Depuis de nombreuses années, les populations Maasaï subissent des tentatives d’expropriation de la part du gouvernement tanzanien, pour des raisons toutes plus dégueulasses les unes que les autres.
Tandis que la colonisation capitaliste et industrielle du monde a envahi pratiquement toute la planète, détruisant une importante diversité de modes de vie, anéantissant des territoires entiers par la déforestation et l’appropriation des terres pour des intérêts financiers, l’Etat tanzanien déclare vouloir expropier les populations Maasaï de leurs propres terres, pour « la protection de la faune sauvage », et pour le tourisme… Ça ressemble à une mauvaise blague, mais on est bien en présence de l’incompatibilité entre le discours et la pratique, caractéristique du monde politique.
Pourquoi expulser les Maasaï de leurs terres, au lieu de cibler l’urbanisation industrielle de l’Afrique, qui comme sur les autres continents, est responsable de la destruction des différents écosystèmes, de la disparition de nombreuses espèces animales et de l’ensemble des modes de vie incompatibles avec les désirs des États et du monde capitaliste ?
En 2009, déjà, des milliers de familles avaient été expulsées de Loliondo, une zone proche du parc du Serengeti, pour permettre à une société émiratie, Ortelo Business Corporation (OBC), d’organiser des séjours touristiques de chasse. Le gouvernement a finalement mis fin à cet accord en 2017 après des accusations de corruption, mais ces pratiques n’ont pas réellement cessé…
À l’été 2018, des Maasaï avaient été brutalement attaqués par une patrouille de l’armée tanzanienne alors qu’ils faisaient paître leur bétail à quelques kilomètres du parc national du Serengeti, au nord-est de la Tanzanie. L’objectif: créer un sanctuaire destiné au tourisme.
Selon Anuradha Mittal, « les entreprises touristiques veulent une savane immaculée, le genre d’image qu’on voit dans National Geographic ou à la télévision, la savane avec les lions, les bêtes sauvages… Ils ne veulent pas voir d’êtres humains. Ils nient l’existence de cette population, qui vit pourtant sur cette terre depuis toujours. »
Au fil des années, ce sont des dizaines de milliers de Maasaï qui ont été expulsé·es de leurs terres. Et le processus semble continuer.
En juin dernier, à Loliondo, des affrontements ont opposé des Maasaï aux forces de police tanzaniennes, qui ont tité à balles réelles. Les Maasaï se sont défendu·es avec des arcs et des flèches. Un Maasaï et un policier tanzanien ont été tués lors de ces affrontements. Des dizaines d’arrestations ont eu lieu, plusieurs personnes étant torturées en détention.
Début 2023, on apprend que ces expulsions concernant plus de 20 000 Maasaï ont été effectuées pour « libérer » un vaste territoire destiné à être une réserve de chasse aux mains du prince héritier de l’émirat de Dubaï ! Pour privatiser cette parcelle de Tanzanie, les autorités auraient perçu de l’émirat de Dubaï deux millions de dollars, selon le journal The EastAfrican. Mais alors ? C’est pour protéger la nature ? Ou pour faire du biff ?
[Sources: Courrier International 2022 | RFI 2018 & 2022 | Le Monde 2022 | Amnesty International 2022 | France 2 2023.]