Ce mardi 9 août 2022 à 7h du matin, l’ancienne usine EIF située au sud des Murs à pêches à Montreuil a été prise d’assaut par une colonne de 11 camions de CRS. En moins d’une heure, la dizaine de familles d’origine roumaine qui vivaient depuis 2016 au 95 rue Pierre de Montreuil, les 25 habitants et la trentaine d’associations, ateliers d’artistes et d’artisanat qui occupaient le numéro 97 depuis 2020 se sont tous retrouvés à la rue à la demande de l’EPFIF, l’établissement public de l’Ile de France. Aucune solution de relogement n’a été proposée à toutes ces personnes en grande précarité. Aucune relocalisation des ateliers de l’association «Garde la pêche Montreuil !» – qui compte près de 2000 adhérents – n’a été envisagée par la Mairie de Montreuil qui s’enferre dans une gestion répressive et destructrice des initiatives sociales et culturelles autonomes à Montreuil. En outre, parmi les principaux soutiens de ce qui était devenu en deux ans un haut lieu de la vie sociale et culturelle montreuilloise, les membres de l’association de riverains Restes Ensemble et la coordination de la Fédération des Murs à Pêches sont extrêmement alarmés par la possibilité qu’un programme de dépollution de cet ancien complexe industriel soit lancé sans que n’aient été prises en compte leurs revendications. Profitant de la torpeur aoutienne, les pouvoirs publics passent en force sur tous les plans en piétinant le droit au logement, l’initiative sociale et culturelle ainsi que la vigilance citoyenne en matière de santé et de protection environnementale.
Ces derniers jours, la rue Pierre de Montreuil est ainsi devenue le théâtre d’une véritable tragédie sociale. Tandis que les Roms se voyaient refuser la possibilité d’obtenir le délai nécessaire au déménagement de l’ensemble de leurs affaires et devaient batailler pour pouvoir récupérer ne serait-ce que des médicaments indispensables, les négociations entre les huissiers, l’entreprise privée de gardiennage et l’association Garde la Pêche ! n’ont permis à cette dernière d’obtenir que 5 jours pour vider les milliers de mètres carrés qu’elle occupait depuis deux ans. Si pour le moment tous les efforts sont concentrés sur la quête de solutions de relogement et le sauvetage du matériel, une grande mobilisation se profile à l’horizon du mois de septembre.
Les militants du droit au logement, des droits des minorités et du droit à vivre dans un environnement sain, les artistes, les fanfares, chorales, batukadas, les métalliers, brasseurs, sculpteurs, menuisiers, les comédiens, les clowns, danseurs, DJs, les cuisines solidaires et toutes celles et ceux qui ont profité de toutes ces activités qui se sont déroulées à EIF ces dernières années n’ont certainement pas dit leur dernier mot ! Même expulsée, l’association est en effet plus déterminée que jamais à aller au bout de la bataille judiciaire et à lutter dans la rue et les médias contre les faux discours et les méthodes autoritaires de l’actuelle équipe municipale dans le contexte actuel de gentrification néolibérale de la ville sous couvert du «Grand Paris».