Près de Lyon : Appel à soutien au fort occupé de Vancia

Communiqué du fort occupé de Vancia

Il n’y avait pas grand monde autour du feu ce soir-là. La plupart des gens tentaient de se réchauffer dans les bus aménagés en sleeping ou dans les caravanes prêtées par les potes Rroms. Cela faisait quelques semaines déjà que les ex-habitant.e.s campaient sous les murs désormais silencieux de la friche RVI, essayant de s’organiser entre les rondes de flics et l’odeur d’incendie tenace. Un dernier carré de vaillant.e.s grelottaient devant le braséro, théorisant à n’en plus pouvoir sur un avenir improbable pendant qu’un cubi de mauvais rouge faisait le tour de l’assemblée.

Il fallait tout de même trouver une solution : après un été de mobilisation quand la pression a commencé à monter, un tribunal qui donne 6 mois de délais avant l’expulsion, et un incendie en plein concert des Binamé, avec tellement de coïncidences troublantes qu’il ferait suffoquer le plus blasé des complotistes, ça fait beaucoup pour une petite bande de squatteureuses qui n’en demandait pas tant.

 

Alors, on fait chauffer les neurones à défaut des corps, et évidemment on ne fait pas dans la dentelle : une caserne abandonnée en plein centre-ville de Lyon, oui, accepté, même si ça sent le casse-pipe. Et un plan B ?

 

On nous avait parlé d’un lieu en périphérie, un fort paraît-il. Ah oui ? Un fort ? Les premiers repérages sur les photos satellite ne donnèrent rien. Rien. À part un morceau de forêt entouré de douves. Ha oui ? Une forêt qui pousse sur les toits ? C’est pas commun et ça mérite qu’on voit ça de plus près… Il n’a pas fallu longtemps pour découvrir un site de 176’000 mètres carrés, des bâtiments datant de la fin du XIXe siècle, une source, des galeries creusées dans la roche et un accès limité à un pont et une porte blindée. De se dire que c’était complètement irréaliste, et que ça serait trop bête de ne pas essayer.

Deux mois plus tard, le printemps bourgeonne partout sur les chemins de Vancia. Le GIPN n’est pas venu le jour de l’ouverture, pas plus que l’armée de terre, la BAC, et Interpol, d’ailleurs nous ne nous excusons absolument pas d’avoir interrompu leurs entraînements sur place, et nous aimerions bien leur renvoyer les résidus de leurs passages en travers de la gueule, tant c’est malsain de voir des chatons jouer avec des balles de flashball.

Le fort renaît donc doucement, le matériel arraché aux cendres de RVI meuble les grandes salles où doivent surement errer quelques fantômes d’une guerre ou d’une autre. Les activités se mettent doucement en place : une bibliothèque, un potager, une taverne, des fours à pains d’époque remis en marche, des salles de ciné, danse, gym, friperie, mécanique, un atelier sérigraphie et une salle de concert en chantier, des milliers de projets dans les têtes.

Des voisin.e.s comme des oufs qu’on puisse faire un truc pareil, des papy-mamies qui viennent serrer la pogne et boire des tisanes en racontant le temps où le fort était ouvert à la population, où les familles les plus pauvres venaient y vivre, le temps où les riverains se rencontraient et festoyaient sous les tilleuls.

Sauf que.

Après quelques intimidations policières bien maladroites et un premier procès raté où le syndicat de communes propriétaire s’est purement et simplement gouré de juridiction, le Justicier des Référés nous donne jusqu’au 5 mai pour quitter le site. C’est pas cher payé pour avoir joué la carte institutionnelle.

Ce lieu, nous nous y sentons chez nous, nous y avons projeté nos rêves et nos rages, et nous voulons maintenant le faire partager, ouvrir les portes aux ami.e.s de partout.

Et des ami.e.s nous en avons beaucoup ces temps-ci. De toutes celles et ceux qui croient aux vertus des portes ouvertes sur des maisons à faire revivre, du jardinage collectif et de la confection d’infokiosques. Les passioné.e.s de poubelles de supermarchés bio ou de réalisation de zine. Les acharné.e.s de la réunion-fleuve ou de la sociologie de combat.

Un mois pour faire beaucoup de bruit, se rencontrer, se coordonner avec les luttes du moment, construire, s’approprier encore plus les lieux, jouer ensemble bien sur, faire la fête évidemment, produire une effervescence que ceux-d’en-face ne pourrons plus ignorer, juste détourner les yeux et retourner dans leur cocon, loin de la fureur du monde.

Ceci n’est pas un exercice.

En pratique :

Ceci est un appel à peupler le fort de Vancia de nos pratiques et de nos motivations. Les idées d’atelier et d’actions diverses sont vivement recommandées, les apports en matos et connaissances fortement incitées.

Pour l’accueil et l’hébergement, les sleepings sont en place et on ne manque pas de couvertures. Bien sûr, on peut planter tentes et tout autres types de constructions sur place… Pas de souci de ce côté-là donc, mais ramène quand même ton duvet, on ne sait jamais…

Pour la bouffe, les supermarchés du coin sont généreux sur la récupe, des tournées motorisées s’organisent dans les bleds autour.

Attention, les véhicules les plus hauts ne rentrent pas dans le fort, et il y a peu d’espace pour se garer à l’intérieur mais il y a un grand parking tranquille juste devant…

Pour venir de Lyon:

— Bus 59 direction Vancia depuis Part-Dieu ou Charpennes, arrêt Vancia-le-Bas ;

— Prendre le périph nord direction Paris-Bourg-Genève, rocade Est direction Genève, direction Rillieux-Sathonay / sortie no 4 Rilleux, rond point Vancia – rond point direction Chantemerle – rond point direction Sathonay village, 100 mètres au panneau de sortie première à droite sur l’allée de platanes.

Nous contacter :

— Blog : http://www.lafrichevancia.blogspot.com/

— Courriel : lafrichefrichevancia [at] gmail [point] com

— Fort de Vancia, route de Sathonay village, hameau de Vancia 69140 Rilleux-la-Pape.

Le Fort Vancia, samedi 16 avril