Expulsion de la Casa Nostra, Barcelone, 15/03/05 vision partiale et partagée (par abracad@boum et fistiboy)
La Casa Nostra a été ouverte en janvier 2004 dans le quartier Eixample, près d’Arc de Triomf. Une vingtaine de personnes vivaient là et après un mois de rénovation, un bar, salle de concerts, fêtes de soutien, journées anticarcérales s’y sont organisées durant un an.
La maison est propriété de la plus grosse agence immobilière de Barcelone, Nunez y Navarro. Cette agence s’est déjà fait remarquer lors de l’expulsion magouillée de l’Economato (quartier du centre décembre 2003), un projet de rénovation du quartier de Vallacarca, qui menace plus d’une dizaine de squats… et bien d’autres violences immobilières au travers de sociétés appartenant au holding Nunez y Navarro.
Après avoir refusé plein de sous de la part de Nunez, la justice se mit en marche et fin juin elle rendait son verdict : à expulser. Et voilà après moult combats administratifs la Casa Nostra reçut un ordre d’expulsion pour le 15 février 2005, où la police ne s’est pas présentée, attendue par plus de 100 personnes.
Madame justice réitéra son ordre d’expulsion prévenant cette fois qu’elle ne donnerait pas de dates… Et ce matin [mardi 15 mars 2005] ils sont arrivés, 8 fourgons anti-émeutes plus une voiture plus les flics en civils et les techniciens. Arrivés a 9h, ils ne réussirent à rentrer que vers 13h.
Un beau spectacle depuis la rue où dès 9h30 des amiEs et autres se rassemblèrent, mais aussi des curieux-ses. Parce que, pour celleux qui ne connaissent pas la Casa Nostra, c’était LA maison des barricades. Un château fort genre version métal. Et donc le balai des coups de masses de la police commence, mais en vain.
Après l’attaque frontale, ce fut, plus mesquine l’attaque sur les arrières où ils pénétrèrent sur la terrasse et de là au premier étage. Oui mais une barricade ENORME les attendait dans l’escalier, accompagnée de jets d’huile de vidange.
Penauds, les flics sortirent et ramenèrent un élévateur. Huit héros se préparèrent à s’élever dans les airs, boucliers et flashball pointés vers le ciel. Que nenni, la machine était cassée. Après trois tentatives frustrantes saluées par les « hourra » d’une foule en liesse devant l’impuissance des autorités, ils abandonnèrent. Force quolibets accompagnèrent cette première reculade.
C’est alors qu’apparut un beau camion de pompiers rouge avec une grande échelle. Les solidaires demandèrent aux pompiers s’ils avaient un ordre du juge. Savaient pas les pompiers, alors une vingtaine de personnes bloqua le camion pendant une demi-heure. Les pompiers lassés, demandèrent la permission de s’en aller. Seconde reculade de la police. Nouveaux quolibets.
C’est alors qu’une grue avec nacelle fit son apparition provoquant forces commentaires de la part des spectateureuses tenues à distance par les cordons d’anti-émeutes. On pouvait voir environ 200 personnes, dont 100 badauds curieux-ses apprécier les stratégies vouées à l’échec de la police. A plus de 15m de haut ils ont essayé plusieurs fenêtres mais c’est pas avec leur petit bélier qu’ils pourront rentrer. En bas, les amiEs sont hilares devant la nullité des keufs (d’autant plus qu’on savait ce qu’il y avait derrière ces fenêtres). Apres plusieurs tentatives, ils réussissent enfin à atteindre le toit (pour les connaisseureuses la scène ressemblait assez à cette fameuse vidéo d’expulsion de squat en Hollande où la nacelle tombe et les policiers avec). Mais la haut les attendent… de nouvelles barricades: « chef, chef on fait comment? ». Ils décident de s’acharner à passer par en haut et après une heure s’ouvre enfin un accès.
Pendant ce temps-là, le rassemblement de soutien est à la fois joyeux, moqueur et déterminé. Une journaliste à qui plusieurs personnes avaient demandé de ne pas filmer continue… ça s’énerve et elle se retrouve dépossédée de sa caméra. Les flics chargent mais c’est trop tard la camera vole en éclat. Ils avaient vraiment rien prévu en fait, une énorme poubelle remplie de pierres et de bâtons occupe le coin de la rue.
Le matos est rapidement récupéré ce qui décourage le police de pousser plus loin son avancée. Après ce petit coup de speed les choses se calment… Et vers 14h (heure limite pour les expulsions ici) les occupantEs de la maison sortent un à un sous les hourras de la foule. Après un bref contrôle d’identité, tout le monde est relaché sauf un qui pour cause de problème judiciaire est embarqué (on sait pas exactement les suites pour lui).
Voila, en espérant pas avoir trop fait dans le spectaculaire ce qui vu la situation est pas évident…