Notre-Dame-des-Landes (44): Récit de la manif’-occupation du 7 mai 2011 contre l’aéroport

Publié avec des photos ici:
https://zad.nadir.org/spip.php?article29

7 mai, Notre-Dame-des-Landes. A l’appel du réseau Reclaim the Fields et des occupant-e-s de la ZAD, 1000 personnes des environs de Nantes et des 4 coins de la France et ailleurs, se sont mobilisées pour occuper collectivement une parcelle en friche, la défricher et soutenir un projet d’installation agricole en maraîchage collectif sur ces terres. Cette action s’inscrit dans la dynamique d’occupation de la zone concernée par l’aéroport ; contre les politiques urbanistiques mortifères de Nantes Métropole ; pour la réappropriation des terres agricoles, dont l’accès est de plus en plus difficile du fait de la bétonisation, la spéculation foncière et les politiques d’agrandissement des exploitations.

Dès le petit matin, c’est quelques centaines de personnes qui chargent une remorque aux Planchettes, au cœur de la ZAD. PQ, fûts de bière, brouettes, infokiosque, banderoles… les outils resteront à l’épaule pour se rendre ensemble au point de rendez vous. C’est ainsi qu’un premier cortège traverse un bout de la ZAD. Au loin ça pagaille chez les gendarmes mobiles planqués dans un chemin : demi tour, marche arrière, marche avant… après ce petit manège qui semble bien manquer d’organisation, ils prennent la fuite. Ils n’avaient pas l’air de vouloir nous voir de trop près.

10 h, arrivée à l’heure à La Paquelais. Après 30 minutes d’attente un cortège d’environ 800 personnes et 5 tracteurs se dirigent vers la ZAD, pour se rendre sur la parcelle à défricher. Bêches, fourches, crocs, croissants, hallebardes, faux, machettes… les outils sont portés hauts. « On dirait qu’on va prendre la bastille ! » s’emballe un ancien du coin, sourire aux lèvres. « En avant pour la jacquerie » s’écrie une autre. Pas de slogans fédérateurs, mais un défilé parsemé de petits groupes tous aussi imaginatifs les uns que les autres, emportés par une batucada. Chansons, slogans braillards, sono cyclo-portée… l’ambiance est chaleureuse et souriante.

Arrivée sur la parcelle, une première prise de parole a lieu : trop de monde, pas assez de watts, tout le monde n’en profite pas, mais la foule est enthousiaste. Un tracteur ouvre alors la friche et les défricheur-euse-s entrent en scène. Dans le même, temps, le bar est monté, la bière refroidi, la logistique pour la journée se met en place et les gosiers s’irriguent. Coté champ, après 1 heure de boulot, la friche est déjà bien éclaircie. Les accordéons sont sortis et une piste de danse s’improvise. Ça défriche à tout va, peu de doigts coupés au regard de l’énergie mise. Les défricheur-euse-s en oublieraient de manger !

En milieu d’aprem’, une petite sono est montée dans la parcelle, pour des prises de paroles : divers groupes de lutte contre l’aéroport de Notre-Dame; mais aussi des collectifs d’ailleurs en lutte contre l’aménagement du territoire (lutte contre une ligne haute tension en Catalogne, contre l’extension de l’aéroport d’Heathrow) ; et encore des témoignages de luttes passées et victorieuses de la région (contre les projets de centrales nucléaires du Carnet et du Pellerin). Après ces prises de paroles, des rendez-vous pour diverses manifestations et actions sont donnés pour les mois à venir, à Notre-Dame et ailleurs. Des groupes se retrouvent pour parler plus longuement autour de diverses problématiques : gentrification du rural, lutte contre la MAT, mémoire de luttes…

Le défrichage se poursuit tout l’aprem’ et jusqu’à la nuit : une dizaine de tas de ronces de plusieurs mètres de haut parsèment le terrain. Mission accomplie. Reste encore à abattre quelques arbres et à préparer la terre, mais d’ores et déjà un travail impressionnant a été abattu. L’activité maraîchère pourra bientôt commencer !

La journée se termine par une soirée de concerts, de fête, de rencontres, jusqu’à tard dans la nuit. Dimanche, réveil difficile mais des chantiers collectifs s’organisent, ainsi qu’une discussion sur la tenue d’un éventuel camp cet été sur la ZAD.

Cette action était la première occupation massive sur la zone concernée par l’aéroport. L’enthousiasme général laisse augurer de nouvelles actions de ce type. Dans le même temps, l’occupation de la ZAD se poursuit : d’autres installations sont d’ores et déjà en cours. Nous ne nous laisserons pas expulser !

zadist