bien.
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Le Poing, le 16 décembre 2021 https://lepoing.net/des-engins-de-chantier-du-l-i-e-n-mis-hors-detat-de-nuire-et-des-zadistes-relaxes-au-tribunal/